lundi 31 mai 2010

Combats de maître



Jackie Chan a désormais 40 ans quand la suite du Maître chinois sort. Cette fois, c’est Liu Chia-liang qui est aux commandes de Combats de maître. Et c’est plutôt une nouvelle étonnante. La mode des Wong Fei-hung est revenue grâce aux Il était une fois en Chine tournés par Tsui Hark où Jet Li dans le rôle du héros. Conséquence du succès : toutes les sociétés de productions veulent leur Wong Fei-hung. Après Wong Jing, c’est Leonard Ho via la Golden Harvest. Il va sans dire que le style Golden Harvest est à l’opposé même de celui de Liu Chia-liang. Et parce qu’en début du générique, on peut lire « A Jackie Chan Film », on peut penser que le maître d’œuvre de la Shaw Brothers a dû manger ses souliers plusieurs fois en cours de tournage.

Le film démarre sur les chapeaux de roue. Wong Fei-hung (Jackie Chan), son père Wong Kei-ying (Ti Lung) et le fidèle Fo (Chin Kar-lok) quittent Hong Kong pour retourner à Canton. Leurs valises sont remplies de de plantes médicinales. Pour payer moins de taxe, Fei-hung cache du ginseng dans la valise d’un Anglais qu’il vient de bousculer. Fei-hung prend une petite revanche sur les Anglais qui passe prioritairement à la frontière. Mais, une fois dans le train, il est difficile de récupérer le colis. Les Chinois ne peuvent pas accéder aux wagons des Européens. D’une certaine manière, Combats de maître reprend le début de La Secte du Lotus blanc à son compte en y glissant le mépris des colons pour les Chinois d’Il était une fois en Chine. Il n’est donc pas étonnant que le film aille s’y vite, d’autant que l’humour est présent, comme l’action.

La première d’action est en deux temps. Wong Fei-hung, en voulant récupérer son colis, en prend un autre. Il s’agit d’un sceau impérial volé par le Consul de Grande Bretagne pour dépouiller les trésors historiques de la Chine. Or, un résistant incarné par Liu Chia-liang voulait récupérer cet objet, pièce maîtresse de l’Histoire chinoise. Cette première scène d’action comprend une poursuite sur le toit du train qui continue sous le train. C’est très fort, très vif, d’une grande clarté bien que filmé dans la pénombre. Ce sceau sera le MacGuffin de Combats de maître. On le cherchera pendant tout le film provoquant une guerre entre les Anglais et le clan de Wong Fei-hung.

Mais le film est surtout une comédie avec un rythme trépidant. Et cela est grâce à Anita Mui. Car, surprise des surprises, l’actrice joue la mère de Wong Fei-hung. Ce que l’on apprend quand les Wong rentrent chez eux, c’est que Combats de maître est une suite immédiatement chronologique du Maître chinois. Wong Fei-hung n’a pas 40 ans, soit l’âge de Jackie Chan, mais une vingtaine d’années. Et le plus fort, ça marche ! On y croit. D’accord, Anita Mui est la mère de Jackie Chan, bien que, dans la vie, elle avait neuf ans de moins. On se rappelle qu’elle jouait sa compagne dans Big brother, tourné en 1989.

Wong Fei-hung est toujours un jeune homme incorrigible qui réfléchit après d’agir. Et là réside la grande force comique du film. Fei-hung fait de grosses bêtises. Son père veut le rabrouer mais la mère trouve toujours des excuses au fiston adoré pour le soustraire de la punition paternelle. Anita Mui y va à fond. Elle fait des mimiques magnifiques, ses dialogues transpirent la mauvaise foi, les excuses sont toutes plus loufoques les unes que les autres. Et surtout, elle incarne une femme libre. Libérée du joug de son mari qui veut imposer à toute la famille une discipline de fer. Elle n’est pas féministe et avide de découvertes techniques venues d’Europe comme Tante Yee dans Il était une fois en Chine, elle est une femme espiègle et qui ne fait que ce qu’elle veut.

L’action prend le pas sur la comédie dans la seconde moitié du film. Le Consul s’énerve face à la résistance de la famille Wong. Il va user de tous les stratagèmes les plus vils pour s’approprier la demeure des Wong où il veut étendre son usine d’aciérie. Il méprise et maltraite les ouvriers qu’il emploie. Il n’hésite à faire tirer à balles réelles sur les Chinois. L’adversaire physique de Jackie Chan sera Ken Lo, l’un de ses cascadeurs préférés. Combats de maître fournit un grand combat dans l’usine entre les deux acteurs. On se doute bien que c’est Jackie Chan qui a mis en scène et chorégraphié la longue séquence qui fait plaisir et qui sera sa dernière réussite.

Combats de maître (Drunken Matser II, 醉拳 II, Hong Kong, 1994) Un film de Liu Chia-liang avec Jackie Chan, Anita Mui, Ti Lung, Felix Won, Ken Lo, Chin Kar-lok, Liu Chia-liang, Suki Kwan, Yvonne Yung, Andy Lau, Lau Siu-ming, Bill Tung, Mars, Tai Bo.

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