C’est étrange d’aller voir un film et d’avoir l’impression de l’avoir déjà vu. C’est un peu ce qui m’est arrivé devant Wonderful town, qui semble être un frère jumeau d’un film d’Apichatpong Weerasethakul, un cousin germain de Tsai Ming-liang, un neveu de Hou Hsiao-hsien, soit tout de même ce qui est le plus auteuriste dans le cinéma actuel.
Comme chez les autres, le scénario d’Aditaya Assarat est minimaliste. Il peut se résumer ainsi : Ton, un architecte arrive dans un village du littoral pour la construction d’un hôtel de luxe. Il loge dans un hôtel bas de gamme où il rencontre Na, qui tient le lieu. Ils commencent à se regarder puis entament une liaison. Na ne veut pas que leur relation soit rendue publique. Na et Ton font l’amour mais le frère de Na, un gangster, tabasse Ton et jette son corps dans une rivière.
Il est facile de comprendre que tout dans Wonderful town tient dans l’ambiance, dans l’atmosphère, dans la cosmogonie (pour utiliser un gros mot) que le réalisateur veut créer. Mais je n’ai plus envie de me faire chier à inventer le film que je suis en train de voir.
Les personnages parlent peu. La caméra développe de jolis mouvements de caméra composés pour l’essentiel de travellings latéraux. Une grande attention est portée sur les regards des protagonistes qui fixent la caméra comme s’ils voulaient nous exprimer quelque chose. Ou mais quoi ? Le tsunami, comme le dit toute la presse officielle qui a bien lu le dossier de presse ? Le désespoir d’être pauvre en montrant l’opposition entre des ruraux peu instruits et un urbain diplôme ?
C’est cela qui est énervant avec ce genre de films, tout peut être écrit dessus. Car c’est devenu la nouvelle manière de tourner pour être exportable : ne pas beaucoup éclairer les plans, faire peu de dialogues, composer le hiératisme que paresseusement on qualifiera de contemplatif. Bien entendu, ce film a le droit d’exister, y compris sans génie ni talent, comme j’ai le droit de le trouver très à la mode et très conformiste.
Wonderful town (Thaïlande – Pays-Bas – Corée, 2007) Un film d’Aditaya Assarat avec Anchalee Saisoontorn, Supphasit Kansen, Dul Yaambunying
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