dimanche 22 juin 2008

Le Royaume interdit

Jackie Chan et Jet Li dans un même film, cela faisait au moins vingt ans que les fans (et les autres) attendaient cela. Depuis cinq ans, les deux acteurs ont cherché à travailler ensemble. On pensait que cela n’arriverait plus et voici ce Royaume interdit réalisé par l’homme qui a commis les deux Little Stuart et d’autres comédies familiales pas franchement inventives.

Jet Li et Jackie Chan mettront quarante bonnes minutes à se rencontrer mais ils ne se sépareront plus jusqu’à la fin du film. Comme il se doit, cette rencontre se fait sur un combat entre les deux hommes, combat réglé par Yuen Woo-ping qui se contente de la routine. C’est une imitation de ce qui se fait en ce moment dans le film d’art martial : beaucoup de numérique et de moins en moins de câbles. La caméra virevolte autour des acteurs. C’est elle qui chorégraphie et non plus les jambes et les bras. C’est aussi peu gracile que dans les derniers films de Zhang Yimou.

Le personnage principal est un adolescent américain passionné de wu xia pian et de films de kung-fu. Sur son mur, il y a une affiche de Bruce Lee et d’autres films, sur sa télé on peut apercevoir que passe The Monkey goes West de Ho Meng-hua. Bref, notre ado est très versé dans l’Asie Vision. D’ailleurs le film commence par une séquence de rêve avec Jet Li dans le rôle du Roi Singe. Un Jet Li en costumes et maquillé. Ça continue bien avec un générique illustré par des affiches de célèbres de la Shaw Brothers. Et après le film commence et là ça se gâte sérieusement.

Notre jeune héros va dans un magasin tenu par un vieillard. C’est Jackie Chan atrocement grimé. Une bande de jeunes loubards vient voler la caisse de notre honorable commerçant et lui tire dessus au pistolet. Jackie Chan remet au garçon un bâton lui demandant de le rendre à son propriétaire. Le jeune atterrit dans une Chine (où le film a été entièrement tourné) de légende, celle du wu xia pian.

Il y retrouve un drunken master qui va lui apprendre les rudiments du kung-fu et devenir son sifu. Ce maître du combat ivre est bien sûr Jackie Chan qui se joue à nouveau un personnage qu’il a interprété il y a trente ans. Bonjour la modernité du scénario. Une fois la présentation des méchants, c’est-à-dire un roi aux diaboliques pouvoirs magiques et une sorcière aux longs cheveux blancs (mais n’est pas Brigitte Lin n’importe quelle actrice), Jet Li arrive dans le récit en moine. Au bout de quelques combats et de nombreux artefacts, on comprendra que ce moine est le propriétaire du bâton et qu’il est aussi le Roi Singe qui va nous débarrasser du méchant.

Rob Minkoff filme son film comme on lui a demandé de le faire : à grand renfort d’effets spéciaux qui enlève toute poésie. Comme Les Orphelins de Huang Shi, Le Royaume interdit est une commande de la Chine pour exporter, en l’occidentalisant à outrance du point de vue des rapports humains, l’imaginaire chinois. Il suffit d’espérer qu’un vrai créateur offrira un jour à Jackie Chan et Jet Li une vraie rencontre. D’ici à ce que Le Royaume interdit sorte (le film devait sortir cette semaine et sera visible dans trois mois), il faudra se farcir le nouveau Rob Cohen, soir La Momie 3 où Jet Li sera la méchante momie d’une armée de soldats de terre cuite. Mais pour l’instant, ce film est bête, laid et inutile.

Le Royaume interdit (The Forbidden kingdom, Etats-Unis – Chine, 2008) Un film de Rob Minkoff avec Jackie Chan et Jet Li.

Aucun commentaire: