Ah,
Paris, ses monuments historiques, ses musées, ses tableaux de maître. C’est
justement une toile de Modigliani que Joe (Chow Yun-fat) repère, accrochée sur
un mur avant qu’elle ne soit expédiée pour un autre musée. Puis, Cherie (Cherie
Chung) pose du parfum sur la caisse qui contient le tableau. Ça aidera Joe à le
sentir dans le camion qu’il va attaquer avec Jim (Leslie Cheung) sur la route
qui les mène à Nice. Joe ouvrira la porte en grimpant sur le véhicule, Jim
sautera de sa moto pour ouvrir une brèche et faire passer la toile.
La
technique des deux frères et de leur amie semble parfaitement rodée et John Woo
la filme comme une blague, dans un mélange de comédie et de film d’action en
mode cool. Joe et Cherie sont dans leur voiture décapotable, feignant la
romance devant le conducteur du camion et les vigiles qui le surveillent. Jim
est sur une moto qui les suit de lui. On ne sait pas encore si les deux hommes
sont alliés ou concurrents. La séquence d’ouverture des Associés donne le ton léger qui va prévaloir dans la première
moitié du film.
Une
fois à Nice et Cannes, comme dans La
Main au collet d’Alfred Hitchcock autre histoire de voleurs de peintures,
le trio se promène en voiture dans la ville, sourit sous le soleil de la
Méditerranée et s’apprête à réaliser un nouveau vol dans un château de
l’arrière pays. Une nouvelle fois, le cinéaste filme avec décontraction le
casse, en y ajoutant quelques acrobaties que Jim et Joe effectuent pour
échapper aux divers pièges et alarmes installés dans le château. Ils avaient
prévu que ce soit leur dernier coup.
Le
ton léger va laisser la place à une ambiance plus sombre. Ils sont pris dans un
piège fatal. Les deux frères sont pourchassés par des hommes en arme et tout se
termine dans un port, après une longue course poursuite mise en place par notre
Rémy Julienne national, avec de nombreuses cascades de voitures et l’explosion
d’un bateau. Joe meurt dans l’incendie. Jim et Cherie rentrent à Hong Kong,
meurtris par le décès de Joe. Ils veulent vivre désormais une vie normale en
restant discrets.
On
se doute bien qu’au bout d’une heure de film, on ne va faire disparaitre Chow
Yun-fat comme ça. Car, il n’était pas mort mais revient dans un fauteuil
roulant. Seules ses jambes sont devenues invalides. Joe retrouve Jim et Cherie
tombée enceinte. Dans la première partie, la jeune femme sortait avec Joe,
homme fantasque et blagueur, dans la deuxième elle sort avec Jim, plus
introverti. Les Associés rendent un
hommage plutôt appuyé à Jule et Jim
de François Truffaut.
L’heure
de la revanche a sonné pour le trio reconstitué. Ils se rappellent comment ils
sont devenus voleurs à cause du père des deux garçons, Chow (Kenneth Tsang),
voleur lui-même et homme violent qui leur a appris les ficelles du métier. Ils
se rappellent que leur rédemption est venue grâce à Chu (Paul Chu), policier
qui les a aidés. Ils vont désormais rendre la monnaie de sa pièce à ce père
ingrat qui est responsable du handicap de Joe. Chu va continuer à les aider en
leur faisant confiance.
Le
caractère mineur des Associés tourné
entre deux films plus forts de John Woo (Une
balle dans la tête et A toute épreuve)
n’est pas à mettre au compte de la décontraction et des invraisemblances du
scénario, qui sont de toute façon dans les autres films cités. Si le film est
moins bon, c’est parce que le cinéaste semble ne pas savoir quel ton choisir,
allant, au milieu d’une scène de gunfight
en fin de film, s’engager dans le burlesque à la Jackie Chan, faisant faire des
pirouettes à Chow Yun-fat. Le film a été suivi par une série médiocre à
l’arrivée de John Woo à Hollywood.
Les
Associés (Once a thief, 縱橫四海, Hong Kong, 1991) Un film de John
Woo avec Chow Yun-fat, Leslie Cheung, Cherie Chung, Kenneth Tsang, Paul Chu, Wu
Fuung, Pierre Yve Burton.