mercredi 28 juillet 2010

Fire of conscience


Dante Lam offre avec Fire of conscience l’une des plus belles scènes d’ouverture filmé dans un polar depuis celle d’Overheard d’Alan Mak et Felix Chong. En caméra subjective, en noir et blanc, comme un plan séquence, différentes scènes défilent. Comme figés, les personnes sur l’image sont engagés dans des moments violents qui annoncent sur le mode du flash-back le début du récit. Dans le métro, des flics se font tirer dessus à bout portant par un homme qui porte une casquette. Une réunion au sommet à lieu à la Police pour montrer toute la drogue qu’ils ont démantelé d’un trafic. Une femme nue est au lit avec un homme. Dans un bar, un homme vole un portable. Dans la rue, l’inspecteur Kee (Richie Ren) va à son rendez-vous. La musique appuie le suspense.


Enfin, tout passe à la couleur. Des couleurs très vives qui contrastent avec le noir et blanc patiné. Et tout va très vite. Celui qui avait volé le portable s’enfuit du restaurant. Immédiatement poursuivi par le flic qui vient d’être dérobé. Kee s’engage dans la course. La caméra est débridée. Un camion surgit et renverse l’autre flic qui dit à Kee ce qu’il lui est arrivé. Cette ouverture est un morceau de bravoure d’une grande force qui amène les premiers éléments de Fire of conscience sans qu’on ne le comprenne tout à fait. Mais, tout est donné dès les cinq premières minutes. Dante Lam maîtrise son film avec brio.


Il faut maintenant présenter Manfred (Leon Lai), un flic qui sera l’opposé de Kee. Ce dernier poste un costume cravate, de jolies lunettes, a une femme superbe. Manfred porte une barbe mal taillée, s’habille avec les premières fringues qu’il trouve et semble vivre dans sa voiture. Il cherche encore le meurtrier de sa femme. Il est toujours flanqué de Cheung-on (Liu Kai-chi), un flic nerveux que l’on découvre complètement saoul. Les deux hommes que tout oppose vont devoir travailler ensemble. D’abord, pour retrouver le portable volé et ensuite pour résoudre une histoire de trafic de drogue. Les indices s’accumulent et surtout une évidence. Kee semble impliqué dans ce trafic puisque régulièrement les flics sont pris de court quand ils planquent.


Après quelques moments plus classiques, Dante Lam met en scène dans un restaurant une séquence magnifique où des armes doivent être vendues. Le port d’armes à feu est interdit à Hong Kong, de cela découle un grand trafic. Tous les personnages sont dans la pièce. Le tueur au chapeau, Manfred et une de ses collègues, un Chinois venu faire l’appât et les hommes de Kee. Les trafiquants d’armes arrivent. Tout devient une question de regard, de cachette. Ne pas se faire voir mais bien tout observer. Ne pas se faire remarquer mais agir au bon moment. Les téléphones sonnent. On avertit les malfrats de la présence des flics. La caméra tourne autour des personnages, la musique s’intensifie jusqu’à l’action et à un gunfight d’une très grande tenue. Une séquence d’anthologie.


Seulement voilà, des séquences comme celle-ci, il n’y en a finalement peu. Le vrai souci avec Fire of conscience demeure l’application avec laquelle Dante Lam développe la psychologie des personnages. Et le film en regorge. Chacun a ses raisons, ses motivations et cela devient parfois confus et convenu. Les acteurs sont pourtant admirablement dirigés mais le cinéaste décide de prendre la voie inverse de celle de Johnnie To (aucune psychologie, des personnages miroirs du spectateur) ou Andrew Lau (des personnages archétypaux mais peu nombreux). Le final montrera l’affrontement entre Kee et Manfred au milieu de la Fête du Dragon. Le film reprend un peu du poil de la bête.


Fire of conscience (火龍, Hong Kong, 2010) Un film de Dante Lam avec Leon Lai, Richie Ren, Wang Baoqiang, Vivian Hsu, Liu Kai-chi, Michelle Ye, Wilfred Lau, Charles Ying, Vanessa Yeung, Chen Kuan-tai, Tang Yan, Tan Kai, Yue Xiaojun.

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