Tout
commence dans un petit patelin de la Chine Populaire. Trois amis (Chow Yun-fat,
Eric Tsang et Shing Fui-on) ont décidé de quitter illégalement leur patrie pour
s’exiler à Hong Kong. Mal dégrossis, le trio a une idée pour échapper aux
policiers des frontières armés et aux chiens féroces : se munir de crottes
de tigre qui feront fuir les chiens et leur perdre leur odorat. The Greatest lover débute dans un zoo
où le ton est donné : ils sont maladroits et incompétents mais dans un but
comique. On va rire de leurs aventures à Hong Kong.
Les
personnages sont éminemment caricaturaux, tout comme l’est le chef du village
(Yuen Wah) qui les surprend chez eux en train de préparer leur périple et qui
leur vole les vivres, les quelques dollars de Hong Kong et les couvertures. Il
s’agit bien entendu de grossir le trait des frères du continent, montrer la
corruption des édiles locaux, inscrire la pauvreté des habitants et affirmer
l’utopie que représente Hong Kong. Ils s’enfuient de nuit, à la nage et
arrivent sur les côtes de Hong Kong.
Wai
(Eric Tsang) et Chicken (Shing Fui-on) ne retrouvent pas Chui Chun (Chow
Yun-fat) et sont persuadés qu’il s’est noyé. Il n’en est rien. Il débarque
devant un riche hôtel, y pénètre, se sert de la nourriture et se cache derrière
un rideau. Chui Chun compare l’espace immense du lieu avec sa pauvre maison,
l’abondance des mets avec sa maigre pitance mais ne peut s’empêcher, par
réflexe, de critiquer cet esprit typiquement capitaliste et entonne des chants
communistes pour se remonter le moral.
La
situation de comédie de The Greatest
lover va se mettre en place quand Sze (Wong Ching) un riche homme
d’affaires est humilié en public dans cet hôtel par sa fiancée Nina (Nina Li
Chi) et sa meilleure amie Fei Feng (Pauline Wong), le jour de leurs
fiançailles. Pour se venger, il fait appel à Anita (Anita Mui), une styliste à
la mode qui enseigne les bonnes manières aux gens. On la voit, armée d’une
cravache, maltraiter la pauvre Sandra Ng pour lui donner des leçons de
maintien.
Avec
l’accord de Chui Chin, qui ne comprend pas tous les enjeux et la complicité de
ses deux amis qu’il a entre temps retrouvés, Anita va faire de ce plouc de
continental l’homme le plus raffiné de Hong Kong. Le film est une variation de My fair lady, Anita devient le
Pygmalion de Chui Chin. Elle a fort à faire vu qu’il se goinfre dès qu’il voit
de la nourriture, ne sait pas se déplacer avec élégance et dit tout ce qui lui
passe par la tête sans faire attention. Cette fois, ce sont les gens riches et
parvenus qui sont caricaturés à l’extrême avec le même résultat comique.
Là
encore, le duo comique entre Chui Chin et Anita fonctionne à merveille. Elle se
veut une grande dame qui change de tenues extravagantes à chaque scène (longues
robes de soirée aux couleurs vives, chapeaux dignes de ceux de la reine
d’Angleterre, peluche d’un lionceau accrochée à l’épaule). Anita Mui assume son
rôle de grande bourgeoise avec aplomb tout comme Chow Yun-fat joue
merveilleusement bien le benêt. La plus grande partie du film se déroule dans
un décor kitsch à souhait.
C’est
surtout l’abattage des interprètes qui permet à The Greatest lover de se laisser regarder jusqu’au bout. Anita Mui
en grande snob jetant son regard désapprobateur devant ce grand enfant qu’incarne
Chow Yun-fat. Les personnages se déguisent, hilarante scène où Anita Mui, Eric
Tsang et Wong Ching revêtent les habits de la maman, la tante et la grand-mère
de Chow Yun-fat pour tester les prétendantes. La romance, en fin de film, entre
Anita et Chui Chin est en revanche moins convaincante et plus conformiste.
The
Greatest lover (公子多情, Hong Kong, 1988) Un film de Clarence Ford avec Anita Mui, Chow Yun-fat, Eric
Tsang, Shing Fui-on, Elizabeth Lee, Nina Li Chi, Pauline Wong, Wong Ching, Wong
Jing, Sandra Ng, Rebecca Pan, Helena Law, Yuen Wah.
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