Comme
chaque fois qu’il est en crise artistique et commerciale (bref qu’il produit ou
tourne des mauvais films qui n’attirent pas le public), Tsui Hark reprend ses
vieilles recettes. Ça arrive à peu près tous les dix ans. En 1991, avec Il était une fois en Chine, ça avait
bien marché, en 2002 après son effroyable carrière à Hollywood, les
épouvantables Legend of Zu et Black Mask 2, le cinéaste engage
Wellson Chin, tâcheron responsable des Top squad pour tourner Vampire hunters,
revival des kung-fu ghost comédies, genre fécond des années 1980 mais
terriblement abâtardi au fil des années. Le film n'est jamais sorti à Hong Kong.
Soit,
au 17ème siècle, un maitre taoïste et ses quatre disciples,
chasseurs de vampires. Ils s’appellent Thunder (Ken Cheung), Rain (Michael
Chow), Wind (Lam Suet) et Lightning (Danny Chan). Ils sont tous très inexpérimentés pour affronter le
zombie / vampire qu’ils ont en face d’eux. Visage à la chair décomposée, fumée
qui sort de sa gueule et tunique en lambeaux, le démon en encore beaucoup de
force pour briser les chaines que les chasseurs de vampire lui lancent pour
l’attraper. Le monstre s’échappe dans une immense explosion non sans laisser
les quatre chasseurs sans leur maître.
Trois
mois plus tard, le feu éteint, ils repartent à la recherche de leur maitre en
espérant qu’il ne soit pas devenu un vampire. Ils se font embaucher par
Monsieur Jiang (Yu Rong-guang) qui s’apprête à marier son fils, un célibataire
pas très malin et mal dégrossi, à la très belle Sa-sa (Anya). Mais rien ne se
passe comme prévu avec l’attaque du démon qui aspire la substance vitale du
fiston mais aussi celle de nombreux de ses domestiques. Une fumée sort de la
bouche du démon et rentre dans la gorge de sa victime qui meurt dans d’atroces
souffrances.
Le
film joue sur plusieurs tableaux en complexifiant les rapports entre les
personnages. Le vampire au visage dégoûtant n’est pas le seul méchant du film.
Le frère de Sa-sa, Dragon Tang (Horace Lee), porte la traitrise sur son visage.
Il veut s’accaparer la fortune des Jiang en lançant une bande de mercenaires
contre le riche homme d’affaires. Le visage de l’acteur évoque d’ailleurs celui
de Dean Shek, qui a souvent joué les salauds ou les traitres. Quant à Sa-sa,
elle tombe amoureuse de Thunder et réciproquement, romance de pure convention
et sans grand intérêt pour la narration.
Tsui
Hark, qui a écrit le scénario, cherche à renouveler la peur, ou au moins
l’effroi. La profession de Jiang est le commerce de la cire, ainsi, il momifie
tous les morts de sa demeure, sa femme en premier lieu, puis son fils. Toutes
ces momies sont autant de vampires en puissance tandis que le démon s’empare de
leurs corps. Et plus le nombre de vampires s’accroit plus celui des vivants
diminue. Il ne restera bientôt plus que les quatre chasseurs (renommés Kung,
Hei, Fat et Choi par le contremaître) pour sauver tout le monde
C’est
ce décor immense et vide de la demeure Jiang qui est censé créer du mystère et
de l’angoisse. Mais comme parfois chez Tsui Hark, le mouvement et la vitesse s’emballent.
Le spectateur n’a pas le temps de s’acclimater à une tension naissante qu’on
passe à la suivante. C’était certes déjà le cas dans les Histoires de fantômes chinois de Ching Siu-tung (auxquels sont
empruntées les lumières bleues si caractéristiques). Mais dans Vampire hunters, tout est déjà vu, revu
et rerevu, montrant que le cinéaste, surtout avec Wellson Chin, n’était pas
encore capable de se renouveler.
Vampire
hunters (殭屍大時代, Hong Kong – Etats-Unis, 2002) Un
film de Wellson Chin avec Lam Suet, Ken Cheung, Michael Chow, Danny Chan, Yu
Rong-guang, Anya, Horace Lee, Ji Chun-hua, Chen Kuan-tai, Lee Kin-yan, Lee
Lik-chi, Wong Yat-fei, Shut Mei-yee, Zou Na.
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