lundi 9 mars 2009

Breaking news


C’est toujours difficile d’expliquer à quoi sert un plan séquence. Qui peur expliquer celui qui inaugure La Soif du mal ? On dirait qu’on suit les personnages et qu’on découvre la ville. Pour Breaking news, c’est un peu pareil. Dans le début de Snake eyes de Brian DePalma, on file vite vers l’idée de la vidéosurveillance et sur le mensonge. Pour Breaking news, c’est un peu pareil. Je parie que si le film a été sélectionné au Festival de Cannes 2004, c’est grâce ou à cause de ce plan séquence. Il aurait hors de question de présenter une de ses comédies tournées avec Wai Ka-fai. Faut pas exagérer.


Cela étant, ce plan séquence de sept minutes a été l’arbre qui a bien masqué la forêt du film. Ce début de film est brillant. Sert-il à quelque chose ? Je le crois. Il ne s’agit pas d’un simple morceau de bravoure à offrir aux critiques du monde mais plutôt d’imaginer ce que le film va devenir. Cette séquence lance l’affrontement entre Yuan (Richie Ren) et ses comparses – les méchants – et l’inspecteur Cheng (Nick Cheung). Cheng est prêt à arrêter Yuan mais deux flics venir faire un simple contrôle de routine vont tout foutre en l’air. Les malfrats quittent les lieux, font exploser le décor. Il n’y a dès lors plus de raison de continuer ce plan. Les deux personnages – qui physiquement sont assez proches – furent quelques minutes dans le même plan. Ils vont passer tout le film à se chercher et à se cacher.


Johnnie To va alors mettre en place toute sa mise en scène pour multiplier les ruptures dans le cadre. On suit les flics dans un couloir et les malfrats dans celui du dessus. Ou ils sont les à côté des autres dans un split screen. C’est encore la police qui va rompre le cadre via la télévision. Comme les reporters sont là pour tout filmer et enfoncer l’image de la police qui est incapable de régler le problème, Rebecca Fong (Kelly Chen) va utiliser les mêmes armes que la télévision et désinformer. Yuan et sa bande sont cachés dans un appartement et vont tout voir. Le film se veut une réflexion sur le pouvoir des médias et sur ses revers, mais ça ne va pas très loin. Cela reste une critique convenue.


Ce qui me plaît le plus dans Breaking news reste le rôle attribué à Lam Suet. Il se trouve dans l’immeuble dans lequel les malfrats se sont réfugiés. Pour une fois, Lam Suet ne joue pas un mafieux déglingué ou un flic de seconde zone. Il est un papa avec des problèmes de papa. Il a deux enfants. Le garçon a de jolies répliques et la fillette est une fausse timide. Petit à petit, la normalité va revenir dans le foyer. Lam Suet va préparer à manger pour tout le monde. Le calme est là, momentanément, pour un simple repas convivial où on oublie les rôles. Puis le polar reprend. J’avais beaucoup aimé ce film qui a mis du temps à sortir et qui a, je crois, été sous-estimé.


Breaking news (大事件, Hong Kong, 2004) Un film de Johnnie To avec Richie Ren, Nick Cheung, Eddie Cheung, Cheng Siu-fai, Kelly Chen, Maggie Shiu, Simon Yam, Lam Suet, Hui Siu-hung.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Le premier film qu'on a vu ensemble dans une salle de ciné hors CCC et Cinémathèque. Comme si c'était hier...