Deuxième film de Wong Ching-po,
Le jeune Yik (Shawn Yue) travaille dans un restaurant. L'air blasé dans sa tenue blanche de cuisinier, il attend un coup avec un de ses potes. Son pote (Edison Chen) a tout de la parfaite petite frappe. Et quand le téléphone sonne, qu'ils répondent et qu'ils comprennent qu'ils sont dans la liste de sélection pour un contrat, alors, il n'y a plus de tenue de cuisinier qui tienne. Yik quitte sa tenue, son pote ricane comme une hyène devant le chef cuistot. C'est un autre genre de chef qu'ils veulent, ces deux idiots, un chef de triade.
L'habit fait le moine dans
Il y a plein de filles avec des perruques vertes, un type tatoué de la tête aux fesses, mais qui n'est pas un membre des triades, mais un pauvre type que Yip va tuer parce que le tatoué est avec la fille qui va désigner le tueur. Pourquoi tuer M. Hung ? On se moque de la raison, l'important est de savoir qui est le commanditaire. Les suspects sont nombreux. Tout d'abord, le plus proche de M. Hung, Lefty. Jacky Cheung, appelé ainsi parce qu'il a perdu sa main droite en protégeant M. Hung. Lefty a lui aussi un rire de hyène. Il ne sera une surprise pour personne de lire dans les parcours alternés entre les deux jeunes apprentis mafieux et entre M. Hung et Lefty des similitudes formelles et biographiques. Similitudes à chercher sans doute dans As tears go by de Wong Kar-wai où ils avaient les mêmes rapports.
La vraie question qu'on a envie de poser est de savoir pourquoi ces gars s'habillent avec un aussi mauvais goût. Lefty a des fringues pas possibles, aux couleurs criardes, une queue de cheval ringarde. Il en fait des tonnes ce personnage de Lefty, à la fois dans l'amitié, quand M. Hung annonce qu'il a un fils, et dans la loyauté, quand M. Hung veut justement arrêter d'être chef de bande à cause de la naissance de son fils.
L'habit fait le moine et les fringues de marque font le mafieux. Incroyable personnage que celui de Cobra, l'homme qui vend des armes et à qui s'adresse Shawn Yue (on ne lui a donné qu'un couteau pour tuer Andy Lau). Lunettes incroyables, manteau au col fourré porté torse nu sur un pantalon digne des collants de Robin des Bois. Il n'est du coup pas étonnant que quand M. Hung annonce se retirer du milieu, il décide de porter un costume sobre. Ce système fonctionne dans les deux sens.
Les films actuels de triade jouent tous le décalage de la narration classique. Jouer les moments de creux, privilégier l'hommage au western, faire d'un drame une comédie ou ici montrer qu'être mafieux c'est d'abord se penser comme tel. Par les attributs. Ensuite, la parole vient toute seule.
Dialogue à trois au téléphone entre Eric Tsang et deux autres pontes où les trois habillés en noir portables aux oreilles traversent des couloirs où des jeunes mafieux en blanc prennent un toast. Scène entre Shawn Yue et Edison Chen et Cobra, le vendeur d'armes, filmé entre une grille comme pour annoncer un dialogue de sourds. Scène entre Lau et Cheung où ça n'est pas la caméra qui tourne autour de la table, mais la table qui tourne devant la caméra. Ou encore, une discussion dans les toilettes.
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