lundi 9 juillet 2012

Le Dernier royaume



Dans A simple life d’Ann Hui, sur lequel j’ai causé il y a quelques jours, on voit une scène avec Andy Lau qui discute avec quelques uns de ses collègues de l’industrie du cinéma de Hong Kong. Ils se demandent quel sera le prochain à prendre pour cadre l’histoire de la Chine antique. Ils se demandent si Andy Lau va tourner une nouvelle et énième version des 3 royaumes. Bref, le film d’Ann Hui interroge la question de tous ces films historiques qui arrivent sur les écrans depuis quelques mois maintenant et qui semblent être tous conçus selon le même moule. Daniel Lee après avoir exploité le filon dans Les 3 royaumes : la résurrection du dragon (avec justement Andy Lau, d’où la private joke) puis dans La 14ème lame, remet le couvert avec Le Dernier royaume. On admirera la constance de l’éditeur dvd pour mettre le point sur le même mot.

Comme le titre l’indique bien, il s’agit d’un récit autour de batailles entre d’un royaume de l’ancienne Chine. Le film se concentre sur celui qui doit devenir le nouvel empereur entre les Han et les Chu après la défaite des Qin. Deux hommes s’affrontent autour de la cité de Xianyang : Liu Bang (Leon Lai) et Xiang Yu (Feng Shaofeng). Mais c’est aussi une jeune femme qui est au centre de leur rivalité. Yuji (Liu Yifei), la concubine de Xiang Yu que Liu Bang surveille sans pour autant la tenir prisonnière. Yuji jour du luth, une manière facile de mettre un peu de douceur dans ce monde brutes. Le premier a comme second l’impétueux Fan Kuai (Jordan Chan, qu’on n’avait pas vu dans un film depuis bien longtemps), comme allié le Général Han (Andy On, un acteur au jeu qui ne cesse de s’améliorer) et Xiang Liang (Zhang Hanyu). Face à ce quatuor, Xiang Yu peut compter sur les judicieux conseils de Fan Zeng (Anthony Wong), un vieillard aveugle aux cheveux blancs, expert en échec et jeu de go. Des ennemis s’affrontent d’ailleurs au jeu de go, Fan Zeng joue cinq parties à la fois. Chaque fois qu’il en gagne une, un homme est torturé : visage déchiqueté, oreille tranchée, doigts coupés, jusqu’à ce que Fan Kuai intervienne enfin.

Tout Le Dernier royaume est constitué autour des stratégies de guerre entre les deux personnages. Pour dire la vérité, très vite, tout cela devient incompréhensible à moins de prendre des notes sur les alliances et les trahisons. L’idée maitresse du film consiste à montrer des seigneurs de guerre qui discutent entre eux avec la plus grande courtoisie puis partent s’affronter avec la plus extrême violence à grand coups de flèches, de sabre et de lance. Donc, dans le film, les scènes de discussion alternent avec les scènes de bataille. Ces dernières sont toutes conçues sur le même modèle à grand renfort d’effets spéciaux. On observe d’un plan d’ensemble (souvent vu du ciel) des milliers de fantassins prêts à attaquer avec force poussière. Puis les archers lancent leur flèches qui dans le plan suivant blessent leurs ennemis avec des ralentis. Enfin, deux adversaires sont pris en particulier avec beaucoup de gros plans histoire de ne pas voir la pauvreté de la chorégraphie des combats. Désormais dans ce genre de films, la lumière est sombre (crépusculaire) et Daniel Lee n'oublie pas de mettre une scène avec de la neige car, on le sait, le sang ça fait poétique dans la neige. Bref, tout très vite devient totalement illisible et ennuyeux d’autant plus que le film s’étire sur 130 minutes qui en paraissent le double. Une autre version du film (The Last supper) réalisée par Lu Chuan, auteur de The City of life and death, vient de sortir en Chine.

Le Dernier royaume (White vengeance, 鴻門宴, Hong Kong – Chine, 2011) Un film de Daniel Lee avec Leon Lai, Feng Shaofeng, Jordan Chan, Zhang Hanyu, Liu Yifei, Anthony Wong, Jia Qing, Andy On, Du Yiheng, Wu Ma, Chen Kuan-tai.

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