lundi 15 octobre 2012

Baby Cart : Le territoire des démons


La cinquième et avant-dernière aventure du loup solitaire à l’enfant voit le retour à la mise en scène de Kenji Misumi pour un récit entièrement tourné autour d’un complot lâchement ourdi par l’ignoble Retusdo Yagyu, désormais borgne depuis qu’Itto Ogami lui a crevé l’œil droit dans leur précédent affrontement. Baby Cart : Le territoire des démons déploie une histoire un peu complexe (parfois un peu trop) où chaque personnage rencontré et combattu apportera un nouvel indice sur la mission de l’ancien bourreau du shogun.

Le film s’ouvre sur une séquence en montage alterné. D’un côté le calme d’avant la bataille de Ogami poussant Daigoro dans son landau. De l’autre, des cavaliers sur leur monture au galop. Chacun de ces cavaliers et un membre du clan Kuroda. Ils portent un masque sur lequel est dessiné un bœuf. C’est ainsi qu’Ogami les reconnait. Ce dernier devra les affronter et chaque adversaire donnera un indice sur la mission juste avant de trépasser. Par cette mise en scène, Baby Cart : Le territoire des démons trouve un moyen astucieux de prolonger le suspense du but de la mission. Chaque indice est amené sous la forme d’un court flashback aux couleurs sépia. Une fois le cinquième cavalier mort, Itto Ogami, comme le spectateur, connait le fin mot de l’histoire. Un seigneur local a décidé de faire de sa fille illégitime, née de sa maîtresse, son héritière au trône, déchant son fils naturel. Un décret est signé qu’un prêtre félon et allié du clan Yagyu doit délivrer au shogun. L’objectif d’Ogami est simple : supprimer le prêtre pour que le parchemin n’arrive jamais à bon port et que la supercherie ne s’accomplisse pas.

Sans pourtant pousser trop loin le côté gore, Baby Cart : Le territoire des démons est l’un des épisodes les plus violents où la couleur rouge est le fil conducteur. Des baies que cueille Daigoro en ouverture du film jusqu’à l’eau du lac qui se remplit du sang sous les coups du sabre d’Ogami en passant par la robe rouge du prêtre et les colliers rubigineux des cavaliers. Moins de sang gicle que dans les autres épisodes, mais les gros plans sur les plaies sont fréquents. Kenji Misumi va jusqu’au grotesque en montrant un corps d’homme tranché à la taille. Ce qui compte, ce sont moins les combats courts et abrupts que leur mise en place et le cérémonial qui s’y attache. Cette couleur rouge vif tranche d’autant plus qu’il est complémentaire de la teinte glauque (glauque étant une couleur tirant entre le bleu et le verdâtre) sur laquelle il se place.

Comme dans Baby Cart : L’âme d’un père, le cœur d’un fils, Daigoro a ses propres péripéties. Tandis que son père combat un cavalier, l’enfant part regarder des bateleurs au village. Là sévit une voleuse de portefeuille qui, poursuivie par un officier, met dans les mains du petit son butin. Elle lui demande de ne rien dire. Arrêté, le gamin sera torturé nu en place publique sous les yeux de son père silencieux mais admiratif que son fils respecte la parole donnée. Cette scène où un enfant est battu est à mettre en parallèle avec le sort que va réserver Ogami à la jeune héritière illégitime du seigneur local. Parce que le code d’honneur n’a pas été respecté, il sera sans pitié. Cette intransigeance du samouraï n’est pas la moindre des violences de Baby Cart : Le territoire des démons.

Baby Cart : Le territoire des démons (子連れ狼 冥府魔道, Japon, 1973) Un film de Kenji Misumi avec Tomisaburo Wakayama, Akihiro Tomikawa, Akira Yamauchi, Hideji Otaki, Taketoshi Naitô, Fujio Suga, Rokko Toura, Shingo Yamashiroas, Tomomi Sato, Michiyo Ookusu, Koji Fujiyama, Sumida Kazuyo, Bin Amatsu, Taizen Shishido, Eiji Okada, Minoru Ohki.

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