La
capitalisation du passé glorieux de Jackie Chan passe par la reformulation de
ses franchises les plus connues. Après Chinese zodiac,
aventure plutôt amusante de son personnage d’archéologue, le revoilà dans le
rôle du policier honnête, loyal et droit dans Police story 2013. La dernière fois que la star avait tenu ce rôle,
c’était avec New police
story, tentative inaboutie d’adouber une nouvelle génération d’acteurs
de Hong Kong (Sammo Hung a fait la même chose dans Dragon
squad). Dix ans plus tard, d’ailleurs, ces acteurs n’ont pas vraiment
percé.
Le
premier plan de Police story 2013
montre Zhong Wen (Jackie Chan), visage fermé portant un révolver contre sa
tempe et tirant. Le ton est immédiatement donné : on n’est pas là pour
rigoler et, effectivement, Jackie Chan ne va pas desserrer les mâchoires
pendant les 110 minutes de cette très longue histoire de vengeance que Wu (Liu
Ye) a fomentée. Mais se venger de quoi ? Suspense. Pour attirer le papa,
Wu a réussi à devenir ami avec Miao (Jiang Tian), la fille de Zhong. Ils se
sont donnés rendez-vous au Wu Bar, boite de nuit à la mode décrite comme une
porte de l’enfer.
Le
film, une fois Zhong enfermé et menotté sur sa chaise par Wu, se contente
d’être un long face à face entre les deux personnages où ils discutent dans de
longs tunnels de dialogues. Ces dialogues amènent de courts flash-backs où on
découvre la dure vie de policier qu’a eu Zhong. Poursuites en voiture pour
sauver une petite fille kidnappée, sauvetage d’un homme qui menace de se
suicider. L’homme est héroïque, cela va de soi, mais il est surtout courageux
et téméraire. Sa propre vie, comme les deux scènes le montrent, est moins
importante que celle des gens qu’il doit sauver.
C’est
justement ce que lui reproche sa fille qu’il était venu rencontrer dans le bar.
Leur rencontre après des années sans se voir tourne au vinaigre. Elle lui
balance ses quatre vérités sur ses nombreuses absences. Mais dès qu’elle se
rend compte que Wu a tendu un piège à son père et qu’il peut sauver tout le
monde (les autres clients sont aussi des otages), elle doit bien admettre que
son père avait raison d’avoir agi ainsi. Zhong parvient à se libérer de ses
liens et va, avec l’aide de la police, à libérer tous les clients de la boite.
Héroïque, on vous dit.
Celui
qui n’est pas héroïque est Wu montré comme une bête immonde, froide et cruelle.
Première étape de la démonstration : dans sa discothèque, il a un aquarium
remplis de piranhas qu’il nourrit avec de la viande comme s’ils étaient des
animaux domestiques. Poursuite de la démonstration : le passé de Wu. Il a
été jadis un combattant de boxe thaïe. Surnommé le « serpent », il
terrassait ses adversaires. Fin de la démonstration : on découvrira par
étape en quoi consiste sa sournoise vengeance contre Zhong, avec des
révélations à gogo.
Sans
aucune once d’humour, Police story 2013
est visuellement indigent avec une caméra portée à l’épaule et un montage ultra
rapide qui ne parvient pas à masquer les nombreuses invraisemblances d’un
scénario étiré au-delà du nécessaire. Pour corser le récit, le film montre également
des scènes telles qu’elles auraient pu se dérouler, créant de faux
rebondissements avant de retourner au récit normal et balisé. Quant aux scènes
d’action, elles sont terriblement ennuyeuses jouant la surenchère violente
comme si Jackie Chan voulait démontrer qu’il a encore la main.
Police
story 2013 (警察故事2013, Hong Kong – Chine, 2013) Un film de Ding Sheng avec Jackie Chan,
Liu Ye, Jing Tian, Huang Bo, Zhang Lan-xin, Yu Rong-guang, Wang Zhi-fei, Zheng
Xiao-ning, Yin Tao, Na Wei, Liu Yi-wei, Liu Hai-long, Liu Pei-qi, He Jun, Ma
Tian-yu, Coulee Nazha, Zhou Xiao-ou, Ng Yuet.
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