Tout comme Les Larmes de Madame Wang, c’est un rescapé du Festival de Cannes 2002. Trop jeunes pour mourir était lui à la Semaine de la Critique et je me rappelle avoir vu ce film étrange et serein à la fois. C’est étrange que des films aussi singuliers et intéressants mettent autant de temps à sortir en France. Il faut s’en réjouir.
Le réalisateur du film, Park Jin-pyo, vient du documentaire. Il y en a la trace un peu partout dans le film dans cette manière de regarder les deux vieillards qui s’exposent devant la caméra, qui au sens propre comme au sens figuré se mettent à nu. Trop jeunes pour mourir se concentrent sur une seule chose : la jeunesse retrouvée de ce vieux couple grâce au sexe et au coït. La question que va se poser tout au début du film sera de savoir si ces deux vieux jouent ou s’ils sont victimes d’un voyeuriste.
Mais très vite, on oublie ce qui se passe devant nos yeux. Et on regarde surtout les peaux fripées, les petits sourires en coin, les maladresses des amoureux qui sont accentuées par l’âge. La nudité reste très pudique, le cinéaste choisissant toujours un angle pour placer sa caméra qui mettra en valeur les corps. Pour entrer mieux encore dans l’intimité du couple, on fait baisser la lumière par l’un des deux et le tour est joué.
C’est étonnant de voir un tel dans le paysage cinématographique coréen qui est pour l’essentiel un consommateur de jeunes corps. Le cinéma coréen n’emploie pratiquement que des jeunes actrices et de jeunes acteurs, jusqu’à la caricature la plupart du temps. Pour moi, le cinéma coréen c’est un cinéma kleenex avec des interprètes jetables.
C’est donc une occasion unique, comparable à celle d’un film de Naomi Kawase, que de rencontrer un vrai moment de vie coréen. Il ne faut pas le rater.
Trop jeunes pour mourir (죽어도 좋아, Corée, 2002) Un film de Park Jin-pyo avec Park Chi-gyu, Lee Sun-ye.
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