vendredi 10 juin 2011

Love actually sucks


L’ambition de Love actually sucks est démesurée. Scud, pour son quatrième film, entend montrer, comme l’indique le titre que l’amour, en fait ça craint. Pour démontrer son slogan anti romantique, le film sera choral avec une bonne douzaine de personnages autour de cinq relations amoureuses et sexuelles. Scud délaisse, un peu, ses histoires d’amour entre hommes. Le film se lance sur un mariage où tous les personnages sont présents. Le témoin doit faire un discours et lance un diaporama où une chanson sur les déboires amoureux sert de musique. Puis, les invités découvrent l’époux en compagnie d’un autre homme. Ils sont tous les deux nus et font l’amour. La fête du mariage prend donc une tournure bien différente.

Scud décline six histoires. Celle du mariage concerne un peintre qui vient de se marier et qui est fasciné par le corps de son modèle dont il dessine le corps nu. Là, on reconnait Scud dans sa passion de filmer le corps de ses acteurs. La nouveauté du film est qu’il montre pour la première un corps de femme nu. Ce personnage féminin est placé dans une relation incestueuse avec son frère. Ils couchent ensemble avec comme seule hantise de décevoir leur maman. L’autre relation hétéro est illustrée par un jeune danseur qui donne des cours à une vieille dame très riche et qui espère plus que des cours. Là, on est dans du banal comme ce récit de deux clients d’une salle de muscu. L’un vieux, l’autre jeune, leurs désirs sont contradictoires. Une histoire qui l’est moins est celle d’un trio où deux hommes sont amoureux de la même femme. L’un d’eux est si possessif qu’il ira jusqu’à décapiter la belle et partir avec la tête sur une île désertique. Autre récit, moins développé et qui ne semble pas intéresser le réalisateur, celui de deux lesbiennes passent leur temps à se disputer.

Ce foisonnement scénaristique n’est qu’apparent. Le film ne sait pas toujours quoi dire si ce n’est quelques lieux communs. Les récits sont mélangés, comme souvent dans les films choraux, et je dois avouer que je m’y suis parfois un peu perdu, d’autant que le cinéaste a choisi des acteurs qui sont tous du même type : des caricatures de beaux gosses. Le cinéaste a un peu de mal à tenir ses récits, à les faire démarrer, progresser et finir (tous dans le drame – tous les personnages seront punis par les hommes ou par la mort). On se croirait parfois dans un succédané de Kim Ki-duk avec sa philosophie de comptoir et le malheur du quotidien. Sauf que dans Love actually sucks, on y croit encore moins que dans les derniers films de Kim Ki-duk. Bien sûr, il est bien que Scud cherche à se renouveler, qu’il ne se contente pas de devenir le David DeCoteau hongkongais, mais il serait bien qu’il ne sombre pas dans la facilité avec des histoires d’amour mal fagotées. Le film est pour l’instant toujours inédit en salles. Une sortie à Taïwan a été annulée et aucune sortie n’est prévue à Hong Kong.

Love actually sucks (愛很爛, Hong Kong, 2010) Un film de Scud avec Alice Chen, Celia Chang, Christepher Wee, Hae Leung, Jackie Chow, John Tai, Lareine Xu, Osman Hung, Owen Lee, Sherry Li, Winnie Leung, Bettin Chan, Calvin Wong, Tang Wei.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Et si le film n'est sorti ni à Taiwan, ni à HK, ni nulle part, tu l'as vu comment?

Jean Dorel a dit…

Le distributeur européen (Medialuna) a gentiment mis un screener à ma disposition.