vendredi 18 septembre 2009

Big brother / Mr. Canton and Lady Rose


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Big brother, le chef d’œuvre de Jackie Chan, sort enfin dans sa version intégrale de deux heures et trois minutes. Metropolitan Films a choisi de conserver le titre d’exploitation de l’époque en VHS. On peut donc abandonner la vieille cassette éditée par René Château et qui avait coupé 45 minutes de film. Seules les scènes d’action et l’histoire avec Anita Mui avaient été conservées, ce qui lui permettait de conserver pourtant une relative armature scénaristique. C’est dire si le film de Jackie Chan est solide malgré les charcutages. Le récit de Big brother est à la fois foisonnant et d’une rigueur extrême. La limpidité même.

Kwok Chen-wah (Jackie Chan) arrive à Hong Kong de Chine. Nous sommes dans les années 1930. Il n’a pas beaucoup d’argent et cherche du travail. Il se fait escroquer par un bonimenteur qui lui demande son argent pour l’inscrire pour l’embauche. Mais le lendemain, tous ceux qui avaient payé une avance se voient refuser l’entrée dans l’usine. Chen-wah s’en va dépité et tombe sur Madame Rose (Gua Ah-leh) qui veut lui vendre une rose qui lui portera bonheur. Il en a bien besoin mais n’a guère d’argent. C’est alors qu’arrive la voiture, à toute vitesse, d’un parrain des triades. Il est poursuivi par les hommes de Duan. Tout se termine dans une ruelle où la voiture s’engouffre. Le parrain meurt dans les bras de Chen-wah venu porter secours. Le parrain aura pris soin de le montrer du doigt ce qui pour l’oncle Hai (Wu Ma) et Hei (Lo Lieh), pourtant le successeur désigné, suffit à le désigner comme le nouveau chef du clan.

Une toute nouvelle vie va commencer pour notre jeune et naïf héros qui lors de sa première rencontre avec ses hommes leur demande d’être honnêtes et de respecter la loi. Ce qui a pour effet de tous les faire rire. Mais il va devoir leur prouver sa force et il fait un bras de fer avec l’un des gars les plus costauds. Pour que son poulain passe l’épreuve, Hai est toujours derrière Chen-wah et brûle la main du costaud avec son cigare. Hai, vêtu du costume traditionnel chinois, alors que les autres hommes sont en costumes occidentaux, est le conseiller de Chen-wah, un homme de main et de conseils, l’éminence grise et le régent. Il veille à ce que tout se passe comme il faut. Au début, Chen-wah ne sait pas quelles décisions prendre mais petit à petit il prend ses marques. Puis, quand le récit commence à partir dans de merveilleux quiproquos, Hai, le personnage de Wu Ma, reste derrière les aventures débridées dont il ne peut plus tirer les ficelles. C’est finalement la place du spectateur, donc de nous, qu’il endosse, l’observateur amusé de toutes et bévues de Jackie Chan et d’Anita Mui.

Anita Mui est Yang Lu-ming. Elle arrive dans la vie de Chen-wah quand celui-ci a décidé de faire du grand hôtel un cabaret. Lu-ming est la fille d’un homme qui devait de l’argent au parrain décédé. Elle vient régler les dettes de son père mais n’a pas d’argent. En revanche, elle sait chanter et danser. Elle deviendra la star du cabaret. C’est dans Big brother que l’on peut l’entendre chanter Rose, rose I love you. Il n’y a qu’une scène de cabaret chantée et dansée, mais elle est tournée avec beaucoup de soin et de luxe montrant que Jackie Chan n’a pas lésiné sur les moyens son film. Les décors du cabaret sont somptueux et la caméra de Jackie Chan filme avec une grande délicatesse (superbes mouvements de caméra) le cabaret. Cela servira pour plus tard quand un mouvement de scénario rendra l’accès au lieu difficile. Bien entendu, une romance commence entre Lu-ming et Chen-wah. Cette histoire d’amour est décrite comme naturelle sans embûche (tos deux sont de simples conditions).


Mais Lu-ming est une forte tête face à la faiblesse relative de Chen-wah. C’est alors qu’arrive l’histoire de Madame Rose qui vend toujours une rose à Chen-wah chaque matin pour lui porter chance avant chaque rendez-vous d’affaires. Un matin, elle est introuvable. Chen-wah va chez elle dans un quartier pauvre. Elle est malade parce qu’elle fait croire à sa fille, restée en Chine, qu’elle est une dame du monde et qu’elle vit dans un grand hôtel. Or, Madame Rose vient d’apprendre que sa fille venait à Hong Kong avec son fiancé et son futur beau-père. Lu-ming décide d’installer Madame Rose dans un palace et de lui trouver un mari. Ce sera Bill Tung, justement l’homme qui avait escroqué Chen-wah au début du film. C’est alors qu’un déluge de quiproquos commence tous plus mal gérés les uns que les autres par le couple vedette. Pour notre plus grand plaisir.

Il faut cacher à la fille de Madame Rose qu’elle est très pauvre et que Bill Tung n’est pas son vrai mari. Mais, il faut surtout empêcher l’inspecteur Ho (Richard Ng) de découvrir la chose. L’inspecteur Ho cherche à faire affaire avec le futur beau-père, un riche homme chinois. Or Ho est constamment en chasse contre Chen-wah et son clan. C’est un Richard Ng burlesque qui incarne ce pauvre inspecteur qui va en voir de toutes les couleurs d’autant qu’il est aidé par un assistant (Mars) des plus incompétents. Les portes et les couloirs vont se remplir de mensonges, de personnes qui se font passer pour d’autres et tout va se compliquer dans l’imbrication des différentes pistes narratives.

Big brother ne manque jamais d’humour. Quelques personnages secondaires sont très drôles comme Tang (Billy Lau), l’assistant de l’oncle Hai, un gros à lunettes, qui se voit toujours rabroué par son patron et qui réplique, quand il a fait une bêtise, qu’il doit aller laver la voiture. Ce comique de répétition est croustillant. Dans les caméo nombreuses du film, on peut remarquer Jackie Cheung, Yuen Biao dans l’esquisse d’un mendiant, Ricky Hui qui est le voisin de Madame Rose. La scène de répétition des rôles des notables pour donner une fausse réception est hilarante. Tous les employés et les porte-flingues doivent faire croire qu’ils sont des hommes du monde mais tous se disputent entre eux, se jalousent et font n’importe quoi. Un grand moment de comédie.

Jackie Chan n’oublie pas non plus l’action avec la scène finale dans un entrepôt de cordes qui appartient à Duan. Trahi par Lo Lieh, Jackie Chan se retrouve avec une trentaine d’adversaires contre lesquels se battre. La scène commence dans la rue où Jackie Chan utilise chaque objet d’un marché de légumes comme arme (aïe avec le durian) puis est emmené dans l’entrepôt où les acrobaties durent un bon quart d’heure. Il saute d’un niveau à l’autre, se casse la figure, donne de nombreux coups de pied et poing, dans un montage d’une grande précision et sans effets spéciaux, il va s’en dire. La chorégraphie des combats est d’une grande beauté. C’est la limpidité de Big brother qui frappe le plus. L’aisance de la narration et le soin apporté à tous les éléments qu’il serait très long à décrire. Entre les gimmicks (le chapeau de Chen-wah) et le récit au long cours, Jackie Chan a tenu son film jusqu’au bout. La comédie, l’action et la romance n’ont jamais fait aussi bon ménage. Mieux qu’une réussite, un chef d’œuvre à voir, revoir et voir encore maintenant qu’il est édité en dvd.

Big brother (Miracles The Canton godfather / Mr. Canton and Lady Rose , 奇迹, Hong Kong, 1989) Un film de Jackie Chan avec Jackie Chan, Anita Mui, Gua Ah-leh, Wu Ma, Richard Ng, Bill Tung, Gloria Yip, Lo Lieh, Billy Chow, Chor Yuen, Ricky Hui, Ken Lo, Yuen Biao, Jacky Cheung, John Sham, Simon Yam, Anthony Chan, Lawrence Cheng, May Lo, Mars, Tai Bo, Ray Lui, Lui Fong, Billy Lau, Amy Yip, Kenny Bee, Lau Siu-ming, Wu Feng, Melvin Wong, Alvina Kong, Lee Hoi-sang, Michael Chow, Shum Wai, Jue Tit-woh, Fung Hak-on, Regina Kent, Chan Ging, Mondi Yau, Suki Kwan, Edmond So, Law Lan.

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