mardi 31 mars 2009

Le Petit chat curieux


Cette compilation de courts métrages autour de la petite chatte Komaneko n’est pas seulement kawaï, comme on peut le lire un peu partout. Disons simplement que Le Petit chat curieux peut être vu évidemment par les tout petits parce qu’il est court (à peu près une heure) par qu’il est sans parole (quelques miaulements, des grognements en guise de dialogues), mais on pourra tous le regarder et avec plaisir en plus.


Deux formes d’animation, la semi marionnette en à plat et les marionnettes entière. Des histoires simples mais excellemment écrites qui montrent un univers où le chat Komaneko joue seul. Le père est au rez de chaussée et Koma est à l’étage. Le passage d’un niveau à l’autre se fait toujours dans le dos du père. Koma vient le taquiner en tapant sur sa machine à écrire tandis qu’il doit être en train d’écrire un scénario.


Komaneko fabrique avec le fils du réparateur de radio des objets incroyables. C’est le projecteur en 8mm qui va servir de locomotive par exemple. Alors que le réparateur a du mal à faire son boulot, les deux chatons s’en donnent à cœur joie. Koma réalise un petit film avec ses deux poupées de la même manière que le cinéaste a du réaliser. C’est une jolie mise en abîme et un éloge du travail d’artisan.


En fin de programme, un court métrage d’environ 25 minutes nous montre une jolie histoire d’amitié entre Koma et un yéti. Enfin, peut-être est-ce un vrai yéti ou plutôt un ourson déguisé. L’ourson est solitaire au milieu de la forêt, et le chat ne le remarque même pas. Au fil des promenades en forêt, Koma cherche à retrouver le yéti, en vain. C’est l’occasion pour l’équipe d’animation de montrer son talent pour le changement des saisons avec des moyens très simples mais très efficaces.


Ainsi on peut trouver les histoires tout à tout charmantes puis drôles. Les films n’ont pas cette naïveté qu’ont parfois les courts d’animations pour les tout petits. J’espère qu’on pourra vite voir d’autres aventures du petit chat. Un beau et rafraichissant moment d'espièglerie.


Le Petit chat curieux (こまねこ, Japon, 2006) Des courts métrages de Tsuneo Goda.

lundi 30 mars 2009

All about women


Tsui Hark n’avait pas fait de comédie volontaire depuis Tri-star. J’oublie volontairement les JCVDeries. Ce retour avec All about women va sans doute laisser pas mal de fans déçus au cas où ils attendraient encore un film épique. Depuis plus de dix ans, on espère un film qui tienne à peu près la route et qui soit compréhensible (Time and tide reste toujours un OVNI abscons). Tsui Hark a été l’un des meilleurs cinéastes de comédie de Hong Kong dans les années 1980 jusqu’à son départ pour Hollywood. En même temps, il n’a rien à prouver si ce n’est marcher sur les plates-bandes de Wai Ka-fai.


Trois femmes, trois personnalités différentes, trois célibataires dont le cœur est à prendre. Le film commence avec Ou Fanfan (Zhou Xun), 27 ans, qui travaille dans un centre de radiologie. Elle porte des lunettes sans lesquelles elle ne voit rien et elle a un gros, gros souci avec le contact humain. Elle se raidit dès qu’on la touche. Or elle veut prendre des cours de danse avec un jeune homme qu’elle trouve très à son goût. Mais cette histoire sera morte avant même de débuter. On dira aisément que Fanfan est un frigide. D’ailleurs elle s’habille tout en blanc.


Deuxième personnage à entrer en scène : Miss Tang Lu (Kitty Zhang), 31 ans, bombe sexuelle et businesswoman. Elle bosse dans l’industrie et son fidèle assistant Mo Qiyan (Eddie Peng), portant lunettes et costume, la suit partout. C’est le seul employé à ne pas succomber à son charme. Tous les autres rougissent en la voyant et perdent leurs moyens. Tang Lu n’est plus invitée aux mariages de ses amies de peur qu’elle pique le fiancé. Elle est la croqueuse d’hommes, la femme de pouvoir qui a réussit mais dont l’ambition ne permet pas de trouver un mari.

Enfin, Tie Ling (Kwai Lun-mei), 19 ans est une dure à cuire. Elle fait de la boxe, elle écrit des nouvelles sur internet et elle joue dans un groupe de rock. Elle répète dans un squat artistique. Elle mène une vie de Bohème sans se soucier du lendemain. Elle s’habille avec les fringues qui lui tombent sous la main. C’est une fonceuse et elle rentre dans le lard des mecs mais elle a un problème : elle croit qu’elle parle à X (Godfrey Kao), une star de cantopop. Mais elle a un vrai fan, qui lui existe bel en bien, c’est Mo, l’employé de Tang Lu.

Passée cette présentation où Tsui Hark sait nous rendre attachants ces personnages en mêlant une bonne dose d’humour et d’effets comiques, il reste à trouver une histoire à ces femmes. Elles devront trouver l’âme sœur et ce ne sera pas facile. Fanfan cherche à créer une phéromone qui la rendra attirante auprès des hommes. Et ça marche. Elle rencontre à son travail Xiao-gang (Stephen Fung) et ils couchent ensemble. Mais est-il vraiment amoureux d’elle ou est-ce le résultat des phéromones à base de truffe ? Xiao-gang est le parolier du groupe de rock de Tie Ling et cette idylle perturbe la carrière des musiciens. Autre souci : Tang Lu possède le terrain sur lequel squat les artistes et veut le transformer en usine. Les destins des trois femmes sont désormais liés.

Tsui Hark met les bouchées doubles pour faire fonctionner sa comédie. Il renoue avec son sens inouï du quiproquo qui faisait merveille dans Shanghai blues ou dans Twin dragons. Deux scènes retiennent l’attention. La première est située dans un gala de charité organisé par Tang Lu au profit d’un orphelinat. L’invité d’honneur est un ingénieur (Alex Fong Chung-sun). Une vente aux enchères a lieu, Fanfan a perdu ses lentilles et elle ne se rend pas compte que ses gestes provoquent la surenchère des prix. Puis arrive sur les lieux Tie Ling avec X, mais elle croit qu’elle est la seule à le voir. On se méprend sur les intentions, on provoque des catastrophes. Autre grand moment de comédie, celui d’un concert du groupe de rock où Tie Ling lit les paroles sur son portable. Et elle reçoit un coup de téléphone pendant qu’elle chante, puis se reçoit une bouteille sur la tronche.

Alors en forme Tsui Hark ? Presque. La fin se traîne vraiment en longueur pour pouvoir réconcilier les histoires d’amour. Chacune trouvera son chacun au terme d’une recherche un peu vaine. Tsui Hark propose un happy end auquel on croit à peine. Il est sans doute dommage qu’il ne soit pas arrivé à faire du trio d’actrices un vrai groupe contrairement à ses comédies féminines précédentes (Shanghai blues encore et Peking opera blues). Mais c’est déjà tellement mieux que ce qu’il a fait depuis longtemps qu’on est content de rire de bon cœur. Et de vraiment rire.

All about women (女人不壞, Hong Kong, 2008) Un film de Tsui Hark avec Zhou Xun, Kwai Lun-mei, Kitty Zhang, Stephen Fung, Eddie Peng, Alex Fong Chung-sun, Godfrey Kao, Shen Chang, Jacob Cheung.

dimanche 29 mars 2009

The Odd one dies


The Odd one dies est l’un des tous premiers films produits par la Milkyway Image, si ce n’est le premier. On y trouve d’ailleurs le logo première version dans le générique. Le scénario a été écrit par Wai Ka-fai, il a produit le film avec Johnnie To, mais le film ressemble beaucoup au style de Wai Ka-fai. Faut-il encore reconsidérer l’existence même de Patrick Yau le réalisateur ? On a vraiment l’impression de se retrouver dans une variante de Too many ways to be N°1. En version urbaine.


Le film commence sur un plan du Dieu protecteur Kwan Yuan-cheung, puis on va dans une salle de jeu de mahjong où Takeshi Kaneshiro (quel est son nom de personnage ?) met beaucoup de temps à poser son domino ce qui a pour conséquence d’énerver les autres joueurs. Dans une grosse lumière rouge, Takeshi renverse la table puis se bagarre avec les autres gars. Il est foutu dehors, on lui fracasse une bouteille sur le crâne. Il gît par terre, puis se relève et va se battre à nouveau.


Takeshi veut se faire engager comme tueur à gages. Il réussit à convaincre un Indien de lui présenter son éventuel patron. Mais Takeshi lui coupe les doigts. Les hommes de mains du boss cherchent alors, en vain, de la glace pour conserver les doigts. Takeshi part avec le pognon et va acheter une vieille caisse et pique le téléphone portable du vendeur. Ces vieux téléphones portables énormes des premiers temps. Puis il rencontre Carman Lee (pas de nom non plus). Elle aussi est tueur à gages. Elle a des grosses cernes, elle fume beaucoup et ne parle pas plus que lui.


Et l’histoire continue. Enfin, histoire est un grand mot. Takeshi va acheter un pistolet Magnum à un type à côté de ses pompes qui picole et veut lui vendre tout sauf le Magnum. Carman et Takeshi veulent aller dans un palace au lieu de leur hôtel miteux, mais on leur refuse l’accès. Il y a une poursuite dans un centre commercial circulaire (et donc la poursuite tourne en rond). Et puis on retrouve le gars à qui il a coupé les doigts. Cette fois, c’est Carman Lee qui lui coupe d’autres doigts. Et ils se coupent les cheveux. Et aussi les ongles. Et on fête l'arrivée de 1997.


Le personnage de Takeshi Kaneshiro dit son premier mot au bout de vingt minutes. Les décadrages de la caméra abondent. Ça filme de n’importe où et parfois même à la renverse (comme dans le film de Wai Ka-fai déjà cité). Tous les personnages restent énigmatiques et déconnectés de leur passé. Après tout, Hong Kong s’apprêtait à quitter le giron britannique. Le film est marqué de cet état d’hébétude et d’attente. La musique de Raymond Wong, entre le jazz et pop des années 1960, apporte une atmosphère décalée. L’ambiance globale du film évoque la Nouvelle Vague. Les personnages font très A bout de souffle, ils se déplacent souvent, fument tout le temps et naviguent dans la ville sans retenue. La mise en scène évoque aussi les premiers films de Takeshi Kitano avec cet humour froid et glaçant.


The Odd one dies (兩個只能活一個, Hong Kong, 1997) Un film de Patrick Yau avec Takeshi Kaneshiro, Carman Lee, Lam Suet, Woo Nin-buyn.

Génériques 6

Le premier logo de la Milkyway avant le petit générique animé que l'on connaît tous aujourd'hui. Le carton est extrait du film The Odd one dies.

samedi 28 mars 2009

Les 3 Royaumes


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Je ne vais pas revenir sur ce que je pense des deux Red cliff sur lesquels j’ai écrit (Partie 1 et Partie 2). On passe donc d’une durée globale de 275 minutes à un film de 140 minutes, soit moitié moins de John Woo. Forcément, beaucoup de scènes manquent. A vrai dire, Les 3 royaumes dans sa version « occidentale » peut se regarder, mais quand on connaît le film complet, il est impossible de ne pas bondir de son siège. Il faut imaginer ce qui aurait pu se passer auprès des spectateurs si Le Seigneur des anneaux avait été condensé en un seul film de trois heures, par exemple. Le sentiment devant ce massacre est celui que ressentent beaucoup de lecteurs quand ils voient l’adaptation d’un film qui édulcore un roman.

La Partie 1 est résumée en moins d’une heure. Une voix off remplace les cartons qui expliquaient la situation. Dans la scène inaugurale, seul Cao Cao s’exprime. Les ministres n’ont pas droit à la parole. On devinait la méchanceté du Premier Ministre grâce à l’oiseau de l’Empereur qui traversait la cour pour se poser au creux de sa main. Toute cette lenteur pour faire imprégner son récit de mélancolie a disparu. Puis toutes les scènes sont expédiées. Le combat avec les boucliers qui servent de miroir arrive au bout de dix minutes ce qui intervertit l’ordre initial des scènes. John Woo avait bien pris soin de pratiquer le montage alterné entre cette bataille et le sauvetage du fils de Liu Bei. Cela a disparu. Tous les montages alternés qui donnaient du suspense ont disparu au profit d’un récit platement linéaire.

Il reste heureusement l’épisode de l’enfant qui joue de la flûte dans le palais du roi Zhu (Tony Leung Chiu-wai) qui montre sa bonté malgré son air martial. Mais l’épisode sur le moment de justice avec le buffle du vieux paysan n’est plus là. Dans notre version courte, le roi ne fait passer en parade ses soldats. Autant de beaux moments supprimés pour ne montrer que les batailles sans leurs tenants. D’une certaine manière, ce montage occidental ment sur les intentions initiales de John Woo. L’histoire de la mise à bas du poulain n’est plus présente rendant incompréhensible la remarque de l’épouse du roi au personnage de Takeshi Kaneshiro en fin de film.

Le personnage le plus sacrifié est celui de Xiang Shang (Zhao Wei) qui tient une grande importance dans la Partie 1 puisqu’elle tente de rivaliser avec les hommes pour faire la guerre à Cao Cao. Dans Les 3 royaumes, elle n’est plus que la sœur de Zhu. Elle aura ensuite une courte scène dans une bataille où elle sert d’appât au général du Premier Ministre. En revanche, quand elle est infiltrée dans le camp ennemi, seules les scènes d’espionnage sont désormais visibles. Son histoire d’amitié amoureuse avec le personnage du soldat idéaliste et naïf a été supprimée alors que c’était une des rares moments de légèreté et d’humour.

De la Partie 2, il ne manque donc à peu près qu’une heure. La scène des cadavres au typhus est vite expédiée, dans les deux camps. Le mage diabolique n’exerce plus et on ne voit même plus les crémations. Le personnage de Kaneshiro voit aussi sa métaphysique être mise à plat. Ses doutes et ses espoirs sont supprimés et l’histoire des flèches qui manquent au camp du Roi qui montrait sa loyauté n’est restituée que comme un morceau de bravoure.

Bref, ce sont tous les détails qui forment la psychologie des personnages qui ont été enlevés. Les conditions de vie ont également été édulcorées, comme juste avant la bataille finale où les soldats du Roi commencent à douter et à mourir de faim quand Zhu cherche à redynamiser ses troupes avec la cérémonie des boulettes de riz qui a disparu. Du coup, les rares scènes psychologiques qui subsistent paraissent un brin ridicules. En revanche, contrairement à ce qu’a écrit le critique du Monde, la scène de bataille finale (destruction des bateaux et siège du camp de Cao Cao) est pratiquement complète. Ce critique s’étonnait que d’une scène à l’autre, on passe de la nuit au jour. Mais il oublie que l’attaque commence à deux heures dans la nuit et qu’elle se poursuit longtemps (d’où sa longue durée dans le film) jusqu’au petit matin. Il constate l’incohérence du montage, mais pas aux bons endroits. C’est un métier de regarder les films. C’en est un autre de les comprendre.

Les 3 royaumes (Chine – Hong Kong, 2009) Un film de John Woo.

jeudi 26 mars 2009

Skinny Tiger & Fatty Dragon

Le Tigre c’est Karl Maka, grand maigre et chauve. Le Dragon c’est Sammo Hung, dodu et chevelu. Tous deux sont flics mais sont la honte de la police de Hong Kong. Difficile comment Skinny Tiger & Fatty Dragon a réussi à atterrir dans les bacs dvd de notre cher pays. Mais le film est là, une comédie policière balourde et vieillotte, misogyne et strictement commerciale. C’est Lau Kar-wing, le frère de Liu Chia-liang qui a réalisé ce film qui espérait sans doute faire aussi que les films de la Golden Harvest. Mais Lau Kar-wing est un tâcheron.


Les deux policiers commencent le film avec une petite enquête dans un magasin où des petites frappes viennent voler la caisse. Mais ils sont malins, Tigre se fait passer pour le caissier et fout leur raclée aux gredins. Parmi les voleurs, il y a dans son premier rôle Hung Yan-yan, avec des cheveux (voir la photo du bas). Il fait une courte apparition avant d’avoir quelques beaux rôles dans les films de Tsui Hark. Dans Skinny Tiger & Fatty Dragon, il aide Sammo Hung à diriger les combats.


Il n’y a pas vraiment de scénario intéressant dans le film. C’est une sorte de Police story. Les deux flics ne respectent guère la loi et se font réprimander par leur supérieur. Ils vont enquêter sur un trafic de drogue organisé par les triades, mais leur pouvoir fait que nos deux héros sont obligés de rendre leurs badges et leurs armes. Peu importe, ils vont tout faire pour mettre sous les verrous ce chef de triade. On a droit à des poursuites, des coups de feu, pas mal de morts, mais surtout à des belles chorégraphies de combats réglées par Sammo Hung. Le meilleur de ces combats a lieu à la fin du film entre un Lau Kar-wing déchaîné et nos deux flics.


Entre les bastons, il y a la comédie. Il ne faut pas chercher de grands gags visuels mais au contraire des blagues salaces au sujet des femmes de la part de Karl Maka. Son personnage vit avec une femme depuis trois ans, elle attend qu’il l’épouse, mais il préfère regarder le cul des filles. A la limite, on peut y voir une parodie du personnage de flic macho de Danny Lee. Entre Maka et Sammo, on trouve une relation hiérarchique naturelle où le chauve domine le gros et profite de la gentillesse de ce dernier. Karl Maka de toute façon essaie de d’escroquer tout le monde jusqu’à ce que ça lui retombe dessus. Sammo est plus sympa, mais il joue très en retrait son personnage de gentil benêt, comme si il ne croyait pas à son rôle. On se marre pas mal à condition de ne pas être trop regardant. Un film extrêmement mineur.


Skinny Tiger & fatty Dragon (瘦虎肥龍, Hong Kong, 1990) Un film de Lau Kar-wing avec Karl Maka, Sammo Hung, Lau Kar-wing, Carrie Ng, Ni Kuang, Woo Fung, Wanda Yung, Hung Yan-yan, Gabriel Wong, Ridley Tsui, Lung Ming-yan.




lundi 23 mars 2009

Iron Monkey


J’aurais adoré être une petite souris pour assister à la réunion de production de la Film Workshop quand Tsui Hark a appris que Jet Li était en train de tourner avec Wong Jing sa propre aventure de Wong Fei-hung. Il appelle Yuen Woo-ping au téléphone qui avait mis en scène la chorégraphie d’Il était une fois en Chine II, il lui dit qu’on va tourner l’enfance du héros chinois. Donnie Yen fera le père Wong. Et le scénario lui demande Yuen Woo-ping. On l’écrira pendant le tournage. Tu n’as qu’à tourner les scènes d’action, on trouvera une histoire après. J’imagine que ça a dû se passer exactement comme ça. Le tournage a dû commencer le lendemain pour une sortie rapide. Et puis, il a aussi appelé son autre chorégraphe vedette Yuen Bun, qui lui s’était chargé de Il était une fois en Chine III pour tourner le IV. Et hop, ça roule. On verra qui gagne le jackpot au box office.


Le titre de Iron Monkey se traduit par « le jeune Wong Fei-hung ». Il est là l’enfant, futur héros de la Chine avec son père Wong Kei-ying que l’on avait découvert dans Le Tournoi du lion et qui poursuivra les aventures dans La Danse du dragon, comme si Tsui Hark voulait bien indiquer que c’est lui qui possède la légitimité de la narration du Wong Fei-hung des années 1990. Peu importe l’acteur, ce qui compte c’est l’atmosphère. Cependant, le héros du film est double. Le Iron Monkey est un héros masqué genre Robin des Bois. Dans cette ville qui sert de cadre, le potentat local est un despote libidineux qui ne pense qu’à l’argent et au sexe. La population vit dans la pauvreté et la famine. Mais dans la vie, le singe de fer est médecin, c’est le Docteur Yang (Yu Rong-duang). Il pratique son métier avec la belle Miss Ho (Jean Wang).


Dans cette ville arrive les Wong, Donnie Yen et Tsang Sze-man. L’enfant imitant systématiquement les gestes de son père. Le tyran arrête tous ceux qui de près ou de loin rappelle les mouvements du singe. Et éventuellement les deux Wong. Ce dernier pour sortir plus vite de prison promet d’arrêter le vengeur masqué. Mais la population soutient le Iron Monkey et refuse d’aider Maître Wong. Il ne compris pas qu’un hors la loi puisse être admiré. Il est un partisan du respect de la loi. Mais le tyran tient en otage son fils et c’est le Docteur Yang qui va se charger de la faire sortir de prison. Dans le même temps, Maître Wong va comprendre, dans sa grande humanité, où se trouve vraiment le bien et me mal.


Toute cette ambiance de justice à rendre n’a qu’un seul but, montrer de beaux combats, si possible entre quelques moments d’humour. Yuen Woo-ping passe du combat poétique au potache en passant par l’ultra violent. La poésie est là quand Yang et Ho ramasse des papiers avec la grâce des mouvements de leurs corps dans un beau silence. Donnie Yen se bat, dans le combat final, avec l’Iron Monkey contre le Moine en chef sur des décors en feu. Le jeune Wong Fei-hung manie le bâton avec adresse pour éliminer une bande de vilains. Ce qui passionne dans Iron Monkey, passé un scénario classique, c’est la grande variété des combats tous d’une grande précision et d’un rythme haletant et souvent en plans séquence. Chaque acteur se bat avec son style propre et c’est magnifique.


C’est un film produit et tourné très rapidement. Ça se voit, ça se sent, mais c’est bon. Je ne vais pas dire que c’est l’un des perfections du wu xia pian, mais c’est énorme. On sent une aisance évidente à mettre en scène des mouvements qui frisent l’abstraction, comme l’avait fait Tsui Hark dans Il était une fois en Chine III. Plus Iron Monkey avance, et notamment avec l’arrivée du Moine, plus le réalisme s’en va sans qu’on ne ressente la plongée dans la folie supernaturelle. C’est que le personnage de Wong Fei-hung ne doit pas apparaître comme un homme mais comme une légende. C’est le but du film qui évoque dans sa dernière partie Swordsman II. Mais la guerre des studios étant ce qu’elle est, Iron Monkey n’a pas autant plu que Claws of steel, le Wong Fei-hung décadent et dégénéré de Wong Jing.


Iron Monkey (少年黄飞鸿之铁马骝, Hong Kong, 1993) Un film de Yuen Woo-ping avec Yu Rong-guang, Donnie Yen, Jean Wang, Tsang Sze-man, Yen Shi-kwan, James Wong, Yuen Sun-yi, Hau Yiu-chung, Lee Fai, Cheung Fung-nei, Chun Kwai-choi, Chan Siu-wah, Yip Choi-nam, Ko Man-dik.

dimanche 22 mars 2009

Il était une fois en Chine III : le tournoi du lion


Fin de la trilogie de Il était une fois en Chine. Trilogie ? Oui, pour Tsui Hark et Jet Li qui n’ont fait que trois aventures de Wong Fei-hung ensemble. Alors bien sûr, on sait que Tsui Hark a produit trois autres film et que Jet Li s’est fâché avec le cinéaste producteur démiurge. On le sait, il a engagé Wong Jing pour tourner un Wong Fei-hung alternatif (Claws of steel) et Tsui Hark a embauché le jeune Chiu Man-cheuk pour remplacer la star. Voilà pour la petite histoire de la saga.


Il était une fois en Chine III : le tournoi du lion commence par un complot lancé par l’Impératrice douairière qui, pour rehausser l’image de marque de la Chine auprès des forces d’occupation occidentales, décide de lancer un concours de danse du lion à travers toute l’Empire. Belle scène inaugurale toute en travelling somptueux, en plans clairs-obscurs qui alternent des scènes très éclairées dans le palais forcément grandiose. Un homme filme la scène avec une caméra ancestrale. Puis, le célèbre générique est lancé où, cette fois, ce sont des danseurs dans des lions qui se déploient au rythme de la chanson.


Wong Fei-hung (Jet Li) part cette fois à Pékin avec la 13ème Tante (Rosamund Kwan) et le fidèle Kuan (Max Mok). Wong va voir son vénérable père, Maître Wong (Lau Shun) qui dirige une fabrique de gueules de lion pour les défilés. Tante rencontre sur le quai de la gare un de ses amis, un Russe. Il lui a offert la caméra qu’elle tient, mais Wong fait immédiatement preuve de sa jalousie maladive et reconduit le Russe sans courtoisie. On en est donc dans la modernité du cinéma. La caméra de la Tante va prendre une grande importance dans le récit, jusqu’à devenir un personnage à part entière. La caméra va notamment révéler un complot contre le Premier Ministre.


Le Tournoi du lion se déroule, encore une fois, dans une période troublée. Dans ce Pékin au tournant du siècle, Tsui Hark s’attaque après les fanatismes religieux aux triades. L’incarnation du mal a deux visages, Maître Bai fabricant de lion qui cherche à éliminer ses concurrents et Pied-bot (Hung Yan-yan). Pied-bot est sans doute le plus beau personnage du film. Dans La Secte du Lotus Blanc Hung jouait le chef de la secte, aujourd’hui il est un combattant au service du mal. Yuen Bun, qui chorégraphie les scènes d’action, met les bouchées doubles pour assurer la présence de l’acteur qui vole la vedette à Jet Li (peut-être une des raisons de la discorde).


Pied-bot attaque ses adversaires avec des cris incroyables proches de ceux de la hyène ce qui les perturbe. Mais surtout, il virevolte sur les murs, s’envole dans les airs avec un rapidité démente. De ce point de vue, le film frise l’abstraction pure comme rarement on l’a vu y compris dans les films de fantômes des années 1980 produits par la Film Workshop. Pied-bot est la cheville ouvrière de son clan qui abuse de violence pour gagner le championnat. Mais lors d’un combat, Pied-bot est blessé et son clan l’abandonne. Là est la seule vraie d’émotion de toute la trilogie, bien plus grande que celle avec les enfants dans La Secte du Lotus Blanc.


Pied-bot veut se laisser mourir, sa jambe magique ne lui sert plus à rien. Wong Fei-hung dans sa grande humanité va alors le soigner et Pied-bot va devenir son nouveau disciple. Le grand moment du Tournoi du lion va pouvoir alors commencer avec sa compétition déchaînée de lions qui vont chercher à atteindre la récompense. Là encore, l’équilibre des combats menace de rompre à tout moment mais Tsui Hark en fait un morceau de bravoure.Dans le même temps, le complot contre le Premier Ministre se met en place. La caméra, qui avait enregistré les mouvements de kung-fu de Wong Fei-hung, sert de moteur à l’histoire. Par cet enregistrement incunable, où le père de Fei-hung découvre les qualités de son fils, Tsui Hark cherche à mettre le héros chinois au cœur de l’histoire de son pays.


Mais Wong Fei-hung a beau être un héros, il est aussi un homme. La 13ème Tante l’oblige à l’appeler par son prénom, Siu-chun. Encore une fois elle cherche à lui enseigner quelques rudiments de la culture occidentale, avec un gros moment burlesque quand elle lui demande de répéter I love you, sans lui en donner le sens. Si j’ai commencé ce texte en disant que c’était la fin de la trilogie, c’est surtout parce que Wong Fei-hung se résout enfin par demander en mariage Siu-chun. Une histoire se clôt pour eux. Pour les spectateurs, elle va continuer.


Il était une fois en Chine III : le tournoi du lion (Once upon a time in China III, 黄飞鸿 III:狮王争霸, 1992) Un film de Tsui Hark avec Jet Li, Rosamund Kwan, Max Mok, Hung Yan-yan, Lau Shun.

samedi 21 mars 2009

Tokyo sonata

Ça faisait un bon bout de temps que je n'avais pas aimé un film de Kiyoshi Kurosawa. Ça faisait de toute façon pas mal de temps que je n'avais pas vu un de ses films. Il faut dire que j'avais été tellement déçu par ce que j'avais pu voir depuis quelques années. Passons. Tokyo sonata m'a plu et je trouve que c'est un film très bien fait, bien construit et bien interprété.

Je ne me rappelle pas avoir déjà vu un film japonais qui parle du chômage. Souvent, on y voit des cols blancs comme le père de famille, mais il travaille toujours. Là, le père perd son emploi mais va le cacher à sa famille. A 46 ans, trouver un nouveau travail n'est pas une chose facile. Il faut d'abord affronter les longues files d'attente de l'ANPE locale. De nombreuses personnes (surtout des hommes) sont en file d'attente dans un escalier. Pour patienter, ils lisent. Et soudain, une voix appelle leur numéro et un agent expédie la rencontre. On ne propose au père, ancien cadre, que des métiers manuels qui l'humilient.

La vie de famille est rythmé par les entrées des membres de la famille. On se déchausse, la mère accueille chacun. Le père, chef de famille, se fait servir comme un roi. Il donne le départ du repas familial. C'est une ambiance lourde qui règne dans la famille, tout le monde se tait. C'est bientôt le mensonge qui va gangréner la cellule familiale. Le père ment sur son chômage, il ne dit rien à sa femme. Il rencontre un de ses amis et se rend qu'il est lui-même au chômage. Chaque jour, ils vont en costume cravate dans Tokyo et errent.

On ne comprend pas vraiment ce que fils fait comme métier. Il distribue des tracs aux passants. Il veut s'engager dans l'armée américaine. Mais son père s'y oppose puis doit accepter. Le plus jeune fils harcèle son professeur. Il est en CM2. Mais il veut apprendre le piano. Encore une fois et sans vraie raison, le père refuse. Il ira apprendre le piano en secret chez une voisine en la payant avec l'argent de la cantine. Chacun, petit à petit, se crée son secret. La mère est au milieu. Elle ne discerne pas ce qui est en train de se passer.

La famille coule, elle s'enfonce dans l'absurdité dès qu'elle quitte le domicile. Mais à l'intérieur de la maison, chacun tente de garder les apparences. Or, la mère ne travaille pas et devient le personnage central qui va faire révéler les secrets de chacun. Jusqu'à l'arrivée d'un cambrioleur qui va enfin la faire exister en faisant exploser sa personnalité.

Kurosawa filme à son rythme avec de beaux plans larges où la famille est filmée ensemble. Puis, on passe aux plans plus rapprochés et aux gros plans quand le chaos arrive. C'est un chaos salutaire qui finalement redéfinit la famille et qui ouvre des perspectives. Je ne saurai dire en quoi la lâcheté quotidienne est une réalité du Japon actuel. C'est plutôt sur le monde du travail que le constat est plus précis et accablant pour le Japon d'aujourd'hui.

Tokyo sonata (トウキョウソナタ, Japon, 2008) Un film de Kiyoshi Kurosawa avec Teruyuki Kagawa, Haruka Igawa, Yu Koyanagi, Kai Inowaki, Kyoko Koizumi, Koji Yakusho.

jeudi 19 mars 2009

24 City

Que dire sur ce film, présenté à Cannes en 2008, que tout le monde aime et sur lequel on parle beaucoup dans les revues de cinéma. Jia Zhang-ke est le nouveau héraut du cinéma de Chine continentale et 24 City est le fleuron d'un genre très prisé aujourd'hui le documentaire inspiré de fiction et inversement. Pour moi qui n'ai aimé ni The World ni Still life – ce dernier film étant le plus proche de cette approche fiction-documentaire – mon engouement pour 24 City ne risque pas d'être forcément énorme.

Sur ce préambule, on voit les intentions de Jia Zhangke. Construire un lieu de mémoire des ouvriers d'une usine qui va fermer. L'usine a été construite dans le sud ouest de la Chine quand la guerre de Corée a commencé. Auparavant, elle était près de la frontière coréenne. L'idée donc de 24 City est de raconter 50 ans de travail en Chine. Jia Zhangke, avec son fidèle chef opérateur Yu Likwai, fait parler en plan fixe six anciens ouvriers et ouvrières et deux enfants de ces travailleurs. Plus le film avance, plus jeunes sont les intervenants. Mais il brouille les cartes en faisant jouer par des acteurs professionnels ces ouvriers.

On y voit par exemple l'actrice Joan Chen incarner une ouvrière que l'on appelait Petite Fleur précisément à cause de sa ressemblance avec l'actrice Joan Chen qui débutait il y a 30 ans. Alors évidemment, il faut connaître l'actrice pour sentir la subtilité du procédé, un peu comme si Isabelle Huppert jouait une ouvrière que ses collègues appelaient Violette à cause de son rôle dans le film de Chabrol.

Entre les entretiens avec les ouvriers, Jia Zhangke montre les outils de travail de l'usine et montre le travail en lui-même. Il montre également le démantèlement de l'usine. Les outils de taille diverse qui sont démembrés pour être acheminés là où l'usine va être reconstruite, jusqu'à la destruction finale des murs. On y voit également des ouvriers qui restent muets, en plan fixe comme photographiés. Jia Zhangke ponctuent ses séquences de citation et de musique électro chinoise.

Jia Zhangke aime filmer les ruines de son pays sans que l'on sache vraiment si c'est une critique de l'économie néo-libérale actuellement en vigueur en Chine populaire ou si il souligne l'idée du renouveau perpétuel. Quoi qu'il en soit, même si le procédé commence à tourner au système et à franchement lasser, ce que racontent les intervenants demeure touchant. Ils parlent de leur douleur, de leur difficulté et effectivement, l'histoire des 50 dernières années de la Chine y est largement évoquée sous un prisme non glorieux.

24 City (二十四城記 , Chine – Japon, 2008) Un film de Jia Zhangke avec Jianbin Chen, Joan Chen, Lü Liping, Zhao Tao.

Sorties à Hong Kong (mars 2009)

A very short life (短暫的生命)

Un film de Dennis Law avec Maggie Shiu, Leila Tong, Samuel Pang. 86 minutes. Classé catégorie III. Sortie : 19 mars 2009



mardi 17 mars 2009

Il était une fois en Chine II : la Secte du Lotus Blanc


Les suites sont souvent meilleures que le premier film parce qu’une fois établis le contexte historique et les personnages principaux, le réalisateur peut à peu près tout se permettre. Tsui Hark a fait de la suite des aventures de Wong Fei-hung un film immense alors qu’il aurait pu se contenter de conter une simple copie de Il était une fois en Chine. La Secte du Lotus Blanc est sans doute le meilleur des six films de la série. Mais finalement, je préfère que cette nouvelle aventure ne reproduise pas Il était une fois en Chine, car j’ai toujours trouvé le film trop long et parfois appuyé, malgré ses grandes qualités.


Wong Fei-hung voyage avec Luan Kuan (Max Mok) et la 13ème Tante (Rosamund Kwan), dont on se sait toujours pas le prénom – on l’entendra dans ce film. La Tante est toujours à l’écoute de la modernité occidentale dans cette Chine du sud de 1895 – l’année de l’invention du cinéma, mais Tsui Hark n’y est pas encore. Après un voyage drolatique dans un train où ses deux compagnons ne savent pas manger les soupes à la cuiller et où ils vomissent tout leur repas devant quelques Anglais, la petite troupe débarque dans un coin troublé de l’Empire.


Ce qui trouble la ville est la Secte du Lotus Blanc qui nous est présentée en début de film. Cette secte prône la pureté et rejette la présence des étrangers. Hung Yan-yan sera le chef de cette bande de fanatiques qui n’hésitent pas dans leur repère à brûler un gentil chien « étranger » avec tous les meubles (horloges, commode, chaises) qu’ils ont pu trouver dans une ville largement colonisée par les Anglais ou les Français. Les membres de la secte dans leur sentiment anti-étrangers font preuve de beaucoup de violence. Ils font peur à la population comme au pouvoir mais ce dernier va tenter de les utiliser pour nourrir leur sentiment patriotique.


Tsui Hark sur ce point fait preuve de plus de finesse que d’habitude. On l’a souvent taxé de xénophobe et de ne pas faire dans la finesse sur ce sujet. Ici, il stigmatise la démagogie patriotique des hommes de pouvoir comme la vulgarité et l’égoïsme des occupants. Le préfet de police (Donnie Yen) libère les sectaires mais veut arrêter Lu Daoming (David Chiang) parce qu’il réclame l’union de la Chine tandis que dans la salle de bal, des musiciens chinois déguisés en costumes XVIIIe siècle joue une valse que seuls les Anglais dansent. C’est le fanatisme religieux que Tsui Hark veut dénoncer et toutes ses dérives.


Wong Fei-hung en ce sens ne peut rester neutre. Il représente la Raison parce qu’il est médecin, parce qu’il cherche à comprendre ce que l’Occident peut apporter de bon comme parce qu’il incarne la sagesse ancestrale grâce à sa grande connaissance des arts martiaux. Mais que faire face aux armes à feu des forces britanniques ou face au feu purificateur de la secte ? Wong Fei-hung devra user de tout son savoir et de toute sa force pour avancer. Il est également sensible aux enfants qui sont menacés par la secte parce qu’ils sont dans une école où on leur apprend les langues étrangères.


Mais Wong Fei-hung perd toute sa raison quand il s’agit de Tante Yee. Il est évidemment amoureux d’elle comme elle est éprise de lui – elle lui dira d’ailleurs au cours du film. Seulement voilà, Kuan est également amoureux de la Tante. On a droit à tout un ballet pour savoir qui pourra aider Tante Yee quand elle se fait mal. Dans ces cas-là, Wong Fei-hung fait preuve d’une grande autorité pour éliminer de sa cour Kuan, qui apparaît comme l’amoureux dépité. Toute cette amourette provoque des moments comiques dans un film de bruit et de fureur. Là encore Wong Fei-hung fait preuve de grande maladresse envers Yee. Il tente de lui apprendre les rudiments du kung-fu, comme elle lui a appris à manger avec des couverts. Mais il la brutalise alors qu’elle ne rêve que d’être prise dans ses bras. Tsui Hark montre cela dans une scène onirique (ou d’imaginaire) en ombres chinoises.


Si le couple ne se forme pas encore – ils auront d’autres aventures à mener dans les autres films et donc d’autres occasions de mettre à l’épreuve leurs sentiments – en revanche, on sait que Jet Li est aussi là pour se battre. Deux séquences majeures concluent le film. Un combat contre Hung Yan-yan dans l’antre de la Secte du Lotus Blanc où Jet Li se fait passer pour un Dieu. Les deux hommes vont monter sur un assemblage de tables qui menace de tomber à chaque coup. Un dernier combat contre Donnie Yen dans une rue très étroite où Donnie Yen se bat avec un drap en guise de bâton. Deux combats à la chorégraphie millimétrée et d’une grande beauté.


Ce qui frappe le plus dans La Secte du Lotus Blanc est le soin extrême avec lequel Tsui Hark a composé chacune des composantes de son film. Jet Li n’a jamais été aussi imposant de simplicité et de charisme. Son jeu est en parfaite adéquation avec le message que veut donner le film. La romance s’imbrique logiquement dans le récit historique, les combats répondent aux thèses patriotiques. Un déluge de plans plus beaux les uns que les autres. Un recueil anthologique de séquences brillantes.


Il était une fois en Chine II : la Secte du Lotus Blanc (Once upon a time in China II, 黄飞鸿 II:男儿当自强, Hong Kong, 1992) Un film de Tsui Hark avec Jet Li, Max Mok, Rosamund Kwan, Donnie Yen, David Chiang, Hung Yan-yan, Zhang Tie Lin, Yen Shi-Kwan, Paul Fonoroff