lundi 23 mars 2009

Iron Monkey


J’aurais adoré être une petite souris pour assister à la réunion de production de la Film Workshop quand Tsui Hark a appris que Jet Li était en train de tourner avec Wong Jing sa propre aventure de Wong Fei-hung. Il appelle Yuen Woo-ping au téléphone qui avait mis en scène la chorégraphie d’Il était une fois en Chine II, il lui dit qu’on va tourner l’enfance du héros chinois. Donnie Yen fera le père Wong. Et le scénario lui demande Yuen Woo-ping. On l’écrira pendant le tournage. Tu n’as qu’à tourner les scènes d’action, on trouvera une histoire après. J’imagine que ça a dû se passer exactement comme ça. Le tournage a dû commencer le lendemain pour une sortie rapide. Et puis, il a aussi appelé son autre chorégraphe vedette Yuen Bun, qui lui s’était chargé de Il était une fois en Chine III pour tourner le IV. Et hop, ça roule. On verra qui gagne le jackpot au box office.


Le titre de Iron Monkey se traduit par « le jeune Wong Fei-hung ». Il est là l’enfant, futur héros de la Chine avec son père Wong Kei-ying que l’on avait découvert dans Le Tournoi du lion et qui poursuivra les aventures dans La Danse du dragon, comme si Tsui Hark voulait bien indiquer que c’est lui qui possède la légitimité de la narration du Wong Fei-hung des années 1990. Peu importe l’acteur, ce qui compte c’est l’atmosphère. Cependant, le héros du film est double. Le Iron Monkey est un héros masqué genre Robin des Bois. Dans cette ville qui sert de cadre, le potentat local est un despote libidineux qui ne pense qu’à l’argent et au sexe. La population vit dans la pauvreté et la famine. Mais dans la vie, le singe de fer est médecin, c’est le Docteur Yang (Yu Rong-duang). Il pratique son métier avec la belle Miss Ho (Jean Wang).


Dans cette ville arrive les Wong, Donnie Yen et Tsang Sze-man. L’enfant imitant systématiquement les gestes de son père. Le tyran arrête tous ceux qui de près ou de loin rappelle les mouvements du singe. Et éventuellement les deux Wong. Ce dernier pour sortir plus vite de prison promet d’arrêter le vengeur masqué. Mais la population soutient le Iron Monkey et refuse d’aider Maître Wong. Il ne compris pas qu’un hors la loi puisse être admiré. Il est un partisan du respect de la loi. Mais le tyran tient en otage son fils et c’est le Docteur Yang qui va se charger de la faire sortir de prison. Dans le même temps, Maître Wong va comprendre, dans sa grande humanité, où se trouve vraiment le bien et me mal.


Toute cette ambiance de justice à rendre n’a qu’un seul but, montrer de beaux combats, si possible entre quelques moments d’humour. Yuen Woo-ping passe du combat poétique au potache en passant par l’ultra violent. La poésie est là quand Yang et Ho ramasse des papiers avec la grâce des mouvements de leurs corps dans un beau silence. Donnie Yen se bat, dans le combat final, avec l’Iron Monkey contre le Moine en chef sur des décors en feu. Le jeune Wong Fei-hung manie le bâton avec adresse pour éliminer une bande de vilains. Ce qui passionne dans Iron Monkey, passé un scénario classique, c’est la grande variété des combats tous d’une grande précision et d’un rythme haletant et souvent en plans séquence. Chaque acteur se bat avec son style propre et c’est magnifique.


C’est un film produit et tourné très rapidement. Ça se voit, ça se sent, mais c’est bon. Je ne vais pas dire que c’est l’un des perfections du wu xia pian, mais c’est énorme. On sent une aisance évidente à mettre en scène des mouvements qui frisent l’abstraction, comme l’avait fait Tsui Hark dans Il était une fois en Chine III. Plus Iron Monkey avance, et notamment avec l’arrivée du Moine, plus le réalisme s’en va sans qu’on ne ressente la plongée dans la folie supernaturelle. C’est que le personnage de Wong Fei-hung ne doit pas apparaître comme un homme mais comme une légende. C’est le but du film qui évoque dans sa dernière partie Swordsman II. Mais la guerre des studios étant ce qu’elle est, Iron Monkey n’a pas autant plu que Claws of steel, le Wong Fei-hung décadent et dégénéré de Wong Jing.


Iron Monkey (少年黄飞鸿之铁马骝, Hong Kong, 1993) Un film de Yuen Woo-ping avec Yu Rong-guang, Donnie Yen, Jean Wang, Tsang Sze-man, Yen Shi-kwan, James Wong, Yuen Sun-yi, Hau Yiu-chung, Lee Fai, Cheung Fung-nei, Chun Kwai-choi, Chan Siu-wah, Yip Choi-nam, Ko Man-dik.

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