jeudi 27 novembre 2008

Sorties à Hong Kong (novembre 2008)

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Beast stalker (証人)
Un film de Dante Lam avec Nicholas Tse, Nick Cheung, Zhang Jing-chu, Miao Pu, Liu Kai-chi, Keung Ho-man, Kwok Jng-hung, Sherman Chung, Zhang He, Wong Suet-yin, Wong Sum-yin. 110 minutes. Classé Catégorie IIB. Sortie : 27 novembre 2008.




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Ballistic (彈道)
Un film de Lawrence Ah Mon avec Simon Yam, Joseph Chang, Han Chang, Leon Dai, Jiwei Fang, Huang Zhongkun, Hu Ting Ting, Ko Chun-hsiung, Lam Ka-tung, Liu Kai-chi, Tseng Kai-xuan, Zhang Guozhu. 101 minutes. Classé Catégorie IIB. Sortie : 27 novembre 2008.



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Nobody’s perfect (絕代雙嬌)
Un film de Patrick Kong avec Kary Ng, Terence Chui, Joey Leung, Sammy Leung, Tin Kai-man. 100 minutes. Classé Catégorie IIB. Sortie : 27 novembre 2008.


mardi 25 novembre 2008

Le Transporteur 3


Je ne parle de ce film que parce qu’il y a Corey Yuen au générique en tant que chorégraphe des combats. Ce n’est peut-être pas une raison suffisante compte tenu de la faible teneur de combats dans ce film d’action signé Olivier Megaton (on admire le pseudo qui peut vite se transformer en megacon) sur un scénario de Luc Besson.


Bref, c’est encore l’histoire de Frank Martin qui doit transporter un colis, et encore une fois c’est une fille. Elle est ukrainienne dans cet épisode et Frank va mettre une heure à comprendre que c’est elle le colis. Pourquoi pas ? Mais il devrait être habitué à force. Et hop, c’est parti pour un voyage dans l’Europe : on commence par l’Allemagne, on va vite en Roumanie, on renverse quels étals de marché – ça marche toujours les étals de marché, surtout en Roumanie, ils ont plein d’orange à vendre – et on finit en Ukraine. Le motif de la livraison est simple. Notre jeune ukrainienne est la fille du ministre de l’environnement et elle a été enlevée par des mafieux qui aiment la pollution.


Besson a regardé Hyper tension puisqu’il fait de Jason Statham, non plus un prisonnier du temps (il avait une heure pour ne pas mourir et courrait dans tous les sens, c’était génial) mais de sa voiture. Idée idéale pour faire de la pub pour cette marque automobile le personnage principal du Transporteur 3. S’il s’éloigne de la bagnole, Jason explose. Comme ça la caisse est de tous les plans. Le film fonctionne sur un mode très simple : Jason et l’Ukrainienne discutent dans la voiture, puis ils s’arrêtent, des méchants arrivent, Jason se bat et ils repartent.


Donc, Corey Yuen et les combats. Du banal, du très banal. Mais Megaton les filme tellement mal que tout devient illisible. Il y a vraiment un plan toutes les secondes. Bien entendu, on comprend que Jason est au centre de l’action. Je retiendrai la scène dans un garage bavarois où Jason enlève ses fringues pour foutre leur raclée aux ennemis. Sinon, le film est un monument d’ennui, les blagues sont bas de plafond. On dirait même qu’ils tentent de recycler les fondamentaux de la franchise en laissant penser que ce sont des classiques. La franchise Transporteur, un classique ? Allons bon, quelle naïveté !


Enfin, ce qui ressort, c’est qu’on est loin d’autres films d’action actuels qui essaient de se projeter dans le monde d’aujourd’hui en intégrant les grands conflits mondiaux ou la lutte des classes. Là, la pollution reste très une simple hypothèse. Besson et Europacorp ne sont plus du tout dans l’air du temps. On appelle ça des ringards.


Le Transporteur 3 (France, 2008) Un film d’Olivier Megaton avec Jason Statham.

dimanche 23 novembre 2008

Une famille chinoise


Comme son titre l’indique bien, c’est autour de la famille que tourne le sujet du nouveau film de Wang Xiaoshuai, cinéaste chinois spécialiste des festivals où la plupart de ses films sont repartis avec des récompenses. Une famille chinoise a d’ailleurs reçu à Berlin cette année l’Ours d’argent du meilleur scénario. Le titre en chinois signifie « gauche, droite », ce qui se rapporte à la première séquence où le personnage de la mère de famille indique au conducteur quelle direction prendre.


C’est justement l’enjeu du film. Quelle direction doivent prendre les parents de Hehe, un petite fille atteinte de cancer. Sans greffe de moelle épinière, ses chances de vie sont très limitées. La mère de Hehe a divorcé et s’est remariée. Avec son deuxième mari et sa fille, elle vit dans un immeuble d’une ville nouvelle, Shanghai sans aucun doute. La ville est triste, on ne quittera pas les barres d’immeubles déshumanisantes. La pollution atmosphérique est visible. La famille mène une vie qui va devenir morne une fois la maladie de la fillette décelée.


Le père de Hehe n’est pas compatible, la mère non plus. Il a également une nouvelle femme dans sa vie. Là, va se poser une question pour sauver l’enfant, comment faire pour trouver un donneur ? Les deux parents biologiques vont donc aller à l’hôpital pour faire une insémination in vitro, avec comme objectif de donner un petite sœur ou frère à Hehe. Mais malheureusement, après trois tentatives, la mère ne se retrouve toujours pas enceinte.


Auparavant, il aura fallu convaincre les conjoints respectifs. Le deuxième mari est prêt à s’effacer pour rendre la santé à sa fille adoptive. C’est un personnage touchant. Il a toujours le sourire mais on sent bine son malaise face à la situation. Dès qu’une discussion s’entame, il part acheter un paquet de cigarettes. Sou sourire de façade, il le gardera constamment pour aider sa famille. Quant à la nouvelle épouse, elle refuse catégoriquement jusqu’à ce qu’elle voit l’enfant.


Wang Xiaoshuai, avec un sujet aussi mélodramatique, parvient à constamment rester sobre dans sa mise en scène. Il n’utilise jamais d’effets dramatiques mais laisse au contraire le temps aux personnages de comprendre les situations. Il laisse du temps aux scènes, pour que le drame se noue et se dénoue. On est loin du soap apéra, même si le père pense que sa vie ressemble à une série télé.


Une famille chinoise est un film lent, souvent sombrement éclairé, sans musique mais constitué de beaux plans. Je retiendrai celui de la conversation entre les deux époux où chacun est flou à tour de rôle, comme pour signifier que leur vie est troublée. On peut y voir une critique de la Chine urbaine et de sa politique de l’enfance. Si la mère ne peut sauver sa fille, c’est parce qu’elle a du avorter après son unique enfant. Un beau film.


Une famille chinoise (左右, Chine, 2007) Un film de Wang Xiaoshuai avec Liu Weiwei, Zhang Jiayi, Chen Taisheng, Yu Nan, Zhang Chuqian.

mercredi 19 novembre 2008

Dictionnaire du cinéma asiatique : à acheter, à lire, à offrir

C’est un beau livre, comme il s’en fait peu. Abondamment et richement illustré : chaque article est accompagné de plusieurs photos de grande qualité et, parfois, couvrant une page entière. C’est un ouvrage collectif dirigé par Adrien Gombeaud, rédacteur à la revue mensuelle de cinéma Positif. Les auteurs des articles viennent de différents pays, beaucoup sont français (et pas mal de la chapelle Positif, justement), mais d’autres proposent leur vision de l’intérieur même de l’industrie.


Dans son introduction, Gombeaud pose le vrai problème d’un dictionnaire du cinéma asiatique, soit qu’est-ce que ça peut bien vouloir dire. « Cinéma asiatique » ou « cinémas d’Asie », questionne-t-il avec raison et sa réponse est judicieuse. Donc, les cinémas d’Asie, du Pakistan à la Corée du Nord, de la Mongolie à l’Indonésie, du Népal au Cambodge, pour ne donner que les nations dont pratiquement aucun film ne sont venus jusqu’à notre Europe. L’auteur avertit également que le dictionnaire ne sera pas exhaustif et que le choix de ces 420 entrées fera des frustrés. En effet, il y manque de nombreux noms d’acteurs ou de réalisateurs que l’on aime, que l’on défend. Chacun peut faire sa propre liste de noms.


Ce qui frappe le plus quand on feuillette, puis qu’on lit, le dictionnaire, c’est une impression que l’ouvrage est complet, qu’il ne manque rien. C’est un travail de fond de ne pas mettre le superflu mais, au contraire, l’essentiel. C’est un travail éditorial qui permet au dictionnaire de dépasser l’idée de « cinéma asiatique pour les nuls », pour reprendre le titre de ces ouvrages d’initiation à la mode.


De A l’est des rails à Preity Zinta, les entrées sont évidemment d’ordre alphabétique, ce qui évite de privilégier tel article. Encore une fois, l’effort fait pour évoquer les nations méconnues (Pakistan, Népal, Viet Nam, Laos, Indonésie) est essentiel et remarquable. En environ quatre pages, les grands mouvements de chaque nation sont abordés. Cela vaut aussi pour les pays les plus connus (Japon, Hong Kong, Chine, Thaïlande), mais on sait que pour ces cinémas, il existe des ouvrages très complets. Comprendre les différentes évolutions du cinéma dans chaque coin d’Asie montre que les disparités sociales, politiques et économiques ont provoqué, au fil des décennies, des disparités.


Parfois le cinéma devient un pur moyen de propagande (Chine, Corée du Nord), parfois un tremplin pour la politique (Inde), souvent une expression artistique, et c’est bien le moins. De ce point de vue, choisir qui est le plus représentatif pour chaque nation est une gageure. Les meilleurs portraits sont ceux qui illustrent l’Inde, surtout ceux écrits par Ophélie Wiel et par Kartik Singh, qui nous fait partager sa passion pour quelques divas locales et quelques films que l’on aimerait voir.


A l’inverse, le cinéma de Corée du Sud est sans doute trop abondamment analysé, parfois en doublon. Il n’était pas nécessaire d’écrire un article à la fois sur Fantasmes et sur son réalisateur. Cela vaut aussi pour Kim Ki-duk et son Locataires, annoncé comme son film somme, mais Kim est-il un si grand cinéaste que ça. Plus irritantes, les textes sur les actrices de Hong Kong, comme celui sur Cecilia Cheung où l’auteur passe deux paragraphes sur sa vie privée, dont on se moque. Il aurait été préférable de parler de sa voix unique dans le cinéma cantonais.


Quelques films sont analysés, quelques veut dire peu. Beau texte sur Le Roi des moghols, intéressante analyse des différents Devdas, fine critique du film somme La Condition de l’homme, beaux passages en revue des Tora San et des Zatoichi. Sinon, que des films sortis ces dix dernières années et souvent des choix bien anecdotiques (encore le cinéma coréen). Ou presque. Enfin, quelques chefs d’œuvre japonais sont chroniqués : des films de Kurosawa, Ozu, Mizoguchi ? Oui.


On apprend beaucoup de choses. Au détour des pages, le portrait de Shu Qi est encadré par un texte sur Sholay et un article sur Norodom Sihanouk, le roi cinéaste du Cambodge. Plus en avant, on lira l’influence du tyran Kim Jong-il et sur le cinéma nord coréen. On découvrira qui est l’actrice Rekha, qu’en Indonésie l’acteur Nico Saputra est une star malgré son jeune âge, que les Laotiens se passionnent pour les soap thaïs, qu’en Inde on tourne autant de films en telugu qu’en hindi. Et bien d’autres choses encore qui font de ce dictionnaire du cinéma asiatique plus qu’un beau livre, un livre passionnant.


Dictionnaire du cinéma asiatique, sous la direction d’Adrien Gombeaud, Editions Nouveau monde, 640 pages, 49 €.



mardi 18 novembre 2008

The Dragon from Russia



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On se moque très vite de savoir si The Dragon from Russia est une adaptation fidèle de Crying Freeman, le manga. Car il faut supporter le rythme lent et sans idée de Clarence Ford, le réalisateur. Le scénario nous transporte à Moscou (Maggie Cheung parle russe) puis ailleurs, on enlève Sam Hui pour en faire un tueur, il perd la mémoire, il y a un mage avec une drôle de voix et un visage encore moins avenant. Sam, de temps en temps, quand il se bat pousse des cris de Bruce Lee. A un moment, des colombes s'envolent d'une église, j'en passe et des meilleurs... Comme souvent à cette époque à Hong Kong, les scénarios s'écrivaient au fur et à mesure du tournage et ils piquaient les idées des films qui marchaient bien.

On pourra toujours dire que le film a un intérêt cinéphilique puisqu'on peut y voir Maggie Cheung jeune. Seulement voilà, Maggie était déjà visible en tant que Jackie Chan girls dans d'autres films un peu mieux que celui-ci : Force Action 10 ou même Police Story. Cela rappelle seulement que Maggie Cheung, avant d'avoir l'aura de star glamour qu'on lui connaît depuis quelques années, a été une actrice de films d'actions pas terribles. Mais, ça on le savait déjà après avoir vu Heroic trio de Ching Siu-tung et Johnnie To.

Dernière chose : les combats de The Dragon from Russia ne sont pas très bien faits. Yuen Tak (qui joue le méchant à la drôle de voix et au visage peu avenant) en est le chorégraphe. Mais Sam Hui n'est pas très doué pour les combats. Ils sont donc filmés pour donner illusion de bien se battre et jamais on n'y croit. The Dragon from Russia était un film de pure consommation, avec l'âge, son statut n'a pas changé : il est toujours aussi nul.

The Dragon from Russia (红场飞龙, Hong Kong, 1990) Un film de Clarence Fok avec Samuel Hui, Maggie Cheung, Carrie Ng, Rachel Lee, Yuen Tak, Loletta Lee, Dean Shek, Yuen Wah.

samedi 15 novembre 2008

Rule #1


Shawn Yue est décidemment l’acteur de l’année, en tout cas depuis qu’Edison Chen n’est plus en odeur de sainteté. Les acteurs de ce gabarit – grand, élancé, belle gueule – ne sont plus légion aujourd’hui. Daniel Wu est en vacances. Il n’y a que Louis Koo pour concurrencer Shawn Yue. Il a tourné dans cinq films cette année. Pas mal pour un gars qu’on disait particulièrement mauvais comédien. Et justement, à propos de mauvais comédien, Ekin Cheng est là, prêtant son corps à cette fiction très inspiré des films des frères Pang. Il est donc en terrain connu.


Ekin Cheng, qui a pris quelques kilos pour le rôle, joue un flic alcoolique qui dirige une sorte de service policier qui évoque les affaires de X Files. Le bureau s’appelle Miscellaneous Affairs Department, soit en acronyme MAD. Shawn Yue va être affecté dans ce service après avoir passé quelques temps dans le coma. Il s’était fait agressé par un tueur lors d’un simple contrôle de routine. Or, le fantôme de la victime vient défendre le policier. Oui, Shawn Yue voit des gens morts. Très vite, les deux flics comprennent qu’un fantôme se décline en virus et qu’il infecte des innocents. Une enquête est lancée où les deux hommes tentent de discerner la réalité et le surnaturel.


Très vite, c’est l’ambiance du MAD qui séduit. Ekin Cheng et Shawn Yue travaillent dans une pièce qui ressemble à une cave. Un troisième larron est là, il fait constamment des pyramides avec des bouts de bois, il ne dit jamais rien jusqu’à ce que le téléphone sonne. Là il se déplace en fauteuil roulant. Ekin Cheng apprend la règle N°1 : « les fantômes n’existent pas ». Fausse règle bien entendu, les fantômes existent et le MAD est là pour s’en débarrasser, mais pour la population, il n’y a pas de fantômes. On navigue dans un flou assez plaisant pas très éloigné de Mad detective (justement). Après tout, qui nous que tout ce que voient les flics n’est pas une pure vue de leur esprit dérangé.


Quand Rule #1 veut faire peur, il réussit à faire peur. De manière classique certes avec des gros sons, des plans cut de fantômes qui viennent rompre le calme, mais ça marche. Je le redis encore et encore, Shawn Yue devient au fil du temps un acteur correct. Son air hébété apporte au suspense du film. Ekin Cheng est sobre en flic fini et dérangé. Le film s’écroule dans sa fin avec une résolution de l’énigme convenue.


Rule #1 (第一誡, Hong Kong, 2008) Un film de Kelvin Tong avec Ekin Cheng, Shawn Yue, Stephanie Che, Fiona Xie.

vendredi 14 novembre 2008

Wu Yen


C’est la troisième collaboration entre Johnnie To et Wai Ka-fai, après Needing you et Help!!!. Une comédie du Nouvel An Lunaire de 2001 qui reprend la formule du film à trois filles comme l’avait déjà fait To avec Heroic trio. Seule rescapée du casting, Anita Mui est cette fois entourée de Sammi Cheng et de Cecilia Cheung. Ses anciennes partenaires sont ailleurs : Michelle Yeoh tente une carrière plus haute (Tigre et Dragon) et Maggie Cheung sert de portemanteau pour Wong Kar-wai.

C’est donc une comédie mais aussi un film en costumes. Le genre a rarement mené à bonne chose chez Johnnie To. Ses films avec Stephen Chow sont horribles. Mais Wai Ka-fai est là et en génie décadent du scénario, il met un beau gros grain de folie dans cette histoire de l’Empereur Qi qui hésite entre deux femmes et qui va mener son royaume à la perte et à la guerre. Le film aurait pu conduire à un drame dans la lignée des affreux Zhang Yimou nationalistes. Mais Wai Ka-fai choisit la voix inverse : le grotesque.

C’est Anita Mui qui interprète l’Empereur Qi. Drôle d’idée, mais pas plus loufoque que dans Swordsman II, sauf que dans Wu Yen, Anita Mui ne change pas sa voix et ne prend pas la peine d’être masculine. Elle joue aussi son ancêtre qui apparaît pour donner des conseils à Yinchun alias la Fée qu’incarne avec beaucoup de grâce Cecilia Cheung. L’ancêtre bégaie et cela fait partie des gags du film. Il apparaît par magie ou quand on l’appelle et semble sortir d’un totem en bois. Cecilia Cheung a aussi le pouvoir de se déplacer par magie mais elle émet un brouillard, car c’est une Fée des marais.

C’est justement dans un marais que commence le film. Enfin presque, il y a d’abord des marionnettes en ombres chinoises qui reviennent de temps en temps et qui servent de chœur. Sammi Cheng est Wu Yen, un général qui protège le monde de la Fée. Mais Qi n’en fait qu’à sa tête et s’empare de l’épée. Dès lors, un trio amoureux entre les trois personnages va s’engager pour savoir quelle femme, Wu Yen ou Yinchun, l’Empereur Qi va épouser. Il n’y aura pas d’idée d’homosexualité dans le film, il s’agit plus de comique de situation.

Sammi Cheng est bien belle mais Qi la trouve affreuse parce qu’une tache rouge lui traverse la visage. Une tache d’amour qui disparaît suivant les sentiments des personnages. Yinchun veut se marier avec l’Empereur et va tout faire pour se débarrasser de Wu Yen. Et cette dernière va se venger. Régulièrement, l’une des deux se retrouve en prison, conséquence directe de l’inconséquence de Qi. Le film avance comme un jeu dont les règles n’existeraient pas ou seraient inventées au fur et à mesure. D’ailleurs le jeu est très présent dans le films : faux jeux olympiques et surtout le mah-jong qui servira à résoudre la guerre.

Wu Yen est un film purement théâtral. Hormis quelques rares scènes d’extérieur en début de film et lors des JO, tout se déroule dans la salle du trône et dans la geôle. Le film fonctionne en actes eux-mêmes divisés en scène. Les entrées des personnages sont toujours très théâtrales, exagérées. Sauf Sammi Cheng – qui est dans le registre de la tragédie – tout le monde cabotine, Anita Mui en tête dans ses deux rôles. Le film a beau durer deux heures, il reste drôle et pimpant.

Wu Yen (钟无艳, Hong Kong, 2001) Un film de Johnnie To et Wai Ka-fai avec Sammi Cheng, Anita Mui, Cecilia Cheung, Raymond Wong Ho-yin, Lam Suet, Joe Cheng, Hui Siu-hung, Wong Tin-lam, Bonnie Wong.

jeudi 13 novembre 2008

Dictionnaire du cinéma asiatique

En attendant de le lire et dire ce que j'en pense, voici un peu de réclame pour le dictionnaire du cinéma asiatique. Sans doute un cadeau idéal pour Noël.


"Ce dictionnaire accessible et abondamment illustré réunit une équipe internationale des meilleurs spécialistes du cinéma asiatique, de l’Inde au Japon, en passant par le Pakistan, la Birmanie, le Bengladesh, le Vietnam et la Corée.

Les amateurs comme les néophytes y trouveront les grands films qui ont marqué leur époque, d’un point de vue esthétique, politique ou social, les grandes figures (acteurs, réalisateurs, producteurs), les principaux genres et courants, les grands studios, etc.

Cette formule éclectique qui a fait le succès des précédents dictionnaires parus chez Nouveau Monde éditions permet pour la première fois de comprendre le cinéma asiatique comme un tout avec ses grands mythes plutôt que comme une addition de genres locaux.

Première synthèse sur le cinéma asiatique dans son ensemble, ce dictionnaire permet de montrer les circulations de genres, mythes et vedettes entre différents cinémas, ainsi que les influences transnationales."

640 pages, 49 €


Sorties à Hong Kong (novembre 2008)

Champions (奪標)

Un film de Tsui Siu-ming avec Dicky Cheung, Xie Miao, Debbie Goh, Yu Rong-Guang, Xu Xiangdong, Priscilla Wong. 118 minutes. Classé Catégorie IIB. Sortie : 13 novembre 2008.





mercredi 12 novembre 2008

mardi 11 novembre 2008

The Luckiest man



Lam Tze-chung est un des acteurs les plus sympathiques du cinéma de Hong Kong. Le gentil gros a fait le succès des derniers films de Stephen Chow et je lui en suis éternellement reconnaissant. Après un premier long métrage produit par Andy Lau en 2006 (I’ll call you, que je n’ai pas vu), voici The Luckiest man, une gentille comédie comme je les aime.

L’homme très chanceux dont il est question dans le titre est Ho Bee-fat (Nat Chan). Il a eu de la chance aux jeux et a été l’un des plus grands patrons des salles de mah-jong. Il dit n’avoir pas voulu aller à Macao construire des casinos mais plutôt utiliser la culture ludique traditionnelle. Monsieur Ho a été marié trois fois et a eu trois enfants. Il a maintenant 70 ans et doit penser à son héritage. Enfin ce sont plus ses épouses et ses rejetons qui y pensent. Lui est malade, il est parfois dans un fauteuil roulant quand il est trop fatigué et c’est son majordome et secrétaire qui prend soin de lui (c’est Lam Tze-chung qui fait ce rôle secondaire).

La vénalité de sa famille le dégoûte et il se rappelle qu’il a autrefois aimé une femme Michelle et il veut la retrouver. Devant sa tombe il rencontre Fei (Bosco Wong, un acteur de télé qui a ici son premier rôle). Fei est le fils de Michelle et Monsieur Ho en conclue très vite qu’il est son père. Bien entendu, car on est dans une comédie, la famille va tout mettre pour éloigner ce nouveau venu qui risque de prendre le pognon. On le loge dans le débarras, on met de la colle à la place du gel douche et d’autres petites vacheries destinées à faire rire.

Enfin on sourit plus qu’on ne rit aux éclats. Mais ça n’est pas grave. Il y a quelques gags qui fonctionnent parfaitement bien qu’ils ne soient pas très neufs. Des regards caméra des acteurs et des clins d’œil, un personnage surgit de nulle part mais il savait qu’il devait arriver maintenant parce qu’il a lu le scénario. Pas mal de gags visuels, comme les bijoux des épouses qui s’éblouissent l’une l’autre et qui les empêchent de jouer au mah-jong. Et puis ensuite le scénario va vers l’affrontement entre les trois fils qui chacun doit mener la meilleure boîte de mah-jong.

Lam Tze-chung cherche à retrouver la facture des comédies des années 1990 qui se situaient entre Wong Jing et Stephen Chow. Et d’une certaine manière, il a plutôt réussi. The Luckiest man pourrait être une comédie du Nouvel An Lunaire s’il y avait au casting de vraies stars. Ni Nat Chan (qui abandonne un peu son cabotinage, c’est une bonne nouvelle), ni Bosco Wong ne sont autre chose que des acteurs de série B. Il y a bien Cheung Tat-ming, mais dans un tout petit rôle et encore en trio avec Vincent Kok et Tin Kai-man, deux acteurs de l’écurie Stephen Chow. Tout comme Yuen Qiu (la première épouse) et Chan Kwok-kwan (un fils adepte du death metal).

Le film se termine avec un gros, gros, gros message : la famille c’est tout ce qui compte. Tout le monde se réconcilie, car le père de famille résout tous les problèmes. Enfin, c’est parfois drôle sauf quand ils évoquent Edison Chen et ses histoires de cul ou quand ils parodient Prison Break. Sinon, le film est à l’image de Lam Tze-chung : sympa.

The Luckiest man (大四喜, Hong Kong, 2008) Un film de Lam Tze-chung avec Nat Chan, Bosco Wong, Yuen Qiu, Monica Chat, Pinky Cheung, Lam Tze-chung, Chan Kwok-kwan, Timmy Hung, Deng Siyi, Joe Cheng, Cheung Tat-ming, Tin Kai-man, Vincent Kok, Samuel Pang, Viann Leung, Lee Feung.

dimanche 9 novembre 2008

Love is a many stupid thing


Ce qu’il y a de formidable dans les parodies, c’est que l’on peut y mettre absolument n’importe quoi et son contraire. C’est ce qui rend le genre assez monstrueux. Surtout quand Wong Jing s’en mêle et qu’il utilise le fond de commerce des Infernal affairs pour faire le scénario de Love is a many stupid thing. Le titre chinois peut se traduire par « la chasse aux filles bien roulées », ce qui en dit déjà plus long que le titre anglais.


Donc, le scénario de la trilogie d’Andrew Lau et Alan Mak est recopié avec beaucoup d’application. Wong Jing va jusqu’à donner à Eric Tsang le même personnage. Du coup, on a l’étrange impression d’être dans une mise en abyme. Tsang se parodie et il se moque de son propre travail. Chapman To reprend le rôle de Shawn Yue (c’est-à-dire de Tony Leung Chiu-wai jeune recrue), or Shawn Yue joue dans le film le personnage qu’interprétait Chapman To. Mais Lam Tze-chung joue un personnage qui ressemble à celui de Chapman To. On redistribue les cartes. Et encrore quoi ? Nat Chan reprend le rôle d’Anthony Wong. Raymond Wong Ho-yin reprend le personnage d’Andy Lau. Quant à Tony Ho, comme dans Infernal affairs, il est un gangster. Mais un gangster gay qui cherche à choper Raymond Wong Ho-yin. Voilà, personne n’est obligé d’avoir vu la trilogie en entier ou en morceaux pour aimer ou pas Love is a many stupid thing, mais ça aide à voir où est censé être l’humour.


Une comédie de Wong Jing ne serait rien sans les filles. Là, elles sont cinq, évidemment toutes sublimes. Elles sont censées être attirées par le trio To, Lam et Yue, ce qui en dit long sur les intentions du cinéaste. Il s’agit bien d’affoler les spectateurs mâles de base. Pourquoi pas, certes mais l’humour d’en dessous de la ceinture demande une certaine subtilité. Alors quand les garçons se déguisent en filles et parodient Satreelex, on tombe dans le graveleux à la limite de l’homophobie. Bref, tout cela est très bas de plafond, mais qui suis-je pour juger ?


Love is a many stupid thing (精裝追女仔2004, Hong Kong, 2004) Un film de Wong Jing avec Shawn Yue, Chapman To, Lam Tze-chung, Eric Tsang, Raymond Wong Ho-yin, Nat Chan, Race Wong (2R), Rosanne Wong (2R), Belinda Hamnett, Teresa Mak, Iris Wang, Candice Yu, Miu Kiu-wai, Max Mok, Tong Chun-yip, Cheung Kwok-keung, Feng Tsui-fan, Jerry Lamb, Matt Chow, Tony Ho, Angie Cheong, Zuki Lee, Teresa Li, Shirley Hung, Gobby Wong, Eddie Pang (EO2), Carmen Yeung.

samedi 8 novembre 2008

Linger


Entre Mad detective et Sparrow, Johnnie To a tourné Linger. Dans son intention annoncée il y a quelques mois de changer de style et d’abandonner le polar, on se demandait vers quoi il pourrait se tourner. Ce film pourrait donner une réponse et ça n’augure pas du meilleur.


Yan (Li Bing-bing) sort avec Dong (Vic Chou, un chanteur de cantopop qui tente de se reconvertir dans le cinéma). Dong est le chef de l’équipe de basket et sa liaison doit rester secrète auprès des autres étudiants. Ça ne plaît guère à Yan. Ils se disputent. Elle part en voiture et lui la suit en moto (on remarquera que le niveau social est élevé chez ces étudiants). Un accident de la route les surprend et Dong meurt.


Trois ans plus tard, Yan travaille dans un cabinet d’avocats tenu par Maggie Siu. Elle vit en colocation avec Lam Suet. Soudain, elle est prise d’hallucinations et se met à voir Dong. Et ce dernier va lui parler, va rentrer dans sa vie de plus en plus. Elle consulte un psy (Roy Cheung) qui ne sait pas quoi en penser. Entre alors en scène un autre personnage, Luk (Wong You-nam) que le cabinet défend. Une étrange relation se lie entre Yan et lui, d’autant qu’il connaît le père de Dong.


Entre flashes back de la vie entre Dong et Yan et action linéaire, le scénario de Ivy Ho se contente d’émettre les sentiments des personnages. Luk sait beaucoup de choses mais comment les sait-il ? Que vient-il faire dans la vie de Yan ? Il doit être là pour remplacer Dong, mais Yan n’en veut pas. Elle préfère garder ses vieux souvenirs remplis de douleur, quitte à ne jamais être heureuse.


Johnnie To avait déjà abordé le thème de l’amour au-delà de la mort. C’était dans My left eye sees ghosts, mais le ton était celui de la comédie burlesque. Linger se contente d’égrainer les clichés romantiques comme dans un film de Jingle Ma. Et si l’ambition prochaine du cinéaste était plutôt de conquérir le marché continental chinois ? C’est sans doute cela sa nouvelle direction, c’est pour cela que Linger est parlé en mandarin. On s’ennuie ferme et on attend la suite.


Linger (蝴蝶飛, Hong Kong, 2007) Un film de Johnnie To avec Li Bing-bing, Vic Chou, Lam Suet, Maggie Siu, Yong You, Roy Cheung, Wong You-nam, Fong Yi-kei.