mardi 26 octobre 2010

Le Protégé de Madame Qing


Dans la première génération des cinéastes indépendants chinois qui comptait Jia Zhangke et Wang Chao, Liu Bingjian était l’un des plus fragiles. Auteur d’une poignée de films dont Les Larmes de Madame Wang, Liu n’a jamais réussi percer contrairement à ses camarades. Qui plus est, Le Protégé de Madame Qing parle d’homosexualité, sujet peu commun en Chine. Le film a été tourné clandestinement dans un nombre très restreint de décors : le magasin de vêtement de Madame Qing, son appartement puis l’appartement de l’amant de Xiao Bo (Yu Bo).

Xiao Bo arrive donc un jour d’hiver dans le magasin de Qing (Yang Qing) qui tente tant bien que mal de vendre un pull au prix indiqué, alors qu’une femme veut marchander. Dès le départ, Liu montre un pays qui vit chichement. Qing embauche Xiao Bo, va le loger, là aussi dans un appartement minuscule. Sa chambre a la taille d’un pauvre couloir et il dort sur un petit lit pliant inconfortable. Mais Xiao Bo est accueilli comme un fils par Qing et son mari Kang (Zhang Kang).

Xiao Bo reste très timide. Son premier repas à l’appartement se fait de manière forcée. Qing doit presque lui donner la becquée. Le mari doit presque lui faire boire la bière. Xiao Bo ne dit pas grand-chose mais Kang lui demande s’il a une petite amie. Ce qui n’est pas le cas. Qing se met donc en tête de lui trouver une fiancée. Elle pense à une de ses amies, Meng (Yu Mengjie), jeune femme bien sous tous rapports mais qui, évidemment, ne va pas intéresser Xiao Bo. Au bout de quelques rendez-vous où ils ne se disent que quelques banalités, Meng fait part de ses soupçons à Qing concernant le goût sexuel de Xiao Bo.

Dès lors, le couple va voir le jeune homme sous un œil différent. Kang va franchement devenir désagréable. Xiao Bo aimait passer du temps avec lui laissant soupçonner un attrait certain pour lui. Mais un soir après que Xiao Bo aie fait des pompes torse nu dans la cuisine, Kang le plaque alors sur le canapé et feint de vouloir le violer. Xiao Bo prend ce qu’il peut comme affaires et s’enfuit. Une vie de vagabond va commencer pour lui.

Le Protégé de Madame Qing avait commencé avec Gui Gui (Cui Zien, scénariste du film et réalisateur encore plus fauché que Liu) qui animait une émission de radio où il vantait les mérites des toilettes publiques. Les hasards des lieux de drague vont faire se rencontrer les deux hommes. Là, un drame amoureux va se nouer entre Cui Cui (Meng Hao), jeune homme aux cheveux longs, Gui Gui et Xiao Bo. Le film va montrer, non sans quelques maladresses, que la vie chez les homos chinois n’est pas plus simple que chez les hétéros.

La jalousie va prendre le pas sur l’amitié, notamment parce que Xiao Bo est un beau gars bien bâti. Cui Cui va le préférer à Gui Gui qui fait un peu folle et qui demande beaucoup à ses deux amis pour sa passion pour les toilettes publiques. Mais ce que dit clairement Liu Bingjian dans ses métaphores, c’est l’ostracisassions des homosexuels en Chine, leur mise au ban de la société qui n’a pas évolué d’un iota. Le Protégé de Madame Qing était l’un des tous premiers films sur l’homosexualité en Chine. Il n’y en a pas eu beaucoup d’autres depuis.

Le Protégé de Madame Qing (Men and women, 男男女女, Chine, 1999) Un film de Liu Bingjian avec Yang Qing, Yu Bo, Wei Jiangang, Meng Hao, Cui Zien, Zhang Kang, Yu Mengjie.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

merci de parler de se film rare et pertinent , qui m'avait bouleverser et fasciner . pour moi il s'agit d'un film intelligent et simple , sur la condition humaine , avec des moment d'une aura poétique que je retrouve rarement ailleurs que dans le cinéma asiatique ( il me semble ).

salutations ,

douzirec