Quand
le patriarche de la famille s’apprête à mourir, toute la parentèle est présente
pour connaitre le nom de l’héritier, attentive aux derniers mots du moribond.
Son frère (Lau Kau) à son chevet entend bien faire respecter son
testament : que sa fille Fei-fei hérite de toute sa fortune. Mais il faut
la retrouver, personne ne sait où elle se trouve depuis qu’elle est partie
étudier en France. Le but du jeu de When
fortune smiles est de piquer l’héritage avant elle et tous les coups sont
bons.
Le
neveu du défunt, Lung (Shing Fui-on) aurait bien aimé profiter de l’héritage
mais son père n’est pas d’accord. En secret, il va engager un jeune cambrioleur
Vincent (Stephen Chow) pour s’introduire chez lui et dérober le testament. Il
sera aidé par le détective privé Wong (Anthony Chan, le réalisateur du film),
grand gars effilé à lunettes franchement pas adroit de ses mains : dans
l’un des gags du film, on le retrouve la tête dans la cuvette des WC, histoire
de bien montrer quel genre d’humour le film privilégie. Le style de Stephen
Chow est ici à l’état brut. Dans une longue scène face à Lung, son personnage
doit essayer de le faire rire. S’il réussit, il aura la vie sauve. C’est
l’occasion pour l’acteur de faire de nombreuses mimiques et de tordre son corps
burlesque dans tous les sens. En revanche, quand l’humour se fait scatologique,
il devient paradoxalement plus fin. Vincent est en prison et doit se taire mais
Stephen Chow mime son envie d’aller aux WC à quelqu’un qui ne comprend rien.
Face
à Lung, le fils du patriarche, Wei (Anthony Wong) n’entend pas se laisser voler
le magot par une sœur disparue depuis des années. Wei est un fou furieux, ultra
violent, un personnage qu’Anthony Wong joue sans aucune retenue. Son idée est
de trouver un sosie qui sera incarné par la mendiante Feng (Sandra Ng), une
obsédée des cannettes de soda qu’elle écrase d’un bon coup de pied pour mieux
ensuite les revendre. Feng se fera passer pour Fei-fei. Wei, pour la première
rencontre avec l’oncle et Lung, lui donne un émetteur dans l’oreille et lui
dicte son dialogue. Très vite, elle perd son oreillette et doit improviser.
Pour corser le tout, elle rencontre Vincent qui est justement venu ce soir-là
voler les dernières volontés. Ils se rendent vite compte qu’ils sont dans la
même galère. Il se déguisera en servante (gags un peu misogynes) et elle
l’aidera à s’en sortir dans une série de quiproquos.
Le
reste du film développe ce simulacre où les deux personnages jouent eux-mêmes
deux personnages qui vont, forcément, tomber amoureux l’un de l’autre. C’est la
règle du jeu. Le sujet du film, l’héritage et ses contraintes, les rancœurs des
spoliés et les cœurs purs des deux fantoches, était un thème largement
développé par Wong Jing (Perfect girls
ou Prince charming)
mais surtout très normatif. Anthony Chan, spécialiste de la comédie du mariage,
comprend assez vite que l’attraction majeure de son film est Stephen Chow.
Alors qu’il commençait en duo comique, son propre personnage s’efface
progressivement. Je retiendrai deux autres gags en dehors de ceux déjà évoqués
(celui sur le mime du caca étant le meilleur du film) : dans le premier
Stephen Chow fait de la boxe en imitant le cri de Bruce Lee, le match est
arrangé, il défonce tout le monde puis devient le punching-ball humain d’un
adversaire ignorant l’arrangement. Dans cette scène, ses changements de regard,
d’abord arrogant puis angoissé, donnent déjà l’étendue du pouvoir comique de
son visage. L’autre gag est typiquement visuel : c’est un combat en
cuisine avec des poêles comme armes : la taille des ustensiles augmentent
au fur et à mesure du combat : là, c’est l’esprit non-sensique qui
officie.
When
fortune smiles (無敵幸運星,
Hong Kong, 1990) Un film d’Anthony
Chan avec Stephen Chow, Sandra Ng, Anthony Chan, Anthony Wong, Cutie Mui, Shing
Fui-on, Lam Kau, Hui Ying-sau, Mai Kei, Billy Chow, Stuart Ong, Sai Gwa-pau,
Billy Ching, Lui Tat, Gam Lau.
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