Je n’avais jamais vu Crocodile, le premier film de Kim Ki-duk. Arte vient de le diffuser, assez tard dans la nuit. Le film est disponible une semaine en VOD sur le site internet de la chaîne, mais uniquement entre 23 heures et 5 heures du matin, compte tenu de sa violence.
Le moins que l’on puisse dire c’est que déjà Kim Ki-duk n’était pas un optimiste. Et aussi qu’il évoquait les sujets qui ont fait de lui un auteur du cinéma coréen les plus reconnaissables : la violence physique et psychologique, le goût des personnages en marge de la société, la frustration sexuelle et l’eau.
Crocodile suit le parcours de trois clochards : un grand-père, un enfant et le surnommé Crocodile interprété tout en nervosité par Jo Jae-hyun, qui sera le temps de quelques films l’acteur phare du cinéma de Kim Ki-duk. Ces trois hommes de trois générations différentes vivent au bord du fleuve dans un campement de fortune. L’histoire ne dira pas si les trois marginaux sont de la même famille. Ils survivent en mendiant, en vendant des chewing-gums, ou encore des canettes vides.
Le crocodile est un homme sauvage. Il rencontre un jour une jeune femme et, d’une certaine manière, l’enlève. Pas franchement romantique, il la viole, la frappe (ah, ces gifles doivent faire mal), mais elle reste dans la troupe pour une raison inexplicable et inexpliquée. Le crocodile, comme son surnom l’indique, plonge parfois dans le fleuve pour s’échapper de son monde. Il y a installé un salon.
Le personnage de Jo Jae-hyun frappe tout le monde et notamment le gamin avec qui il va monter une petite escroquerie de minables où ils tentent de vendre de quoi augmenter la taille du sexe. C’est bien le comble qu’un frustré de première vende un substitut sexuel. Lui-même qui viole une jeune femme tous les soirs. Il rencontre un soir un type dans un bar. Il ne s’aperçoit pas qu’il se fait draguer par cet homme. Jo Jae-hyun va lui casser la gueule et l’autre se venger en l’accusant de meurtre. Car le type travaille avec la police et esquisse pour elle des portraits robots.
L’image de Crocodile est déjà intéressante, toute en clair obscur qui décrit bien la noirceur de la vie du crocodile, ses sentiments contrastés et son désespoir. Tout cela ne se terminera pas dans la joie, bien entendu. Là est peut-être l’écueil de Crocodile, comme de la plupart de films de Kim Ki-duk qui préfère le romantisme au réalisme.
Crocodile (악어, Corée, 1996) Un film de Kim Ki-duk avec Jo Jae-hyeon, Jeon Moo-song, Ahn Jae-hong, Woo Yun-kyeong
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