mercredi 31 juillet 2013

The Tricky master


The Tricky master marque la fin d’une époque dans la carrière de Stephen Chow puisque c’est avec ce film qu’il achève sa carrière de simple acteur. Désormais, il ne jouera plus que dans ses propres films. Compte tenu de sa faible participation au film, on peut se demander s’il n’a pas été obligé de finir son contrat avec la BoB de Wong Jing (la compagnie Best of Best, en toute modestie). Ses gags sont rares mais souvent très drôles, son jeu limité, et sa tenue le fait ressembler au chanteur Prince période Sign o’ the times, lunettes teintées arrondies et cheveux d’enfant sage. Stephen Chow est Master Wong (Wong Si-fu en VO), le « roi des filous ». Il est en prison et ses gardiens sont Tin Kai-man et Lee Siu-kei, qui sont au garde à vous devant lui.

Le véritable héros de The Tricky master est Leung Foon (Nick Cheung), jeune flic qui doit, comme dans les Fight back to school, surveiller sous couverture la fille d’un riche homme d’affaires menacée d’enlèvement. On retrouve l’habitude de Wong Jing de parodier les succès précédents des films plus ou moins récents. Ici entre autres, Mission impossible avec Tats Lau, le chef de la police, qui enlève son masque pour ensuite balbutier son dialogue dans son phrasé de semi-débile ou encore The Ring avec Sandra Ng, longs cheveux lui cachant le visage, qui sort de la télé que regarde Stephen Chow. Sans oublier, bien entendu, les références aux « héros » locaux de Stormriders au God of gamblers (car, on n’est jamais autant servi que par soi-même) ainsi que seconds rôles prestigieux (Ken Lo ou Law Jar-ying)

L’adversaire de Leung Foon est tout simplement Ferrari (Wong Jing, qui, avant chaque réplique, ricane sardoniquement). Le goût du cinéaste pour les résidences luxueuses, les belles voitures ainsi que les jolies femmes est à son comble. Cinéma publicitaire à l’extrême, la mise en scène de Wong Jing fait tout pour rendre son film luxueux et sexy. Gros plans en montage cut sur de jolies créatures à la plage, plan à la grue sur Ferrari qui arrive sous les applaudissements, l’acteur/producteur/réalisateur peut donc se permettre d’arborer de beaux costumes quand il écrase l’équipe olympique japonaise de ping-pong (oui, c’est un gag) face aux tenues et au brushing ridicules qu’arbore Leung Foon. Une veste composée de cartes, une chemise bariolée, des bouclettes aux bigoudis, rien n’y fait, Nick Cheung n’est pas un acteur comique.

Le film se veut également sexy avec l’arrivée de First Love (Kelly Lin), joli sourire mais espionne pour le compte de Ferrari. Leung Foon va tomber sous son charme mais il est marié à Pizza (Suki Kwan), au tempérament plus réservé. Il se trouve que Pizza est la sœur de Wasabi (Sandra Ng), sans doute dans un de ses rôles les plus ingrats de femme encombrante et humiliée par à peu près tous les personnages (Master Wong la jette régulièrement dans les meubles). Dans The Tricky master, les femmes n’ont pas de jolis rôles (cela dit les hommes sont tous des crétins, soyons honnêtes). Déjà, leurs noms sont stupides : First Love, Pizza et Wasabi. Pourquoi ? Puis, il vient à l’idée de Wong Jing de pousser encore plus la vulgarité avec l’apparition de Baat Leung-gam et son visage d’arriéré mental déguisé en femme. Il n’oublie pas d’armer Master Wong de trois concubines jouées par trois acteurs au physique ingrat.

Pourtant malgré cette description chargée que je viens de faire The Tricky master, certains gags sont très drôles. Wong Jing ne s’intéresse pas du tout à son histoire, la laisse vaguement se développer (on sait que Leung Foon gagnera malgré les tricheries de Ferrari, et à vrai dire on s’en moque). Il se contente de soigner les aspects comiques de ses personnages dégénérés, incapables de se plier aux règles communes, entre Master Wong qui refuse qu’on lui adresse directement la parole, Wasabi et sa peur de la richesse, Leung Foon et sa haine des jeux. Finalement, c’est dans ce genre de films que Wong Jing peut parvenir à convaincre, comme une sorte d’autoportrait d’une cinéaste lui-même décrié et considéré comme dégénéré pour ses navets apocalyptiques. Parfois, sous le navet s’avère être un film totalement jouissif.

The Tricky Master (千王之王2000, Hong Kong, 1999) Un film de Wong Jing avec Nick Cheung, Wong Jing, Tats Lau, Suki Kwan, Kelly Lin, Stephen Chow, Sandra Ng, Baat Leung-Gam, Ken Lo, Law Kar-ying, Lee Siu-kei, Tin Kai-man, Frankie Ng, Kingdom Yuen, Bowie Lau.

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