samedi 29 mai 2010

Le Maître chinois


Jackie Chan a 24 ans quand il endosse le rôle de Wong Fei-hung, rôle pour lequel il refuse de se raser les cheveux ou même de se les couper. L’un des plus récents Wong Fei-hung était joué par Gordon Liu, en 1976, dans Le Combat des maîtres tourné dans la grande tradition stylistique des Shaw Brothers. Avec Le Maître chinois, Yuen Woo-ping dit adieu au sérieux et adieu aux décors de carton pâte. Jackie Chan joue le rôle sur le mode comique et au milieu d’une nature qui semble naturelle.


Comme dans le film de Liu Chia-liang, Le Maître chinois évoque les premières années de Wong Fei-hung. Après une introduction qui présente le méchant ultime du film, le tueur à gages Yen (Hwang Jang-lee), cruel et impitoyable, on découvre l’entrainement quotidien d’une école d’art martial dirigée par Wong Kei-ying (Lam Kau). De jeunes disciples reproduisent à l’infini des mouvements et au milieu se trouve le jeune Wong Fei-hung qui se moque de l’instructeur (Dean Shek) qui compte bien prendre sa revanche sur le petit impertinent.


Cela ne tardera pas à arriver. Wong Fei-hung (Jackie Chan) part en ville déjeuner avec ses camarades. Il se vante de pouvoir embrasser une jeune fille qui se trouve marché à côté du restaurant. Avec ruse, il obtient son baiser, mais la mère veille et défend sa fille avec quelques coups de pied bien sentis. Vexé devant ses amis, Wong va venger un marchand de jade qui se voit flouer par un escroc. Mais rentré chez lui, il se rend compte que la jeune fille et sa mère sont sa cousine et sa tante. Sur ce, l’homme qui tentait d’arnaquer le marchand arrive et cherche vengeance auprès du père.


Le pauvre Wong Fei-hung qui ne pensait qu’à s’amuser et à rendre justice va se retrouver puni par son père sous la surveillance de l’instructeur qui l’oblige à garder une position douloureuse pendant des heures. Wong Fei-hung s’enfuit et décide de partir à l’aventure. Mais sans le sou et sans formation accomplie, il ne sait pas comment survivre. Et d’abord, comment se nourrir. Il va tenter de resquiller dans un restaurant mais se fait attraper par le propriétaire. Il sera sauvé par un vieux monsieur.


Ce vieillard au sourire malicieux est le mendiant So (Simon Yuen) dont Wong Fei-hung avait déjà entendu parler par son père. Ce dernier a d’ailleurs payé So pour donner une saine instruction à Fei-hung. Il va le prendre sous son aile mais le jeune apprenti cherche à s’enfuir, tout rempli d’indiscipline qu’il est. Il va tomber sur les mauvais du tueur à gages Yan qui l’humilie après l’avoir vaincu. Wong Fei-hung retourne chez So pour parfaire son entrainement. Le film adopte le schéma classique du film d’arts martiaux : apprentissage, rébellion et retour du fils prodigue.


Ce qui est moderne dans Le Maître chinois est l’humour qui traverse tout le film. Le personnage de Jackie Chan est insolent et ses facéties causent des catastrophes qui lui retombent toujours dessus. Le scénario ne s’embarrasse pas d’une histoire d’amour entre Wong Fei-hung et une femme. Les seuls personnages féminins sont la tante et sa fille qui n’apparaissent que cinq minutes. Yuen Woo-ping soigne les combats jusqu’à l’extrême même si le design sonore est encore classique. Tout a été filmé sans son qui est postsynchronisé en studio. Bien que les combats se déroulent à l’extérieur, aucun bruit de nature n’existe. Seuls les fameux sons des coups typiques du cinéma kung-fu sont audibles.


Pour Jackie Chan, ce rôle, comme sa rencontre avec Yuen Woo-ping, vont changer sa carrière pour le meilleur. Il est enfin débarrassé des rôles que lui offrai Lo Wei en tant que clone de Bruce Lee. Si Le Maître chinois est devenu un fondamental de la comédie kung-fu, si ce n’est son film étalon, c’est parce que le personnage de Wong Fei-hung, grâce à ses facéties, redevient humain et non plus seulement un maître qui radote et donneur de leçons.


Le Maître chinois (Drunken master, 醉拳, Hong Kong, 1978) Un film de Yuen Woo-ping avec Jackie Chan, Simon Yuen, Hwang Jang-lee, Lam Kau, Yuen Shun-yi, Dean Shek, Hsu Hsia, Brandy Yuen, Linda Lin Ying, Yuen Woo-ping, Huang Ha, Tong Jing, Wong Chi-ming.

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