dimanche 19 juin 2011

Human pork chop


Human pork chop raconte trois semaines de la vie de Grace (Emily Kwan). Dès le début, on apprend qu’elle est morte. La police trouve son crâne caché dans une peluche. L’appartement où elle est décédée est vide, abandonné par ses locataires que la police va rechercher activement. Hok (Waine Lai) et sa petite amie Yin (Amanda Lee) sont retrouvés et amenés au poste de police. Ils vont être interrogés sur Grace, ils nient toute relation avec sa mort, mais commencent à raconter ces trois semaines. Le film alterne les courtes scènes au commissariat et les longues séquences de flash-backs.

Grace est une jeune maman, mais elle n’a pas de travail régulier et vit avec sa mère. Elle accepte de se prostituer pour gagner un peu d’argent qui sert surtout à lui acheter de la drogue. Elle emprunte 10000 HK$ à Hok, petit malfrat minable toujours accompagné de Joe (Yip Sai-wing) et Kei (Samuel Leung), deux types qui sont montrés comme pas très malins, un peu excités et primaires. Régulièrement Hok va voir Grace et lui réclame son fric. Au début, il est compréhensif mais il finit par s’énerver (son regard souvent face caméra est noir désignant sa violence sous-jacente). Ses deux acolytes battent Grace qui n’a pas de quoi rembourser.

Joe, à qui Hok a demandé de régler cette histoire, ramène Grace dans l’appartement où ils vivent tous. Ils passent leur temps à se faire des fix d’héroïne et à rien glander. Hok veut son argent tout de suite mais Grace n’en a pas. On se demande de toute façon comment elle pourrait en trouver, surtout une fois qu’elle est séquestrée, si ce n’est en vendant son corps. C’est alors que commence son calvaire. Sa déchéance physique et mentale occupe toute la deuxième partie du film jusqu’à ce qu’elle en meurt.

Grace est traitée comme une moins que rien. Elle dort dans la cuisine sur un une serpillière, elle est à peine nourrie, on lui interdit d’aller aux toilettes et se pisse dessus. Joe devient son bourreau. Il la bat tous les jours. Parfois, la caméra ne filme pas les coups de pieds qu’il donne à Grace et montre le visage haineux de Joe, mais ce hors champ n’a rien à voir avec de la pudeur. Au contraire, cette violence devient de plus en plus complaisante comme si Bennie Chan (rien à voir avec Benny Chan, réalisateur attitré de Jackie Chan) cherchait à montrer des trucs de plus en plus dégueulasses. Ainsi cette scène où Kei et sa copine s’amuse à faire fondre des pailles en plastic sur les jambes de Grace. On l’obligera un jour à nettoyer les chiottes bouchées avec sa main et à manger les crottes.

Le temps d’une scène, on se dit que Joe et les autres vont redevenir humains. Il va avec Grace dans une épicerie et, tandis qu’il fait diversion à l’arrière du magasin, elle vole de quoi manger. Mais la torture ne s’arrêtera pas. Yin tente de temps en temps de tempérer la fureur de Joe. Elle voudrait se dédouaner devant les flics qui l’interrogent. Sans doute le film entend être une analyse de la création de la violence (comme Michael Haneke), mais la mise en scène est ambiguë concernant le point de vue : c’est le couple de bourreaux qui narre en flashbacks y compris les scènes où Grace n’est pas avec eux. Ce décalage narratif censé donner de la morale a, au contraire, comme effet de sombrer dans le racoleur.

Human pork chop (烹屍之喪盡天良, Hong Kong, 2001) Un film de Bennie Chan avec Wayne Lai, Emily Kwan, Amanda Lee, Yip Sai-wing, Samuel Leung, Mok Ga-yiu, Lui Saan, Helena Law.

Aucun commentaire: