mercredi 6 février 2013

The Silent war


En 1949, le morse était le moyen le plus sûr et discret d’envoyer des messages secrets. Dans cette période de transition et de troubles entre communistes et nationalistes, il fallait pouvoir communiquer sans se faire prendre par l’ennemi. Zhang Xuening (Zhou Xun) fait partie de l’unité 701 du gouvernement. C’est une espionne qui cherche à traquer les ennemis invisibles. The Silent war s’ouvre d’ailleurs sur une de ses missions où, par la ruse, elle enlève un homme en feignant de tuer Guo (Wang Xuebing). Ce derniers est son supérieur hiérarchique et, une fois rétabli, il l’envoie chercher des hommes capables de repérer les signaux des messages en morse, silencieux à une oreille normale mais audible pour des personnes plus sensibles.

Qui entend mieux qu’un aveugle ? Personne, pense  Zhang Xuening qui tombe dans une salle de concert sur Bing (Tony Leung Chiu-wai), l’accordeur de piano. Elle était venu recruter le pianiste mais c’est son employé qu’elle embauche après avoir vu combien ses capacités sont grandes : le mari de la maîtresse du pianiste débarque avec ses sbires et Bing l’avait entendu avant de le voir. Elle comprend qu’il est un homme d’action. Zhang amène son protégé dans un lieu tenu secret. Enlevant ses lunettes noires, on découvre ses yeux morts qui la fixent. Cela dérange la jeune femme mais on sent bien qu’elle commence déjà à tomber sous le charme. Bien entendu, Bing ne remarque pas les regards qu’elle lui porte mais il les sent.

L’entente entre eux deux est parfaite mais elle doit convaincre Guo de la valeur de son protégé. Toute une série de tests est mise en œuvre où Bing, unique aveugle au milieu de voyant portant un bandeau, entend les sons en basse fréquence, amène Zhang dans une autre pièce et savoure dans un grand sourire sa victoire. Cette partie, plutôt amusante, permet de découvrir un monde du contre-espionnage avec ses émetteurs radio, ses chambres de silence et ses bandes de papier recouvertes de trous. La formation au morse de Bing est montrée en détail. Or, si Guo doute de Bing, ça n’est pas seulement à cause de son assurance, c’est parce qu’il est illettré. Ainsi, il ne comprend pas ce qu’il tape mais retransmet tous les messages qui permettent de traquer les ennemis (c’est-à-dire les nationalistes et les anti-Mao).

Ces ennemis, Bing finira par les entendre dans la chambre capitonnée et silencieuse. Ils sont au nombre de six. Avec des images en surimpression et floutées artistiquement comme pour appuyer le mystère, Bing détermine précisément qui sont ces gens, comment ils tapent sur le poussoir (gaucher, droitier, vite lentement), s’il s’agit d’un homme ou d’une femme. Ces images mentales typiques des personnages qui savent tout avant tout le monde est plaisante, dans une volonté de marquer le caractère énigmatique de la mission. Bing devient la vedette de l’unité 701, acclamé et applaudi. La traque se précise, Zhang Xuening va maintenant s’infiltrer dans ce milieu en se faisant passer pour une femme d’affaires. Après la réflexion de Bing, l’action pour Zhang, la tête et les jambes. Là, le récit se fait un peu moins passionnant, devient plus transparent. Jamais le scénario ne jouera sur une éventuelle rivalité entre Zhang, Bing et Guo, tout concentré dans sa volonté, franchement lassante, de montrer l’unité pour sauver la patrie de ses traites.

Le film est très inégal dans sa narration abordant quelques pistes scénaristiques confuses. Il refuse d’établir une liaison entre Bing et Zhang Xuening mais fait intervenir un autre personnage féminin au milieu du film. Shen Jing (Mavis Fan) est une collègue qui décrypte les messages codés de l’ennemi. Seulement voilà, son père est exilé à Taïwan et est proche du pouvoir nationaliste. Les éventuels soupçons de trahison tombent en quelques lignes de dialogue : la jeune femme assure l’unité des deux Chine. Shen Jing tombe amoureuse de Bing. Ils se marient. Son personnage n’aura guère plus grande envergure. Le récit a alors l’idée malheureuse de faire recouvrer la vue à Bing par une opération chirurgicale. Cousue de fil blanc, cette ouverture scénaristique fait que Bing n’arrive plus à entendre les sons bas. The Silent war est un peu long (119 minutes) et le scénario est parfois incohérent mais parvient constamment à créer des coups de théâtre dignes d’un film d’espionnage qui se respecte.

The Silent war (聽風者, Hong Kong – Chine, 2012) Un film d’Alan Mak et Felix Chong avec Tony Leung Chiu-wai, Zhou Xun, Mavis Fan, Wang Xue-bing, Carrie Ng, Gan Ting-ting, Bai Ru, Dong Yong.

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