Quatre parties, trois personnages : deux hommes et une femme, un sujet : le cinéma. Oki’s movie, parait-il tourné très rapidement de manière improvisée, adopte une forme courte (80 minutes), enfin débarrassée des lourdeurs du sentimentalisme de certains des films précédents de Hong Sang-soo. Les deux hommes, Song (Moon Seong-geun) le plus âgé et Jin-gu (Lee Seon-gyoon) le plus jeune tournent autour d’Oki (Jeong Yu-mi), jeune femme réservée en apparence. Elle est étudiante et son cœur est à prendre et hésite entre les deux. Elle va aller jusqu’à les comparer dans la partie qui donne son titre au film, en voix off, à un an de distance, elle amène les deux hommes faire la même promenade le jour de l’an. Alternativement, elle analyse les gestes, les comportements, ce qu’ils disent et ce qu’ils proposent de faire. Elle en vient à la conclusion qu’elle préfère le professeur Song au jeune étudiant Jin-gu. Cette décision est la suite logique, si une logique est possible en amour, des trois autres parties qui développent les personnalités de Song et de Jin-gu.
Dans la première partie, Jin-gu n’est pas un étudiant mais un cinéaste qui enseigne à la fac. Il n’a pas tourné depuis longtemps et son allure est celle d’un jeune : baskets, sac en bandoulière, veste colorée. Song est son supérieur à la fac et il l’invite à manger au restau avec des collègues. Là, Jing-gu boit tellement qu’il commence à parler des rumeurs qui courent sur le proviseur Song. Il balance ça en plein repas, demandant si c’est vrai, ajoutant qu’il lui apporte son soutien. Ça passe évidemment très mal, Song lui demande de se taire et lui fait la gueule. Les rumeurs, Jing-gu en sera aussi victime lors de la présentation d’un de ses films où une spectatrice lui demande de répondre à des accusations : quatre ans auparavant, il aurait brisé la vie d’une étudiante qui se préparait à se marier. C’est la confrontation entre les deux manières de proférer les rumeurs, l’une sur le mode comique au restau, l’autre sur le mode dramatique pendant la conférence, qui séduit. Soudain, cette partie s’achève et un nouveau générique, bien fauché, filmé directement sur un écran d’ordinateur avec une musique pompière entame la deuxième partie. Encore, le double et leur opposition.
Les deux autres parties se concentrent sur Song en tant que cinéaste et enseignant et Jing-gu, étudiant en cinéma doué. Les deux hommes aiment Oki, l’étudiant ignore qu’elle a une aventure avec le cinéaste et ce dernier fait tout pour la dissuader de voir Jing-gu qui ne comprend pas ce refus. En plein hiver, il va passer la nuit dehors, devant sa porte en attendant qu’elle veuille bien lui ouvrir. Oki a beau dire à Song qu’elle ne répond pas à ces appels et à ces sollicitations, le professeur décide de saquer son meilleur élève qui, là non plus, ne comprend pas ce qui se passe. Finalement, le dindon de la farce, ca sera toujours lui. Il est là, avec sa grosse doudoune rouge à passer mollement dans la cour de la fac, encore ici à boire de l’alcool de riz sur un escalier à attendre. Il est à la fois pathétique et sympathique, victime de son histoire d’amour. Mais on se dit aussi que le récit de la deuxième rumeur sur le prof qui séduit une étudiante alors qu’elle allait se marier est en train de se mettre en place et que cette rumeur de corruption de Song trouve des échos dans la mauvaise note que reçoit Song-gu. Oki’s movie est un film modeste qui joue avec les marivaudages et ce film m’apparait bien supérieur aux films précédents du réalisateur.
Oki’s movie (옥희의 영화, Corée, 2011) Un film de Hong Sang-soo avec Lee Seon-gyoon, Jeong Yu-mi, Moon Seong-geun, Seo Young-hwa, Song Gi-hyeong, Baek Jeong-rim.
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