lundi 3 mars 2008

Terracotta warrior


Terracotta warrior est une nouvelle histoire de fantôme chinois. Chins Siu-tung nous entraîne dans une épopée à travers les siècles où Zhang Yimou et Gong Li sont des amants éternels…

Entre deux Histoires de fantômes chinois, Ching Siu-tung a tourné Terracotta warrior, le soldat en terre cuite. Ching est un réalisateur de l'écurie Tsui Hark, ici crédité comme producteur et aux effets spéciaux. Zhang Yimou est l'acteur principal du film, ce fameux soldat en terre cuite. Il est aussi crédité comme superviseur du métrage. Terracotta warrior a sans doute été fait à trois, ce qui lui donne une certaine énergie.

Tout commence il y a 3000 ans ou presque. Mong (Zhang Yimou) est l'architecte de l'Empereur fondateur de la dynastie Qing. Il construit, avec l'aide de 50.000 ouvriers le tombeau impérial dans la région du Xi'an. L'Empereur, tout habillé de noir, est un homme cruel. Ainsi, lors d'une visite à son futur tombeau, forcément gigantesque, un rebelle tente de l'assassiner. Son impopularité est due à son absence de pitié. Ses gardes n'ayant pas réussi à le protéger du rebelle, il les décapite tous de son sabre. Or, c'est Mong qui le sauve et l'Empereur décide de le nommer garde personnel.

Avoir un tombeau, c'est bien. Mais être immortel, c'est mieux. L'Empereur convoque des savants pour trouver une formule d'immortalité. Or, ce sont des charlatans. Menacés de mort, ils indiquent où trouver cette fameuse formule. L'Empereur et Mong partent pour les trois Monts de l'Immortalité avec une escouade de cinq cents vierges. Parmi elle, la très belle Tong-yi (Gong Li) dont Mong tombe amoureux, ce qui provoque la colère de son souverain. La formule est trouvée, Mong l'absorbe, ainsi qu'une bonne partie des soldats. Cependant la vengeance de l'Empereur est grande. Il condamne Mong à devenir un soldat en terre cuite et Tong-yi à être brûlée vive. C'est la triste fin de ce couple d'amoureux.

Au bout de moins de quarante minutes, l'histoire de Terracotta warrior bifurque vers la Chine des années 1930. Dans cette époque, Gong Li est une actrice de cinéma abonnée aux seconds rôles. Justement, la production qui l'a engagée tourne un film dans la région du Xi'an. L'acteur Pan Yun-fei en est la star. Pan s'est acoquiné avec des malfrats qui sont à la recherche d'antiquités. Ils ont trouvé des reliques ancestrales, mais Lyly (le nom du personnage de Gong Li dans cette partie du film) est témoin d'un assassinat. Pan tente de s'en débarrasser dans un accident d'avion. L'avion s'écrase pile sur le tombeau impérial et réveille le soldat Mong d'un long sommeil trois fois millénaire.

Mong ne sait pas qu'il est immortel, et en voyant Gong Li, il est persuadé d'avoir en face de lui celle qu'il a aimée jadis. S'ensuit une folle aventure comique digne des aventures d'Indiana Jones (la troisième en l'occurrence où Indi partait en Terre Sainte à la recherche du Graal.) Pan va chercher à découvrir ce secret d'éternité. Lyly alias Tong-yi reste innocente devant toutes ses péripéties. Son seul dilemme est de ne pas savoir qui aimer réellement. La fin de l'histoire le dira.

Film à trois cinéastes : Ching Siu-tung, Zhang Yimou et Tsui Hark. Que retrouve-t-on du style de chacun de ces fortes personnalités ? La première partie de Terracotta warrior adopte une forme classique de wu xia pian. Zooms rapides, contre jours sur les visages en gros plan, bruits des sabots de chevaux, des vêtements et des sabres, rire sardonique de l'Empereur, loyauté des vassaux. Cette partie est très réussie. Ching Siu-tung est spécialiste du wu xia pian : Duel to the death, la série des Histoires de fantômes chinois. Ching a aussi chorégraphié les deux wu xia pian de Zhang Yimou. Une scène où Mong s'entraîne au sabre dans une forêt, tandis que Tong-yi joue de la musique avec des bols remplis d'eau de pluie, rappelle Le Secret des poignards volants, sans la lourdeur des effets numériques.

La partie moderne est tout autant réussie. On retrouve le goût de Tsui Hark pour cette période colorée où la légèreté des personnages rencontre la gravité de l'Histoire chinoise. On voit en arrière fond des soldats blessés alors que les acteurs vedettes vont se goinfrer au restaurant. Mong est perdu dans ce monde dont il ne connaît pas les codes. Et le scénario de Tsui Hark souligne, armé de son moralisme bien connu, la décadence des mœurs et l'oubli du passé glorieux. Rétrospectivement, on peut constater que Tsui développe des gags temporels qu'il reprendra par la suite dans les Il était une fois en Chine. Le soldat Mong découvre les voitures, la radio, dans un restaurant il sent le menu que lui tend le serveur parce qu'il est persuadé que c'est le mets. De manière plus subtile, Wong Fei-hung découvrira les inventions qu'adopte Tante Yee. Mong est un hibernatus chinois. Et c'est drôle.

Terracotta warrior est une film d'aventures et d'amour très plaisant. En revanche, il est un peu difficile de comprendre la raison pour laquelle Zhang Yimou en a le rôle principal. Il n'est pas vraiment mauvais acteur, mais son jeu est limité surtout en face de l'abattage de Gong Li, dans le double rôle d'une femme pure et amoureuse puis d'une écervelée qui rappelle celui de Sally Yeh dans Shanghai blues de Tsui Hark. Ces réserves sont minimes comparées au plaisir que procure Terracotta warrior. Quant à l'histoire d'amour dans la vraie vie entre Zhang Yimou et Gong Li, c'est une autre histoire...

Terracotta warrior (秦俑, Hong Kong, 1989) Un film de Ching Siu-tung avec Zhang Yimou, Gong Li, Yung Kang-yu, Luk Suk Bung, Chiu Lo-cheung, Ng Hian-cheung, Tse Pok-man.

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