Que dire sur ce film, présenté à Cannes en 2008, que tout le monde aime et sur lequel on parle beaucoup dans les revues de cinéma. Jia Zhang-ke est le nouveau héraut du cinéma de Chine continentale et 24 City est le fleuron d'un genre très prisé aujourd'hui le documentaire inspiré de fiction et inversement. Pour moi qui n'ai aimé ni The World ni Still life – ce dernier film étant le plus proche de cette approche fiction-documentaire – mon engouement pour 24 City ne risque pas d'être forcément énorme.
Sur ce préambule, on voit les intentions de Jia Zhangke. Construire un lieu de mémoire des ouvriers d'une usine qui va fermer. L'usine a été construite dans le sud ouest de la Chine quand la guerre de Corée a commencé. Auparavant, elle était près de la frontière coréenne. L'idée donc de 24 City est de raconter 50 ans de travail en Chine. Jia Zhangke, avec son fidèle chef opérateur Yu Likwai, fait parler en plan fixe six anciens ouvriers et ouvrières et deux enfants de ces travailleurs. Plus le film avance, plus jeunes sont les intervenants. Mais il brouille les cartes en faisant jouer par des acteurs professionnels ces ouvriers.
On y voit par exemple l'actrice Joan Chen incarner une ouvrière que l'on appelait Petite Fleur précisément à cause de sa ressemblance avec l'actrice Joan Chen qui débutait il y a 30 ans. Alors évidemment, il faut connaître l'actrice pour sentir la subtilité du procédé, un peu comme si Isabelle Huppert jouait une ouvrière que ses collègues appelaient Violette à cause de son rôle dans le film de Chabrol.
Entre les entretiens avec les ouvriers, Jia Zhangke montre les outils de travail de l'usine et montre le travail en lui-même. Il montre également le démantèlement de l'usine. Les outils de taille diverse qui sont démembrés pour être acheminés là où l'usine va être reconstruite, jusqu'à la destruction finale des murs. On y voit également des ouvriers qui restent muets, en plan fixe comme photographiés. Jia Zhangke ponctuent ses séquences de citation et de musique électro chinoise.
Jia Zhangke aime filmer les ruines de son pays sans que l'on sache vraiment si c'est une critique de l'économie néo-libérale actuellement en vigueur en Chine populaire ou si il souligne l'idée du renouveau perpétuel. Quoi qu'il en soit, même si le procédé commence à tourner au système et à franchement lasser, ce que racontent les intervenants demeure touchant. Ils parlent de leur douleur, de leur difficulté et effectivement, l'histoire des 50 dernières années de la Chine y est largement évoquée sous un prisme non glorieux.
24 City (二十四城記 , Chine – Japon, 2008) Un film de Jia Zhangke avec Jianbin Chen, Joan Chen, Lü Liping, Zhao Tao.
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