Après
s’être attaqué à Wong Fei-hung, le triturant dans tous les sens, le faisant
passer pour un moins que rien dans ses deux parodie Once upon a time a hero in China et Master Wong vs Master Wong, Lee Lik-chi va trouver un autre pan de
l’histoire : Sun Yat-sen et la résistance à l’armée japonaise. The Tigers, the legend of Canton est
d’abord l’occasion de réunir devant la caméra les cinq membres du groupe The
Wynners. Comme dans les deux autres parodies citées plus haut, ces tigres-là
n’ont rien de bien vaillant. Au contraire ce sont des incompétents notoires et
le titre du film qui parle de légende indique bien dans quelle direction on se
dirige.
Comme
il se doit, chaque personnage a son caractère. Alan To (Alan Tam) est persuadé
d’être un superbe séducteur de femmes. Chung Kwok-yan (Kenny Bee), déguisé en
Indiana Jones, chapeau et fouet en bandoulière, aide la veuve et l’orphelin.
Avec ses vétements anachroniques, il est censé, dès qu’on le voit, apporter de
l’humour. Sum Si-koon (Anthony Chan) est un lettré. Habillé en habits
traditionnels, il peut discourir sur tous les sujets et régler tous les
problèmes. En revanche, il ne sait pas se battre. Jian (Bennett Pang) est un
esprit alerte pourvu d’une grande mémoire. Enfin, Keung (Danny Yip) prétend
posséder des dons de divination. A eux cinq, ils semblent donc armés pour
affronter les Japonais ennemis. Wah (Nat Chan) les a dépêchés pour les
combattre. Ils se reconnaissent au signe sur leur valise : un soleil
japonais barré.
Seulement
voilà, une fois réunis tous ensemble à Shanghai pour venir en aide à Sun
Yat-sen qui a disparu (et qu’on ne verra jamais), ils ne trouvent pas Wah, qui
dans des gags qui ponctuent le film, se trouvent toujours dans des situations
impossibles où il ne peut pas approcher les cinq sauveurs. Le meilleur gag
donne le niveau du film : Wah arrive chez les cinq tigres, il rentre par
la fenêtre, rentre dans les toilettes qui sont piégées et se voit expédié, tête
la première au beau milieu du marché de la ville. Les héros sont ici des
tocards qui trouvent le message laissé à leur intention mais l’interprètent de
travers. Ils sont persuadés qu’ils doivent sauver Yuen (Anthony Wong) et
arrêter Sun Yat-sen. C’est donc toute une série de quiproquos qui sert de fil
conducteur au scénario.
Car
Yuen est dans le camp des annemis. Anthony Wong ne fait pas dans la dentelle
avec son personnage de renégat à la petite moustache à la Hiro Hito (ou à la
Hitler selon ce qu’on y voit), au rire sardonique et au regard torve de
l’expert en traitrise. Face aux cinq membres des Wynners, c’est lui qu’on attend
à chaque scène. L’allié japonais de Yuen est le redoutable général japonais
surnommé « le poing invisible » (Leung Kar-yan), c’est à lui que sont
dévolues les scènes d’arts martiaux. Et les femmes sont au nombre de deux :
Alan et Yan vont tous les deux tomber amoureux de Lam (Monica Chan) et ne même
pas regarder sa copine Siu Yuen (Kingdom Yuen). Une romance nunuche destinée à
créer un suspense entre les deux hommes : leur amour ne va-t-il pas
troubler leur mission. Mais à ce niveau du film, on a déjà capitulé devant le
scénario balourd et la pauvreté des gags. Après avoir bine travaillé avec Alan
Tam, Lee Lik-chi est allé vers d’autres cieux et a travaillé avec Stephen Chow
pour Flirting
scholar. Et franchement, on voit la différence.
The
Tigers, the legend of Canton (廣東五虎之鐵拳無敵孫中山, Hong Kong, 1993) Un film de Lee Lik-chi avec Alan Tam, Kenny Bee,
Anthony Chan, Bennett Pang, Danny Yip, Anthony Wong, Monica Chan, Kingdom Yuen,
Nat Chan, Leung Kar-yan, Ku Feng, Gabriel Wong, Joey Leung.
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