lundi 16 juillet 2012

Prison on fire



Jeune cadre dynamique, Lo Ka-yia (Tony Leung Ka-fai) se retrouve en prison pour purger une peine de trois ans pour homicide involontaire. Pour défendre son père agressé par des petits malfrats, il a poussé l’un d’eux qui s’est fait écrasé par un bus. Il arrive donc dans un univers qu’il ne connait pas au milieu de gens (gardiens et prisonniers) qui, au contraire, connaissent toutes les règles. Ainsi Lo Ka-yia découvre, dans Prison on fire, un monde inconnu avec des yeux candides. Ringo Lam prend soin de le décrire avec minutie notamment les premières fouilles humiliantes. Il prend surtout soin de pas exagérer le trait mais que le regard de Yia soit celui d’un homme qui soit au même niveau que le spectateur. On sera donc assez éloigné des surenchères Catégorie III de The Story of Ricky par exemple.

Affecté à l’infirmerie, Yia va rencontrer Ching (Chow Yun-fat), petite bandit qui a une jambe cassée. Ching teste Yia en échangeant leur morceau de viande qu’il juge plus épais ou en allant chier alors que Yia est justement en train de nettoyer les cuvettes. Il comprend vite que chaque fois Yia se laisse faire, qu’il ne réplique pas, au contraire qu’il serait prêt d’aller plaider sa cause auprès du directeur de la prison, chose considérée comme une lâcheté (au mieux) ou comme une trahison (au pire) par les autres prisonniers. Il va lui servir de guide dans cet univers inhospitalier. Il va lui apprendre les règles non seulement de vie mais également de survie.

Il faut apprendre à survivre aux affrontements des différents clans et quand Madly (Shing Fui-on) se met à devenir fou pendant la promenade, Yia s’affole, ne sait plus quoi faire et Ching le protège. Les deux principaux clans sont tenus par Micky (William Ko) et Bill (Tommy Wong) et, comme on le sait bien, il faut diviser pour mieux régner. C’est en tout cas le mode de direction du chef des gardiens Hung (Roy Cheung) qui décide de sacrifier Yia pour avoir la paix dans sa prison. Pour cela, rien de plus simple, il convoque Yia dans son bureau, les autres pensent qu’il a cafté et notamment les hommes de Bill qui ne savent pas que Micky s’est entendu avec Hung. Ce dernier est surnommé le tueur et il faut bien reconnaitre que Roy Cheung, pas encore arrivé dans l’univers de Johnnie To, a un regard qui glace d’effroi. C’est réellement lui le personnage le plus négatif du film avec cette volonté de Ringo Lam de n’accabler aucun personnage.

Le film a une réputation de grande dureté. Elle est plus psychologique que physique. Yia subit des pressions venues de Micky qui le harcèle de plus en plus et qui le rend responsable d’à peu près tout, mais aussi de Hung contre lequel il est incapable de répondre. Tony Leung Ka-fai avec son jeu tout en retrait, avec son regard caché derrière ses lunettes et dont on sent que son personnage est prêt à exploser, est idéal pour ce rôle d’homme intègre qui se trouve désintégré par la prison. Les rares visites de sa famille (son père agressé en début de film, sa sœur et sa fiancée) constituent son unique pilier avec la réalité et l’extérieur. On sent qu’il perd ses illusions, son visage se décompose, puis le coup de semonce arrive quand sa copine décide de partir étudier en Europe. Sentant sa vie partir en lambeaux, il n’hésite plus à se battre contre Micky et à tenter de se suicider.

Son duo avec Chow Yun-fat fonctionne à merveille. Les deux acteurs se complètent dans leur jeu. Le personnage de Ching apparait d’abord comme un égoïste, un petit comique. Le sourire de l’acteur, son entrain désamorcent cette violence psychologique, l’humour de son personnage (plus que son caractère comique) aide à faire passer la dureté de la prison. Dans une scène d’une rare douceur (la danse entre prisonniers le soir de Noël), Chow Yun-fat occupe tout l’espace laissant déborder son charisme. Prison on fire atteind son niveau de tension maximum quand les prisonniers décident de faire une grève de la faim (scène fameuse souvent parodiée) et que Chow Yun-fat change de ton, devenant une bête à tuer et que la violence physique emplit l’écran dans un finale lyrique.

Prison on fire (監獄風雲, Hong Kong, 1987) Un film de Ringo Lam avec Tony Leung Ka-fai, Chow Yun-fat, Roy Cheung, William Ko, Tommy Wong, Victor Hon, Terrence Fok, Frankie Ng, Wong Man-gwan, Joe Chu, Shing Fui-on, Leung Ming.

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