Je continue mon petit chemin dans les films de vingt ans d'âge. J'avais déjà écrit sur sa suite (God of gamblers II) et sur sa « parodie » (All for the winner), mais jamais sur le film original sorti à Hong Kong en décembre 1989 et toujours inédit en France, sauf erreur. Et pourtant God of gamblers aurait de quoi satisfaire beaucoup des fans de Chow Yun-fat. C'était une époque où Wong Jing pouvait se surpasser et faire un bon film. Et Chow Yun-fat augmentait encore son aura de mec cool et classe dans un costard avec ce sourire qui est devenu sa marque de fabrique à Hong Kong.
Le God of gamblers, c'est bien sûr Chow Yun-fat, Ko Chun qui va de ville en ville pour gagner au jeu. Dès la première scène à San Francisco, le charisme du joueur, son magnétisme, son calme, sa pugnacité sont mis en avant. Ko Chun gagne tout. Puis, on le voit au Japon dans une séquence qui sera maintes fois parodiées (ironie, c'est désormais Wong Jing créateur qui est parodié) où une Japonaise descend le haut de son kimono pour laisser apparaître son tatouage. Elle joue aux dés et fait un très bon score mais Ko Chun peut deviner, quand il joue, quand le score est supérieur et gagne à chaque fois.
Ko Chun est accompagné de Janet (Cheung Man), une femme qui est amoureuse de lui et de deux de ses fidèles homme de main Yee (Charles Heung) et Dragon (Lung Fong). On propose une affaire juteuse à Ko Chun : affronter un très gros joueur sur les eaux internationales. Il accepte sur les conseils de Dragon et malgré les craintes de Yee. En attendant, ce gros combat de joueurs invétérés, Ko Chun va jouer aux cartes chez un autre accroc au jeu. Il le dépouille de tout son argent, mais devant la menace du joueur, il s'enfuit en train. Pour rester au calme, Ko Chun sort du train au hasard, il fait quelques pas mais dégringole d'une pente et se cogne la tête.
Là commence la partie du film la plus amusante où Ko Chun devient amnésique. On se croirait dans n'importe quelle aventure enfantine où une personne deviendrait amnésique par le simple fait de se cogner très fort la tête (et on s'en doute, le moyen de retrouver la mémoire sera de se cogner la tête à nouveau). Ko Chun est recueilli par Knife (Andy Lau) et sa copine Jane (Joey Wong) qui habitent avec la grand mère et leur pote Crawl (Ronald Wong). Ko Chun va se comporter en vrai gamin et là Chow Yun-fat fait des merveilles. On avait déjà compris qu'il aimait le chocolat dans les premières scènes. Sa copine Janet lui reprochait qu'il allait grossir à force de manger tant de chocolat. Comme l'amnésique en réclame, Knife le surnomme Chocolate.
Knife est une petite frappe. Il est assez amusant de voir Andy Lau tout gamin avec un jean's qui lui monte jusqu'au nombril et un t-shirt blanc, très James Dean et fureur de vivre. Knife aime l'argent et cherche à voler celui de Chocolate. Jane s'y oppose, mais très vite ils vont se rendre compte des capacités de Ko Chun. Ils vont tenter d'arnaquer Kau (Shing Fui-hong) puis Shing (Ng Man-tat). Chaque fois, cela se solde par un échec mais sur un mode comique garanti. Chow Yun-fat joue au gamin, il prend le couteau des mains des méchants, il fait mille facéties, il se met soudain à crier ou à rire. Il produit un grand show, c'est extrêmement plaisant. Les autres joueurs l'appellent Le Roi débile des joueurs.
Ko Chun a perdu la trace de ses amis et de sa fiancée. C'est bien tard dans le film que Wong Jing va revenir vers le personnage de Janet. Il en fait une victime de Dragon et son goût du pouvoir. Dragon ne voit pas Ko Chun revenir et va entreprendre de séduire Janet. Ou plus simplement de la posséder. C'est cette trahison qui amorce le dernier tiers de God of gamblers, un film assez complet et qui plus de deux heures développe différents styles et aborde plusieurs genres. Wong Jing se permet même le luxe dans cette dernière partie de pasticher la célèbre scène de l'escalier du Cuirassé Potemkine (cette fois c'est sur l'escalator d'un centre commercial) puis de faire un gunfight où Chow Yun-fat semble tout droit sorti du Syndicat du crime.
Sans dévoiler la fin mythique, on se doute que Chow Yun-fat sera gagnant contre le super méchant qui triche, contre son ami qui le trahit. Wong Jing suggère que lorsque Ko Chun retrouve la mémoire et donc ses super capacités, il oublie également sa vie dans la peau de Chocolate. Mais c'est pour mieux nous berner et proposer un retournement de situation que l'on sent venir mais que l'on est content de voir se produire. En un mot comme en cent, un sacré bon film et peut-être le chef d'œuvre de Wong Jing. Quant à Chow Yun-fat, il ne reçut pas cette année-là le Hong Kong Film Award du meilleur acteur pour ce rôle. En effet, il fût battu par Chow Yun-fat pour son rôle dans All about Ah Long de Johnnie To.
God of gamblers (赌神, Hong Kong, 1989) Un film de Wong Jing avec Chow Yun-fat, Andy Lau, Joey Wong, Charles Heung, Cheung Man, Ronald Wong, Shing Fui-on, Lung Fong, Ng Man-tat, Michiko Nishiwaka, Dennis Chan, Wong Jing, Michael Chow.
2 commentaires:
Très bonne analyse d'un classique du cinéma HK, et effectivement un des rares vrai bon film de Wong Jing, avec un Chow Yun Fat (comme souvent à l'époque) qui irradie la pellicule.
En plus, c'est un des films qui a participé à me faire aimer le cinéma HK. :)
vu sur vos conseils, vraiment excellent, cette classe de chow yun fat digne du killer de john woo..ahlala quand on voit les navaets que chow a tourné aux USA^^
Par contre la partir ou il perd la memoire m' a parue tres lourde mais bon le comique des comedies asiatiques dans son ensemble me laisse parfois froid tellement c'est c'est pas tres fin..mais bon ca fait partie du charme^^
a coté de ca, je viens de voir une co production mainland-hk tres tres bien " équation of love and death", l'histoire d'une femme chauffeuse de taxi, ca oscile entre le film social, le polar..un peu la meme equation que "voiture de luxe " de wang cao
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