Je n’avais pas écrit sur Colorful lors de sa sortie française
(en novembre 2011). Je n’avais pas vu le film sans doute parce que je n’avais
pas franchement aimé Un été avec
Coo, précédent film de Keiichi Hara. Le fantastique continue son chemin
avec cette fois, non pas une créature de contes, mais un jeune homme aux
cheveux gris, habillé en écolier, mais s’exprimant comme un adulte. Pura-Pura a
pour mission de convaincre une âme qui vient d’arriver au purgatoire d’accepter
de retourner sur terre pour se réincarner dans le corps de Makoto Kobayashi, un
adolescent de quinze ans qui vient de se suicider.
Makoto revit, pour le plus grand bonheur
de ses parents, et se repose chez lui. Pura-Pura devient le guide de cette âme,
sans que personne d’autre ne le voie. Qui est vraiment Makoto ? Quels sont
ses amis ? Et surtout, pourquoi a-t-il voulu mourir ? C’est d’abord
un peu de comédie qui se glisse avec l’apparition de cet « ange » au
caractère espiègle qui va et vient selon son humeur. Les indices sont donnés au
compte goute, Pura-pura agissant comme un narrateur omniscient ménageant le
suspense. Il ne répond pas à toutes les questions de Makoto mais lui déclare
qu’il a six mois pour choisir de rester dans ce corps.
On découvre ensuite la famille Kobayashi.
Le père, la mère et le grand frère, étudiant. Les deux parents font tous les
efforts possibles pour que Makoto se sente bien. Mais les rapports sont
difficiles. Le grand-frère n’adresse pas la parole à Makoto et ce dernier ne
parle guère à ses parents. Plus précisément, ne connaissant pas l’histoire de
Makoto, sa nouvelle âme parle aux parents, puis découvrant que la veille du
suicide, Makoto a découvert sa mère sortant d’un hôtel avec son professeur de
flamenco, il se terre dans un silence absolu et refuse de manger les plats
qu’elle prépare.
Enfin, il y a le collège. Makoto a un
téléphone portable vide. Pas de sms, pas d’appels, pas de contact. Une seule
photo, celle d’Hiroka, une camarade du collège. L’âme apprendra qu’elle
rentrait dans le même hôtel, accompagnée d’un adulte, que celui dont sa mère
sortait. Il y a Shoko, fille à lunettes timide et bègue, qui tente, en vain, de
sympathiser avec Makoto. Deux filles, l’une dont il est amoureux, l’autre qui
cherche son amitié. Il y a le cours de dessin où l’adolescent a peint un cheval
qui s’élève dans le ciel à moins qu’il ne sorte de l’eau. Deux visions
radicalement opposées sur la vision de la vie, l’une pessimiste, l’autre optimiste.
C’est un portrait cruel et désabusé que
dessine Colorful. Celui d’un ado
solitaire et triste qui vit une vie d’une grande banalité. Makoto n’a pas
d’amis et n’aime pas sa famille. On s’en doute, la rédemption va arriver avec
une meilleure compréhension de tous les autres personnages et d’abord de
lui-même, grâce à ses cours de dessin et grâce à l’amitié qui se crée avec
Saotome, un de ses camarades de collège, aussi jovial que Makoto est triste. Il
sera son ange gardien terrestre avec la disparition de Pura-pura. Mais avec une
animation souvent imprécise, le film dissipe ses bons sentiments dans une
narration nonchalante et sans surprise.
Colorful (カラフル, Japon, 2010)
Un film de Keiichi Hara avec les voix de Kumiko Asô, Keiji Fujiwara, Jingi Irie,
Michael, Akina Minami, Aoi Miyazaki, Akiyoshi Nakao, Katsumi Takahashi, Kazato
Tomizawa.
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