Pour
sa troisième contribution aux Zatoichi (Zatoichi
6 : Mort ou vif et Zatoichi
7 : La Lame), le cinéaste Kazuo Ikehiro retrouve le thème des
yakuzas qui veulent mettre la main sur un village. Zatoichi (Shintaro Katsu)
est guidé par le propre cheval de sa victime qui a eu la mauvaise idée de
l’affronter sur un pont. Pourtant, le masseur aveugle, en début de film était
allé prier les Dieux pour se repentir d’avoir tué tant de personnes. Il avait
juré qu’il irait faire un pèlerinage pour visiter les 88 temples de Shikoku,
l’île où se déroule Le Pèlerinage.
Le
cheval mène notre héros directement à la maison de son assaillant. Là, habite
Okichi (Michiyo
Ôkusu), la sœur de sa victime. Le jeune femme, étonnée de voir un visiteur
inconnu, lui donne un coup de couteau à l’épaule. Elle a bien compris qu’il a
tué son frère mais lui pardonne. Okichi lui explique ce qui se passe dans le
village, que son frère a été forcé par Tohachi (Isao Yamagata) d’aller
l’affronter, à cause d’une dette. Okichi soigne son invité et tous deux
sympathisent pendant la convalescence de Zatoichi.
Tohachi et ses hommes sont peut-être des
yakuzas féroces mais ce sont des rustres, habillés de haillons laissant
dépasser leur ventre et, surtout, comme le dit Okichi lors d’une de leur
rencontre, ils puent. Tohachi en est même fier mais il doit faire face aux
moqueries des villageois (dialogues ironiques et hilarants d’Okichi à son
encontre). Les yakuzas sont des cavaliers, donnant à certains moments un aspect
western tout à fait volontaire accentuée par la musique, les plans larges sur
les paysages et le soleil qui tape sur les crânes des personnages.
Zatoichi est blessé, et il le sera
plusieurs fois pendant le film, mais Okichi compte sur lui pour se débarrasser
des yakuzas. Les paysans menacés de voir leur terre et revenus volés sont du
même avis. Cependant, pour ne pas avoir à aider le samouraï aveugle, ils
annoncent accepter les conditions de Tohachi. Ils se prétendent incapables de
se battre. Ils espèrent surtout que Zatoichi fera le boulot à leur place.
Contrairement aux deux autres films de Kazuo Ikehiro, la réputation du masseur
rend lâches les villageois.
En ouverture de film, Zatoichi avait déjà
été mis à l’épreuve de la lâcheté. Dans le bateau qui l’amène à Shikoku,
personne n’ose s’opposer à un voleur arrogant. Dans la longue scène finale,
Okichi tente, en vain, de convaincre les paysans d’aider Zatoichi. Ils sont
enfermés chez eux, il se fait blesser par les sabres des yakuzas. Cette scène
d’action est extrêmement poignante, les cris de désespoir de Okichi au milieu
du silence de la bataille seulement coupé par les bruits des lames est le
meilleur moment du film et le plus émouvant des quatorze premiers films de la
série.
La
Légende de Zatoichi 14 : Le Pèlerinage (座頭市海を渡る, Japon, 1966)
Un film de Kazuo Ikehiro avec Shintarô Katsu, Michiyo Ôkusu, Kunie Tanaka,
Hisashi Igawa, Masao Mishima, Jotaro Senba, Ryûtarô Gomi, Isao Yamagata, Saburo
Date.
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