samedi 2 février 2008

Justice, my foot !


C’est au sommet de sa gloire que Stephen Chow fait appel à Johnnie To pour réaliser Justice, my foot !, film qui inaugure une trilogie de films en costumes traditionnels se déroulant en Chine féodale. Stephen Chow y sera un avocat brillant mais vénal, ce qui bien sûr sera la cause de la plupart de ses soucis.

La séquence d’ouverture est très drôle. Un jeune maître arrogant se promène avec son chien, un chien américain énorme, méchant et baveux, pas un petit pékinois. Le molosse mort un vendeur de viande. Le juge arrive sur place, un vieillard quasi sénile et facilement influençable. Or, le jeune maître demande de l’argent au commerçant mordu car il craint que son chien nattrape des maladies. Le juge comprend les arguments et met le vendeur à l’amende. C’est alors qu’arrive Sung Shih-chieh (Stephen Chow) avec son employé Fu (Wong Yat-fei, celui qui sera Tête d’acier dans Shaolin soccer). A force d’arguments, de coups de pied au cul et d’une ruse mordante, Sung parvient à retourner l’avis du juge.

Sung est marié à une femme qui vole à fort tempérament. Elle est interprétée par Anita Mui, la star féminine la plus populaire à l’époque à Hong Kong. Elle traverse la rue sur la tête des gens, sur un plateau rempli de tofu frais et d’autres objets encore pour empêcher qu’un pot de fleur ne tombe sur la tête du juge. Les effets spéciaux de ce genre sont réglés par Ching Siu-tung, qui travaillera beaucoup avec Johnnie To à cette époque. Monsieur et Madame Sung ont un enfant ensemble, un charmant nourrisson qui meurt noyé dans un puits. Ils décident alors de changer de vie et de ville tandis qu’elle tombe à nouveau enceinte.

Sur leur chemin, ils rencontrent d’autres voyageurs dont Madame Yang qui est très pauvre et enceinte. Son mari meurt, sans doute d’empoisonnement, elle réclame justice. C’est alors que le couple fait la rencontre d’un juge plus rigoureux, Monsieur Ho (Ng Man-tat) qui va changer leur vie puisqu’il condamne Sung à la prison. Ng Man-tat est fidèle au poste de l’homme trouble qui passe en une seconde du plus joli sourire au regard les plus noir. Le félon par excellence.

Justice, my foot ! n’est pas le meilleur film de Stephen Chow, loin de là. Et des trois films autour de la justice, c’est le plus faible en terme d’humour et de scénario en tout cas. Le souci principal de Justice, my foot ! est qu’il n’est pas structuré autour d'une intrigue suffisamment puissante pour tenir tout au long du film. Il est en revanche possible de rire à un grand nombre de gags essentiellement de situation (les deux messagers homos, les deux gardes de Ng Man-tat, les pets de ce dernier et à n’importe quel gag de Stephen Chow, bien entendu) ou des dialogues drôles (la plaidoirie de Anita Mui ultra rapide, les conversations mentales, les mots qui manquent dans les missives et à n’importe quelle réplique de Stephen Chow, cel va sans dire), ou de parodie (du Silence des agneaux ou de A toute épreuve). Johnnie To sait faire fonctionner les gags mais ne se préoccupe pas de son récit. Les scènes d’action de Ching sont, comme souvent, survoltées et dans les teintes bleues.

Justice, my foot ! sera le plus grand succès commercial de 1992, année largement dominée par Stephen Chow qui jouait dans les cinq plus gros cartons au box office (les deux Royal tramp de Wong Jing, le nanar All’s well ends well et King of beggars de Gordon Chan). Conséquence directe, Stephen Chow et Johnnie To décidèrent d’enchaîner l'année suivante avec un autre film, le médiocre The Mad monk où les deux hommes se fâcheront et qui sera terminé par Ching Siu-tung. Il est vrai que les univers de To et de Chow sont assez incompatibles.

Justice, my foot ! (审死官, Hong Kong, 1992) Un film de Johnnie To avec Stephen Chow, Anita Mui, Ng Man-tat, Carrie Ng, Wong Yat-fei, Leung Ka-yan, Eddy Ko, Paul Chun, Yuen King-tan.

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