lundi 26 mai 2014

Once upon a time in Shanghai


Avant d’être amis à la vie, à la mort, Ma Zhong-zhen (Philip Ng) et Long Qi (Andy On) ont été des adversaires. L’histoire des deux hommes est celle de Once upon a time in Shanghai, la nouvelle adaptation de la vie dans les bas-fonds des triades d’un héros populaire du Shanghai des années 1930 produite et scénarisée par Wong Jing qui s’adjoint à la chorégraphie des combats Yuen Woo-ping et à la réalisation Wong Ching-po.

Ma Zhong-zhen quitte sa campagne natale avec sa petite sœur et son jeune frère (qui disparaitront assez vite du film) avec un cadeau de sa maman : un bracelet de jade qu’il doit porter au poignet droit. Car ainsi, il ne l’utilisera pour pratiquer son kung-fu. En effet, Ma est un homme si fort qu’il pourrait tuer un homme avec un seul coup. Notre héros est présenté comme un homme serrein mais qui pourrait se défendre contre n’importe qui.

Dans ce Shanghai des années 1930, aux rues quasi désertes, la gentillesse et la bonté ne paient pas de repas. C’est ce qu’ils vont vite comprendre. L’aide de leur grand frère, qu’ils ont rejoint, va les amener dans un quartier tenu par Frère Bing (Sammo Hung). Il les nourrit et les héberge dans une maison à la population pauvre toute droit sortie de celle de Crazy kung-fu, la folie furieuse de la propriétaire en moins. Pour survivre, il fait des petits boulots.

La vie de Long Qi est toute différente. Dans son beau costume trois pièces, arborant un joli nœud papillon et fumer des cigarettes, il tient un cabaret de luxe (le « Paradise ») qu’il a volé à un membre des triades. Long Qi a les dents longues, ce qui n’est pas du tout du goût des trois vétérans des triades incarnés par Yuen Cheung-yan, Fung Hak-on and Chen Kuan-tai, ce dernier interprétait d’ailleurs le personnage de Ma Zhong-zhen dans Le Justicier de Shanghai de Chang Cheh en 1972.

Ils se rencontrent quand Long Qi organise une vente d’opium avec des japonais qui commencent à envahir Shanghai et veulent contrôler le trafic. Ma Zhong-zhen, tout à sa quête de justice, défie dans un long combat Long Qi. Ce dernier, lui aussi expert en art martial, lui offre la cargaison de drogue si Ma réussit à le battre d’ici ce que sa cigarette finisse de se consumer. Ma gagne son combat mais aussi une amitié indéfectible et devient vite son bras droit au cabaret.

Les deux hommes sont l’antithèse l’un de l’autre et le film ne cesse de le répéter. Ma est toujours calme et posé, Long Qi constamment excité et violent. L’effet de l’un va agir sur l’autre. Contrairement aux précédentes versions, et peut-être à cause de la coproduction avec la Chine, Ma ne va pas sombrer dans les triades et devenir un criminel mais au contraire adoucir le caractère violent de Long Qi, montré pour illustrer son tempérament avec un tigre qu’il élève dans son salon.

Leur amitié est poussée dans le film jusqu’à devenir un quasi histoire d’amour. Ils se battent désormais pour le plaisir, y compris dans la grande salle du cabaret, où les chorégraphies aériennes les font voler à travers la pièce pour se retrouver tous les deux, se lançant des grands regards amoureux au clair de lune en mangeant un hot-dog au sommet d’un pont. Ces scènes homo-érotiques sont des grands moments involontaires d’humour mais plutôt réjouissants.

Le film laissait craindre dans sa première partie un ratage assez fatal. La mise en scène de Wong Ching-po est loin de la sobriété. Le cinéaste abuse de ralentis dans les scènes de combat filmés dans une lumière sépia qui donne par moment des aspects de film noir et blanc. Puis, petit à petit, on s’intéresse au destin de ces deux amis, à leur histoire d’amour respective pourtant très conformiste. Ma Zhong-zhen tombe amoureux de la fille de Sammo Hung et Long Qi de la chanteuse du cabaret.

La ressemblance du personnage de Ma avec celui de Bruce Lee dans La Fureur de vaincre (même coupe au bol, vêtements traditionnels, musculature très fine dans le combat final quand il se met torse nu) est assez frappante. Le film a la bonne idée de ne pas faire durer les combats et de ne pas les hacher avec un montage épileptique. Rien que pour cela, le film vaut d’être célébré. Comme quoi, quand Wong Jing s’en donne un peu la peine, il peut encore produire des films intéressants.

Once upon a time in Shanghai (惡戰, Hong Kong – Chine, 2013) Un film de Wong Ching-po avec Philip Ng, Andy On, Sammo Hung, Jiang Lu-xia, Chen Kuan-tai, Michelle Hu, Mao Jun-jie, Yuen Cheung-yan, Fung Hak-on.

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