mercredi 25 août 2010

La Rivière Tumen


Quand la rivière Tumen gèle, au beau milieu de l’hiver, les Nord-Coréens tentent de passer en Chine à pied, de nuit, en évitant les soldats qui tirent sur eux. De l’autre côté, un hameau habité de Coréens qui de temps en temps aperçoivent un réfugié, qui, même en Chine, peut être chassé par la police et reconduit à la frontière. La Rivière Tumen suivra le parcours de deux familles de ce hameau, celle de l’épicier et celle d’un enfant.


Le film commence par un plan fixe, filmé à hauteur de plancher. Un homme est étendu sur la glace, un couple vient constater son décès, sans émotion, comme par habitude. Un bruit court que les Nord-Coréens meurent de faim, qu’ils traversent pour manger. C’est ce que fait Jeong-jin (Li Jinglin), un ado qui réclame de la nourriture pour sortir sa sœur de la mort qui la menace. Il va rencontrer un autre garçon, Chang-ho (Cui Jian), qui vit avec sa grande sœur et son grand père. Son père est mort et sa mère est partie travailler en Corée du sud.


Les deux ados sympathisent et ils jouent au football ensemble, l’un promet à l’autre de venir au match que les enfants feront avec ceux du village voisin. Jeong-jin fait des allers retour entre les deux pays. Et d’autres, ne veulent faire que l’aller, mais petit à petit un mouton disparait, du poisson est volé, des légumes sont dérobés. Le maire veut sévir contre ces Nord Coréens. Chaque fois, il s’exprime grâce à un haut parleur à tous les habitants du hameau, ces annonces scandent le film et font monter la pression sur la chasse aux anciens compatriotes qui viennent gâcher la tranquillité hivernale.


Et le drame arrive. La sœur de Jeong-jin, Soon-hee (Yin Lan), muette depuis des années accueille un Nord-Coréen, lui fait à manger et tandis qu’il mange, allume la télé où un reportage évoque avec un pathos lamentable le retour du cher dirigeant. L’homme devient fou et viole la jeune femme qui tombe enceinte. Pourtant, la mise en scène de Zhang Lu reste calme et ne fonce pas tête baissée dans le mélodrame larmoyant, pas plus quand l’ado se fait arrêter par la police tout comme l’épicier qui aidait des Nord-Coréens à rentrer illégalement.


Zhang Lu procède à grand coup d’ellipse pour parvenir à ses fins. Il ne filmera pas le viol par exemple, il préfère donner des détails sur la vie quotidienne des habitants pour en montrer leur désespoir. Les matchs de foot sur un terrain gelé. Un duo de vieux pochtrons qui boivent debout en espérant écouter une chanson. La vieille dame qui veut retourner en Corée du nord à pied. Tout cela forme une idée du quotidien, un quotidien très maigre, fait de petits rien, troublé par des éléments qui les dépassent.


La Rivière Tumen (두만강, Corée – France, 2010) Un film de Zhang Lu avec Jian Cui, Li Jin-lin, Lin Jin-long, Lan Yin.

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