Toutes les montres se sont arrêtées à 5h18 ce matin-là. Les soldats de l’armée japonaise allaient faire quelques manœuvres et ils constatent tous, durant le trajet, que l’heure n’avance plus. L’un d’eux remarque que Vénus a changé de place. A là tête de la brigade de vingt hommes, le Lieutenant Iba (Sonny Chiba), barbu comme il se doit, qui demande à tous si les montres fonctionnent. Le temps s’est figé et c’est alors que d’étranges phénomènes se produisent. De gros nuages violacés apparaissent, le soleil lui-même change de couleur, un cheval sur le bord de la mer semble touché par un étrange arc-en-ciel. On se croirait un peu dans le trip final de 2001 l’odyssée de l’espace. Les mouettes s’envolent en criant, des chevaux courent sans raison. Puis, la mer se démonte, de grosses vagues menacent un croiseur venu également pour les manœuvres. Et puis soudain, une grande lumière blanche aveuglante et le noir complet, plus une seule lumière jusqu’à ce qu’elle revienne et que les montres se remettent à marcher.
Au petit matin, la troupe ne comprend pas encore ce qu’il leur ait arrivé. La plage sur laquelle il se trouve n’a pas changé, mais l’environnement est totalement différent. L’usine électrique que l’on avait aperçue en début de film n’est plus là. Passé un moment d’hébétude, les soldats commencent à se poser des questions. L’un d’eux, qui a toujours une envie pressante de pisser, s’éloigne un peu et aperçoit des hommes sur la colline. Ils sont vêtus à la samouraï. Car en fait, ce sont des samouraïs. Et ces soldats d’un autre âge commencent à envoyer des flèches aux soldats de 1979. Ces derniers répliquent avec leur char d’assaut en tirant sur les arbres autour des samouraïs qui s’enfuient. Iba et ses hommes sont passés au milieu du 15ème siècle. Ils en font le constat avec un certain effroi mais ils doivent bien faire avec. Iba va demander aux marins du bateau de venir sur terre et aux pilotes de l’hélicoptère de se poser. Les armes et les moteurs marchent, et c’est tant mieux parce qu’ils vont devoir s’en servir.
Un chef de clan, Kategora (Isao Natsuyagi) arrive sur les lieux sur son cheval, dans son beau costume surmonté d’un demi-arc de ciel doré. Il présente tous les hommes de son château. Iba comprend qu’il se trouve en pleine guerre féodale. Kategora va voir les hommes du futur et s’interroge sur ces étranges machines. Il monte sur le char et tire à la mitraillette. Kategora est montré comme un gamin qui découvre un joujou. Il apprend de nouveaux mots (prononcer hélicoptère), s’amuse beaucoup sur les engins et ne semble pas vraiment étonné de voir tout ce monde. Il a autre chose en tête, engager Iba pour vaincre son ennemi mortel, le seigneur Kutoda, et mieux encore, prendre la place du shogun. Après tout, Iba est aussi un combattant, une machine de guerre. On voit alors les deux hommes sympathiser, sur une musique mi rock mi disco (la musique jurera constamment avec l’ambiance du film), aller faire des promenades ensemble, prendre des bains et discuter de la vie, la mort et la guerre sur un rocher au bord de plage. Il est nécessaire de dire que cette partie, où leur amitié nait, est l’une des parties les plus kitsch des Guerriers de l’apocalypse. La guerre est lancée, sauvage et violente d’autant que le film n’hésite pas sur le nombre de figurants à l’écran. La dernière demi-heure est entièrement dédiée à la bataille entre les soldats contemporains et ceux du shogun. Avec leurs simples flèches, mais en nombre largement supérieur, ils attaquent le char et l’hélico.
Avant cette bataille brillante et flamboyante, morceau de bravoure des Guerriers de l’apocalypse, le film montre les comportements des soldats d’Iba. On découvre le jeune soldat romantique qui voulait déserter pour rejoindre sa copine qui l’attend sur le quai de la gare. Le film jouera sur la temporalité (histoire de dire que rien n’a changé en cinq siècles), en montrant une reconstitution de bataille de la guerre féodale devant laquelle la jeune femme passe. L’une des inquiétudes d’un soldat est le choc temporal, l’angoisse de modifier l’Histoire. Un autre rencontre une jeune femme sauvage qui ne dira pas un mot pendant tout le film. Ils se suivront, se chercheront, s’aimeront sans doute. Un autre soldat choisit d’aider une jeune mère de famille dans ses tâches quotidiennes, il abandonne la brigade pour rester avec elle. Et enfin, il y a Yano (Tsunehiko Watase), l’ennemi de l’intérieur, l’adversaire personnel d’Iba. Ils se connaissent depuis des années (il est évoqué un coup d’état où l’un a arrêté l’autre) et ne s’apprécient pas. Leur affrontement précède la grande bataille et il est tout aussi brutal. Yano se rebelle, part avec quelques soldats piller les villages et violer des femmes, mais il va devoir affronter Iba. Et parce qu’Iba est joué par Sonny Chiba, l’acteur de films d’action viril qu’il est, va aller le choper à la mitraillette accroché au bout d’une corde suspendu à l’hélicoptère. C’est à ça qu’on reconnait un héros de film de guerre.
Les Guerriers de l'Apocalypse (戦国自衛隊, Japon, 1979) Un film de Kōsei Saitō avec Sonny Chiba, Toshitaka Ito, Jun Eto, Koji Naka, Mancho Tsuji, Raita Ryu, Shinichiro Mikami, Tadashi Kato, Tsunehiko Watase, Hiroshi Kamayatsu, Isao Natsuyagi, Haruki Kadokawa, Hitoshi Omae, Kentaro Kudo, Katsumasa Uchida, Shin Kishida, Hiroshi Tanaka, Hiroyuki Sanada, Mikio Narita, Mizuho Suzuki.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire