mercredi 15 juin 2011

Adieu clarté d'été


Portugal, Espagne, France, Suède, Pays-Bas, Italie. Naoko (Mariko Okada) et Kawamura (Tadashi Youkouchi) vont faire ce voyage à travers l’Europe. Ils se rencontrent à Lisbonne, et il faut dire qu’en été 1968, deux Japonais au Portugal, à l’époque de la dictature, ça devait se remarquer. Kawamura est à la recherche d’une église dont il a vu les plans dans une bibliothèque de Nagasaki d’où il vient. Naoko est antiquaire, elle cherche des objets anciens pour les vendre à Paris où elle vit désormais.

Avec Adieu clarté d’été, Yoshishige Yoshida revient à la couleur et enserre dans son scope ses deux personnages, chacun dans un bout du cadre. Ils doivent s’apprivoiser, se trouver, se comprendre. Le passé de Nagasaki les unit comme les sépare car chacun a une vision opposée de leur ville. Kawamura est un futur étudiant qui n’a pas connu la guerre mais se plonge dans le passé de sa ville, Naoko a vu sa mère et son frère périr dans les affres du bombardement et a choisi de ne plus jamais vivre au Japon et veut oblitérer ce passé. Mais rien n’est moins sûr et le dialogue s’installe entre eux, d’abord en voix off, finalement en discussions libératrices.

Le séjour en France est le plus long. Naoko y habite et elle est mariée à un Américain (Paul Bauvais). Ils vivent dans une belle maison du 16ème arrondissement avec la sœur (Hélène Soubielle), grande blonde qui a bien compris que quelque chose se passe entre Naoko et Kawamura. La liaison serait acceptée par l’époux et Kawamura se rapproche d’elle, l’encercle petit à petit, se rend dans les villes où elle se rend. Souvent filmé en plan très larges en pleine nature (comme sur la plage du Mont Saint Michel), les plans deviennent vite plus intimistes (dans la chambre en Italie) où ils se permettent finalement de coucher ensemble.

Mariko Okada est régulièrement filmée de dos comme une manière de souligner son peu d’entrain à se souvenir de son enfance japonaise alors que son partenaire est là à lui poser des questions sur sa vie. Ce jeune homme lui rappelle ce qu’elle a cherché depuis vingt cinq à oublier et elle se rend compte qu’elle ne peut plus rien faire pour arrêter ce processus mémoriel. Elle en est arrivée au point de souhaiter la présence de Kawamura, d’autant qu’elle avouera savoir où ce trouve l’église qu’il cherche. Elle pourra enfin envisager de rentrer au Japon et envisager de vivre au présent.

Adieu clarté d’été (さらば夏の光, Japon, 1968) Un film de Yoshishige Yoshida avec Mariko Okada, Tadashi Youkouchi, Hélène Soubielle, Paul Bauvais.

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