C’est la troisième collaboration entre Johnnie To et Wai Ka-fai, après Needing you et Help!!!. Une comédie du Nouvel An Lunaire de 2001 qui reprend la formule du film à trois filles comme l’avait déjà fait To avec Heroic trio. Seule rescapée du casting, Anita Mui est cette fois entourée de Sammi Cheng et de Cecilia Cheung. Ses anciennes partenaires sont ailleurs : Michelle Yeoh tente une carrière plus haute (Tigre et Dragon) et Maggie Cheung sert de portemanteau pour Wong Kar-wai.
C’est donc une comédie mais aussi un film en costumes. Le genre a rarement mené à bonne chose chez Johnnie To. Ses films avec Stephen Chow sont horribles. Mais Wai Ka-fai est là et en génie décadent du scénario, il met un beau gros grain de folie dans cette histoire de l’Empereur Qi qui hésite entre deux femmes et qui va mener son royaume à la perte et à la guerre. Le film aurait pu conduire à un drame dans la lignée des affreux Zhang Yimou nationalistes. Mais Wai Ka-fai choisit la voix inverse : le grotesque.
C’est Anita Mui qui interprète l’Empereur Qi. Drôle d’idée, mais pas plus loufoque que dans Swordsman II, sauf que dans Wu Yen, Anita Mui ne change pas sa voix et ne prend pas la peine d’être masculine. Elle joue aussi son ancêtre qui apparaît pour donner des conseils à Yinchun alias la Fée qu’incarne avec beaucoup de grâce Cecilia Cheung. L’ancêtre bégaie et cela fait partie des gags du film. Il apparaît par magie ou quand on l’appelle et semble sortir d’un totem en bois. Cecilia Cheung a aussi le pouvoir de se déplacer par magie mais elle émet un brouillard, car c’est une Fée des marais.
C’est justement dans un marais que commence le film. Enfin presque, il y a d’abord des marionnettes en ombres chinoises qui reviennent de temps en temps et qui servent de chœur. Sammi Cheng est Wu Yen, un général qui protège le monde de la Fée. Mais Qi n’en fait qu’à sa tête et s’empare de l’épée. Dès lors, un trio amoureux entre les trois personnages va s’engager pour savoir quelle femme, Wu Yen ou Yinchun, l’Empereur Qi va épouser. Il n’y aura pas d’idée d’homosexualité dans le film, il s’agit plus de comique de situation.
Sammi Cheng est bien belle mais Qi la trouve affreuse parce qu’une tache rouge lui traverse la visage. Une tache d’amour qui disparaît suivant les sentiments des personnages. Yinchun veut se marier avec l’Empereur et va tout faire pour se débarrasser de Wu Yen. Et cette dernière va se venger. Régulièrement, l’une des deux se retrouve en prison, conséquence directe de l’inconséquence de Qi. Le film avance comme un jeu dont les règles n’existeraient pas ou seraient inventées au fur et à mesure. D’ailleurs le jeu est très présent dans le films : faux jeux olympiques et surtout le mah-jong qui servira à résoudre la guerre.
Wu Yen est un film purement théâtral. Hormis quelques rares scènes d’extérieur en début de film et lors des JO, tout se déroule dans la salle du trône et dans la geôle. Le film fonctionne en actes eux-mêmes divisés en scène. Les entrées des personnages sont toujours très théâtrales, exagérées. Sauf Sammi Cheng – qui est dans le registre de la tragédie – tout le monde cabotine, Anita Mui en tête dans ses deux rôles. Le film a beau durer deux heures, il reste drôle et pimpant.
Wu Yen (钟无艳, Hong Kong, 2001) Un film de Johnnie To et Wai Ka-fai avec Sammi Cheng, Anita Mui, Cecilia Cheung, Raymond Wong Ho-yin, Lam Suet, Joe Cheng, Hui Siu-hung, Wong Tin-lam, Bonnie Wong.
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