Leslie Cheung est un prêtre catholique beau gosse, Anita Yuen est une prostituée criblée de dettes, Lau Ching-wan est un policier incompétent et impulsif. Tel est le trio de Tri-star de Tsui Hark. Le cinéaste, pour se remettre de ses échecs commerciaux, avait signé un contrat de deux films avec la compagnie Mandarin de Raymond Wong Pak-ming, producteur de comédies balourdes mais rentables telles les Happy ghost ou All’s well ends well. Le premier film fût Le Festin chinois et le second ce Tri-star, deux comédies du Nouvel An Lunaire.
Comment un prêtre, une prostituée et un flic peuvent-ils se rencontrer ? Tsui Hark fait démarrer son film sur les chapeaux de roue. Fa, le policier, et son collègue pas très malin (Sunny Chan) surveillent un cambrioleur. Ce dernier s’enfuit dans une voiture blanche. Or Zhong, le prêtre, a une voiture similaire. Les deux flics le suivent par erreur jusqu’à son église, là Fa tire par mégarde et blesse son super-intendant. Leur enquête suivante sera de surveiller un ponte des triades.
Ils se mettent à suivre Baiban la prostituée dont une des particularités est de rire quand elle est triste et inversement, ce qui donne quelques gags assez marrants. Baiban va réfugier précisément dans l’église du Père Zhong. Ce dernier décide de ramener cette brebis dans le droit chemin et va même jusqu’à s’installer dans le quartier des prostituées et justement louer une chambre dans le même appartement que Baiban, qui habite avec trois autres prostituées hautes en couleurs.
Tsui Hark les filme de deux manières. D’abord avec beaucoup de tendresse en montrant qu’elles n’ont pas choisi cette activité. Elles ont des dettes et doivent les rembourser sans quoi leurs souteneurs les descendront. Le prêtre devra faire face au bras droit du parrain. Hung Yan-yan joue encore une fois le méchant de service, un type pas commode. Le Père Zhong va le rencontrer pour négocier la libération de sa protégée. Quand il dit qu’il vient de St François Xavier, les mafieux pensent que c’est un nouveau clan.
Tsui Hark filme aussi les filles avec beaucoup d’humour pour dédramatiser la situation. Il les fait arriver de leur travail éreintant comme si elles étaient des zombies, dans une lumière bleue en gros plan et en une large focale. Le résultat est hilarant. Les quatre filles sont montrées comme des gamines espiègles mais pleines de bon sens. Zhong leur trouvera un vrai travail : travailler dans un magasin de photographie. Il leur fait enregistrer également une chanson de canto-pop toujours dans l’idée de rembourser leurs dettes et de les remettre sur le droit chemin.
Mais le policier Fa les suit toujours. Lau Ching-wan met les bouchées doubles pour interpréter son rôle. Il apparaît barbu, fumant le cigare, toujours avec un pardessus crasseux, lui-même n’étant pas très propre sur lui. Il marche régulièrement pieds nus, vomit, crache. Un exemple de souillon. Là où il devient drôle c’est parce qu’il se trompe sur les tenants et aboutissants des personnes qu’il est en train de suivre. Il est persuadé que le Père Zhong veut monter son propre bordel. Il ne comprend rien à rien. Mais il tombe amoureux de la cousine du prêtre, une nymphomane au grand cœur.
Tri-star n’est bien sûr pas le meilleur film de Tsui Hark, loin de là. Il fait partie des films mineurs qui n’ont d’autres choses que leur scénario pour eux. Il est de la même trempe que Working class, Twin dragons ou Dans la nuit des temps. Au bout d’un moment, l’intérêt se dissipe peu à peu quand le scénario se fait moins passionnant et les gags plus répétitifs. Cela dit, je ne boude jamais mon plaisir devant une comédie cantonaise avec quelques uns des meilleurs acteurs de Hong Kong et quelques uns des meilleurs artisans de l’industrie dont Christopher Doyle à la photo, David Wu au montage, ce qui fera toujours la différence avec les films sans âme.
Tri-star (大三元, Hong Kong, 1996) Un film de Tsui Hark avec Leslie Cheung, Anita Yuen, Lau Ching-wan, Sunny Chan, Alvina Kong, Fung Wai-hang, Catherine Hung, Chung King-fai, Moses Chan, Hung Yan-yan, Shing Fui-on, Baau Hon-lam, Raymond Wong Pak-ming, Michael Mak.
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