mardi 5 février 2013

Jackie Chan dans le Bronx


Il est possible de considérer Jackie Chan dans le Bronx (le titre français de Rumble in the Bronx), comme le premier film américain de Jackie Chan. Bien que ce film soit une coproduction entre Hong Kong et le Canada – il a d’ailleurs été tourné à Vancouver et non à New York – et que la star ait déjà tenté l’expérience sur le sol nord américain avec Tsui Hark et Ringo Lam (Twin dragons, qui se déroulait au Canada). Suivant lui aussi le mouvement pré-rétrocession, Jackie Chan part comme de nombreux de ses compatriotes, faire carrière à Hollywood. Autant le dire tout de suite, Jackie Chan in the Bronx est un navet tant du point de vue de l’humour, du scénario que de la mise en scène.

Kwong (Jackie Chan) est un jeune hongkongais (!) qui se rend à New York pour assister au mariage de son oncle Bill (Bill Tung) qui en profite pour vendre son magasin à Elaine (Anita Mui), une jeune chinoise partie elle aussi faire fortune en Amérique. C’est alors qu’une bande de loubards vient se servir dans les rayons et que Kwong vient leur apprendre la politesse à grands coups de poings. Trois choses traversent l’esprit : d’abord que le scénario du magasin en terre étrangère assiégé par des loubards rappelle La Fureur du dragon. Pour aborder Hollywood, Jackie Chan brandit la référence Bruce Lee. Ensuite, que l’acteur est ici sur un terrain idéal pour se battre. Chaque marchandise, chaque étalage du magasin devient une arme. Enfin, cette bande de loubards en moto, en blouson de cuir, jurant et ricanant est la bande la plus improbable vue depuis bien longtemps.

Les méchants du film sont au-delà de la caricature. Ils  font le mal pour le mal, c'est-à-dire qu’ils volent des carambars dans le magasin (mais rappelons-le nous : tout ceci se passe dans le Bronx et le Bronx ça craint) et casse des bouteilles de soda, ils roulent en moto sur des voitures pour le plaisir de casser les vitres et ils veulent se venger de Kwong, qui on le rappelle leur a appris la politesse à grands coups de poings. Pour ménager un vague suspense, Kwong se trouve aculé dans une impasse où les loubards lui balancent des bouteilles. On reste étonné que notre star ne bouge pas, qu’il encaisse les coups et se retrouve blessé. Mais c’est pour mieux amorcer la partie romance du film.

Alors qu’on croyait que Jackie Chan allait amorcer une romance amoureuse avec Anita Mui, il n’en est rien. L’actrice d’ailleurs fait de la figuration (un scandale) en souriant de temps en temps dans un personnage de gourde censée donner du comique au film. Kwong va se réfugier chez Danny (Morgan Lam), un ado handicapé avec lequel il a sympathisé. Il s’agit surtout d’émouvoir à peu de frais. Or, Danny est le petit frère de Nancy (Francoise Yip), la meuf du chef des loubards. Quand elle comprend que Kwong est dans son appartement, cette irresponsable ne veut pas l’aider. Mais son petit frère dit des choses si gentilles sur elle qu’elle tombe amoureuse de Kwong. Car oui, je le redis, il s’agit surtout d’émouvoir à peu de frais. Cette romance aussi peu crédible que banale créera quelques ennuis au couple fraichement formé.

Le chef de bande, Tony (Marc Akerstream, un cascadeur dans la vie) est évidemment jaloux. Et les autres membres de la bande veulent se venger. C’est sans compter sur une bande de vrais méchants, de sales voleurs de diamants qui sont prêts à tout pour récupérer le butin qui a été caché dans le coussin du fauteuil roulant de Danny (une cachette bien idéale en vérité). Finalement Tony n’était pas un si mauvais bougre que ça puisque Kwong décide de s’unir à lui pour battre les voleurs particulièrement vicieux (ils frappent Danny les salauds). Tout se termine avec une « course poursuite » en aéroglisseur. On imagine qu’en 1995, cela a pu passer pour une bonne idée pleine de nouveauté, aujourd’hui, on en rit encore. Jackie Chan dans le Bronx est un authentique navet, le premier d’une longue série pour Jackie Chan.

Jackie Chan dans le Bronx (Rumble in the Bronx, 紅番區, Hong Kong – Canada, 1995) Un film de Stanley Tong avec Jackie Chan, Anita Mui, Francoise Yip, Bill Tung, Morgan Lam, Marc Akerstream.

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