La
Cinémathèque de Grenoble a présenté lors de son Festival du film court (la 35ème
édition) six courts-métrages d’animation réalisés entre 1917 et 1929. Les deux
premiers chacun d’une durée de deux minutes ont été retrouvés par Natsuki
Matsumoto, historien de cinéma et collectionneur de vieilles bobines (les films
ont d’ailleurs été présentés en 35 mm ) et ont été restaurés et teintés numériquement. Une épée émoussée narre l’histoire d’un
samouraï qui trouve une épée et qui l’essaie. Taro Urashima conte une vieille
légende japonaise où le héros éponyme sauve une tortue. Celle-ci l’invite au
fond de la mer. Ces deux films ont encore une animation balbutiante faite
essentiellement de dessins peu mouvants.
Le Conte du temple du crabe, d’une durée de 11 minutes, est déjà bien plus
ample visuellement. Un crabe est sauvé par une jeune femme d’un garçon qui
l’avait capturé. Plus tard, elle reçoit la visite d’un serpent qui veut en
faire son épouse malgré les craintes de son père. Harcelée par le reptile, la
jeune fille, qui a fait construire un temple bouddhiste, se voit sauver par une
horde de crabes. Dans Ubasuteyama,
un souverain décide que les vieillards doivent être abandonnés et périr. Un
homme refuse que sa vieille maman ne meure. Le souverain pose des questions à
l’homme (comment reconnaitre une jument de son poulain s’ils sont tout à fait
semblables) et sa mère peut répondre (la jument laisse toujours manger son
poulain avant elle). Ce film illustre la sagesse des anciens et fait bien
entendu penser à la légende du Narayama.
Chaplin et Coogan, dont l’année de réalisation reste incertaine,
sans carton de présentation, est une curiosité. Il table sur la popularité de
Jackie Coogan le jeune interprète de The Kid, le film de Charlie Chaplin – qui
apparait également dans ce film. Le jeune acteur, que l’on reconnait à sa
casquette, apparait dans une animation très saccadée. Il cherche à être engagé
dans un film japonais et le court-métrage permet de découvrir des visages de
réalisateurs et acteurs japonais de l’époque. Une sorte de témoignage. Enfin, La Bosse met en récit deux frèrex d’un
Japon ancien. L’un travaille toujours, l’autre est paresseux. Chacun a une
bosse proéminente sur la joue. L’homme qui travaille rencontre des monstres
(des tengu), sorte de kappa à bec d’aigle et ailé. Il doit
danser pour eux et sa bosse sera arrachée.
Chacun
de ses six films d’animation ont des sujets très japonais issus pour la plupart
des contes et légendes locales. Tous muets, ils sont narrés grâce à de nombreux
cartons. Dans La Bosse, ces cartons
font l’objet d’une esthétique avancée, tout comme les dessins des monstres
extrêmement fins, déjà proches des dessins et thématiques de Osamu
Tezuka, alors que les trois courts-métrages des années 1920 sont plus
grossiers, un peu saccadés, pas encore très bien animés. L’une des récurrences
de ces six films est l’apparition d’un cercle dans le cadre, un cercle qui
évoque le soleil du drapeau japonais, comme si ces six courts-métrages
signaient ainsi, traditionnellement, leur appartenance à l’archipel.
Une
épée émoussée (なまくら刀, Japon, 1917) Un film de Junichi Kouchi
Taro
Urashima, (浦島太郎, Japon, 1918) Un film de Seitaro Kitayama
Le
Conte du temple du crabe (赤垣源蔵徳利の別れ, Japon, 1924)
Un film de Hidehiko Okuda, Tomu Uchida et Hakuzan Kimura
Ubasuteyama
(うばすて山,
Japon, 1925) Un film de Sanae Yamamoto
Chaplin
and Coogan (Japon, 1925) Anonyme
La
Bosse (かたまり,
Japon, 1929) Un film de Yasuji Murata
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