mardi 11 mars 2008

Too many ways to be N°1


Mon petit week-end parisien m’a permis d’aller voir Too many ways to be N°1 de Wai Ka-fai, dans le cadre de la rétrospective Johnnie To. J’y suis allé avec le superintendant du gourbi electro Tampopo. On s’est mis à l’avant dernier rang de la grande salle de la CF Bercy. Au début, on s’était mis devant, mais un gars est arrivé avec ses deux enfants. Quelle idée d’amener deux ados voir ce film classé Catégorie III. Ya du sang, ya de la baston, ya du slip. Too many ways to be N°1 est trop génial. On a chanté au début quand le logo de la Golden Harvest est arrivé sur l’écran.

Wai Ka-fai est maboule. Ce mec est dingue et son film est l’honneur de la Milkyway. C’est le premier film du label de Johnnie To. Juste avant, il avait réalisé ailleurs Peace hotel le dernier film cantonais de Chow Yun-fat avant qu’il ne parte se foutre la honte à Hollywood. J’en parlerai demain sas faute.

Too many ways to be N°1, c’est Lau Ching-wan, encore jeune, déjà génial. C’est un petit con qui se croit géant. Il vit de petits trafics au sein d’une triade pourrie. Il part en Chine avec ses amis malfrats pour vendre des bagnoles. Et puis au milieu du film, on revient à la scène initiale et la bande part à Taiwan faire autre chose. Chaque fois ça se termine mal, mais c’est drôle. Pas la peine de raconter le scénario, tout est dans l’ensemble.

Wai Ka-fai filme pratiquement tout en grand angle ce qui aplatit les visages et les décors. Comme il a la bonne idée de mettre plein d’acteurs dans le cadre, il se dégage une impression d’étrangeté proche du fantastique. Il se moque surtout de son collègue Wong Kar-wai qui avait systématisé jusqu’à l’écœurement le grand angle dans Les Anges déchus ou Nos années sauvages. Wai Ka-fai ne parodie pas le cinéaste mais pastiche ses défauts.

Assez vite on est fixé sur le ton du film, ça partira dans tous les sens. Dans un sauna, la bande va se bastonner avec d’autres gangsters, Wai Ka-fai filme la scène en plan séquence, et tout à coup, la caméra se renverse comme prise dans la bataille, comme si c’était un pugiliste qui était à terre. Les gars prennent des coups, plutôt deux fois qu’une. On se demande même si une grande part d’improvisation n’est pas présente.

Les acteurs sont parfois filmés en slip. Lau Ching-wan porte parfois un slip bleu, quelle idée bizarre. Cela n’apporte rien à la psychologie des personnages, mais encore une fois, cela rappelle Wong Kar-wai. Les garçons (combien sont-ils ? à peu près cinq) font n’importe quoi. Ils sont stupides et les conneries s’accumulent. Ils arrivent même à se blesser ou à se tuer.

Dans la partie taiwanaise, Lau Ching-wan doit accomplir deux missions. Assassiner Frère Blackie mais aussi Frère Blanc, habillés comme il se doit en noir et en blanc. Ce sont les deux parrains de Taiwan, et eux aussi sont des abrutis, mais leurs hommes leur sont fidèles jusqu’à l’absurde, comme ce pauvre gars qui se reçoit des bouteilles dans la gueule. On s’y coupe le doigt au moindre reproche, et parfois sans raison.

Y a-t-il une justification à un tel mælstrom esthétique dans Too many ways to be N°1 ? Certes oui, car il est jouissif de voir ces saloperies de triades montrées comme des organisations d’imbéciles. Au même moment, l’ineffable Wong Jing produisait les suites à Young and dangerous. Ce dernier film faisait un carton et le film de Wai Ka-fai un gros bide. C’est la vie mais j’ai choisi mon camp.

Too many ways to be N° 1 (一个字头的诞生, Hong Kong, 1997) Un film de Wai Ka-fai avec Lau Ching-wan, Francis Ng, Ruby Wong, Carman Lee, Matt Chow, Cheung Tat-ming, Xu Jinjiang, Wong Ka-ming.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

LA CINEMATHEQUE FRANCAISE EST EN GREVE CE SOIR CAMARADE!
Signé HL,MM,LE,GF,HG,ST.