Les amateurs de bodybuilding seront satisfaits tant Operation Scorpio semble conçu pour eux. Shu (Chin Kar-lok) rêve de devenir comme les élèves de Bull (Frankie Chan) qu’il rencontre une nuit où il est poursuivi par les hommes de Wang (Victor Hon), un mafieux qui élimine, avec l’appui de la police, tous ceux qui se mettent en travers de son chemin. Plus encore, c’est Sonny (l’acteur coréen Kim Won-jin), invincible et violent qui est le premier à défendre son cher père.
Shu n’est pas en mesure de se battre, c’est un gringalet. Il est étudiant et il passe son temps à dessiner des bandes dessinées dans lesquelles des super héros vivent des aventures où ils vengent la veuve et l’orphelin. La scène d’ouverture d’Operation Scorpio est justement sur une de ces aventures où Shu tient le premier rôle de ce personnage de redresseur de torts qui vainc tous ses adversaires. Pure imagination. Mais l’enjeu du film sera de faire en sorte que Sonny et Shu s’affrontent et que l’un des deux sorte vainqueur.
Pour arriver à cette fin classique, Shu va passer par la case « jeune fille », en l’occurrence Jade (May Lo), une jeune bonne au service de Wang, grand amateur de la gent féminine. Tellement amateur qu’il s’en fait livrer un grand nombre pour en faire des prostituées grâce à un système de prêt contractés par les pères à des taux exorbitants. La famille ne peut rembourser la dette sauf en acceptant que leurs filles soient louées. Le film n’est pas un pamphlet pour la libération de la femme, d’ailleurs hormis Jade, il n’y pas d’autre personnage féminin.
Shu et Jade doivent s’enfuir au grand dam du père de Shu qui houspille son rejeton. Ils vont trouver refuge che Yi (Liu Chia-liang) qui tient un restaurant. Shu apprendra à cuisiner les nouilles, ce qui n’est pas aussi simple qu’il l’aurait cru : soulever les lourds et brûlants woks, les manier avec adresse pour faire sauter les ingrédients. Shu cuisine toute la journée ce qui constitue un entrainement de premier ordre, mais dont il n’est pas conscient. Il ne sait pas que maître Yi est un expert en kung-fu. Moi si, j’ai reconnu Liu Chia-liang.
Dans le même temps, Shu s’est inscrit à l’école de Bull. Il faut dire que voir ces acteurs bodybuildé, en petits shorts et débardeurs blancs, à qui des vestales européennes apportent de la viande à manger (un secret de force selon Bull qui regrette que les Chinois ne mangent que du riz), a quelque chose de très comique puisqu’on est dans le kitsch. Le décorateur a eu le bon goût de placer un statue d’athlète grec nu au milieu du jardin. Mais tout cela est un comique involontaire.
Operation Scorpio se déroule au début du 20ème siècle et fait se confronter deux civilisations, l’orientale et l’occidentale. Chacune apporte ses valeurs mais celles de Yi, qui entend défendre la tradition familiale, la loyauté et le travail apparaissent plus fécondes que celles des gros muscles ridiculisés par une imagerie moqueuse. Quand Shu devra se battre une dernière fois contre Sonny, ce sont les leçons de Yi qui lui permettront de gagner. Le clou du combat consiste à voir Sonny pratiquer le kung-fu du scorpion et Shu celui de l’anguille. Le film se termine donc sur un éclat de rire devant cette séquence gentiment grotesque.
Operation Scorpio (蠍子戰士, Hong Kong, 1992) Un film de David Lai avec Chin Kar-lok, Liu Chia-liang, May Lo, Kim Won-jin, Wu Fung, Victor Hon, David Lo, Frankie Chan, Yuen Shun-yi, Tiffany Lau, Lawrence Lau.
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