Au pied d’un grand immeuble, un jeune homme attend. Il regarde en l’air. Il veut monter mais l’ascenseur est en panne. Il décide de monter à pied jusqu’au toit. Somchai (Pierre Png) porte une belle chemise blanche qu’il enlève, plie comme il faut, pose dessus ses petites affaires et s’apprête à grimper sur le parapet. Mais il a le vertige et recule. A l’autre bout de la terrasse, Gogo (Fresh) se tient bien droite sur ses talons, prête à sauter. Elle porte une minijupe et des cheveux colorés. Somchai s’approche d’elle et engage la conversation.
Tous deux étaient là pour se suicider pour des raisons que Nothing to lose va donner au fur et à mesure de son récit mouvementé. Mais en attendant de se donner la mort, Somchai et Gogo décident d’aller manger un bout. Comme ils n’ont pas d’argent, ils s’enfuient du restaurant après s’être goinfrés. Et ils vont continuer leur chemin en duo à toute vitesse. Un passage à la banque où ils pourraient faire un hold up. Un passage à l’appartement de Gogo où elle récupère des vêtements pour Somchai. Un vol de perruques dans un magasin.
Etape dans un motel minable tenu par un tenancier complètement follasse. La chambre est toute crasseuse et Gogo exige que Samchoi dorme sur le sol. Mais lui trouve la fille tout à fait à son goût et aimerait bien que le duo se transforme en couple. Après tout, s’ils n’ont rien à perdre, ils n’ont qu’à baiser ensemble. Gogo refuse tout net et ils partent dans la ville, le lendemain matin, faire un petit casse dans un magasin. Et Somchai emmène Gogo dans le tripot où il joue et perd beaucoup d’argent. Et évidemment, ils vont jouer et perdre beaucoup d’argent et avoir le patron du tripot sur le dos.
Jusqu’à présent, Nothing to lose se démène pour être une petite comédie colorée au rythme trépidant. Le montage effectué par le réalisateur et un autre de ses frères y est pour beaucoup. Plans courts, montés cut, dialogues débités à toute vitesse. Dès son premier film, Danny Pang programme son style proche de celui de Wong Jing. Style américain si l’on peut dire, ou tel qu’il l’imagine. Et justement, le film va plonger dans le policier après avoir traversé la comédie par le truchement d’un super-flic, comme il se présente lui-même.
Ce flic enquête sur ce couple. Il prétend avoir fait ses armes au FBI et tout connaitre de la psychologie de « Bonnie and Clyde » comme il aime à appeler Gogo et Somchai. Parce que le spectateur découvre les tenants et aboutissants de leur vie minable, il se crée une tension entre le comique involontaire du flic filmé au premier degré et un suspense inhérent à son incompétence. C’est dans cette tension que Nothing to lose trouve sa saveur. Danny Pang joue sur l’attente du spectateur qui doit s’identifier (ou au moins prendre en sympathie) deux losers. Et ce pari est plutôt réussi sans changer quoi que ce soit du cinéma d’action.
Nothing to lose (1+1 เป็นสูญ, Thaïlande, 2002) Un film de Danny Pang avec Arisara Wongchalee, Pierre Png, Yvonne Lim, Nimponth Chaisirikul.