dimanche 3 novembre 2013

My name ain't Suzie


L’intérêt principal de My name ain’t Suzie est de voir Anthony Wong dans son tout premier rôle au cinéma. L’acteur, qui n’avait fait que de la télé, est crédité, dans cette production Shaw Brothers, sous le nom d’Anthony Perry. A cela il y a une raison scénaristique. Il faut admirer ses cheveux ondulants et ses chemises occidentales qui contrastent avec les autres acteurs chinois, il incarne Jimmy un jeune métisse à la recherche de son père américain qu’il n’a jamais connu. Nous sommes au milieu des années 1950.

Jimmy traine la plupart du temps dans le Lucky Bar tenu par Lin Yuk (Angela Yu), surnommée Little Lady. Une main de fer dans un gant de velours. Il est devenu son amant bien qu’elle puisse être sa mère. Il ne l’aime pas vraiment, regarde toujours les jeunes femmes qui travaillent dans le bar. S’il traine là, c’est parce que le lieu est fréquenté par des marins à qui Jimmy demande s’ils connaissent son père. Il montre une photo de son père qui jouxte celle de James Dean, son idole.

Parmi toutes les filles qui servent à faire cracher leur argent à ces marins américains, Chiu-mei (Pat Ha) est celle qui intéresse le plus Jimmy. Elle vient de la campagne sans vraiment comprendre qu’elle serait son métier à Hong Kong. Elle pensait juste se faire un peu d’argent et revenir aider sa famille. C’est Monie (Betty Ting) qui l’a convaincu de venir travailler au Lucky Star. Monie était de son village et elle a réussi dans la vie, comme on dit. Chiu-mei veut, comme Monie, avoir de belles robes.

La première partie de My name ain’t Suzie est consacrée à l’apprentissage de Chiu-mei qui adopte le pseudonyme de Mary. On découvre les jeunes recrues toutes naïves devant le maquillage qui sent mauvais selon leur critères, le dédain des employées déjà blasées alors qu’elles ne doivent avoir que quelques mois d’ancienneté et l’apprentissage de la séduction avec un slogan imparable à sortir aux marins « no money, no horny », soit pas d’argent, pas de plaisir. Le film en reste aux clichés sur le changement des jeunes filles qui passent de le tenue traditionnelle aux belles robes colorées et sexy.

Quand Jimmy et Chiu-mei commencent à flirter, Little Lady voit rouge. La patronne se sent vexée d’être mise sur le banc. Puis Jimmy quitte le film quand il retrouve son père. Avec sa cousine Leung, Chiu-mei décide de quitter la boite à marins pour fonder sa propre entreprise avec les risques du métier. En l’occurrence, le poids des triades qui commencent à sévir. Elles vont se faire aider par Wong Ying (Deannie Yip, la future grand-mère de A simple life d’Ann Hui), personnage androgyne qui porte le pantalon et fume le cigare. Leur duo est croustillant.

Le film d’Angela Chan joue sur plusieurs tableaux. C’est d’abord un film d’époque qui se déroule sur une vingtaine d’années. Elle montre la transformation de Hong Kong par le prisme de l’évolution des mœurs en se concentrant sur un quartier unique. Mei-li était une jeune fille innocente, elle deviendra une proxénète aguerrie. C’est surtout une romance contrariée parfois un peu poussive. La conclusion, un peu moralisante, se veut plus mélancolique quand Mei-li se rend compte qu’elle a raté sa vie amoureuse.

My name ain’t Suzie (花街時代, Hong Kong, 1985) Un film d’Angela Chan avec Pat Ha, Angela Yu, Betty Ting, Anthony Wong, Deannie Yip, Kwan Yik-nam, Lee Sze-ping, Colette Goo, Kelvin Wong, Wong Wai, Che Fong.

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