Le
nom Hollywood peut faire rêver. Mais à Hong Kong en 2001, Hollywood est
synonyme d’un ensemble d’immeubles d’habitations qui surplombent le quartier de
Tai Hom, l’un des endroits les plus pauvres de la ville. Les maisons de Tai Hom
ont des planches pour murs, des tôles pour toit et des habitants qui ne sortent
jamais de leur quartier pas même pour aller dans le centre commercial situé en
bas du Plaza Hollywood. Hollywood Hong
Kong est la chronique d’une poignée d’habitants de ce bidonville.
La
famille Chu travaille dans le cochon. Le père (Glen Chin), le fils ainé Ming
(Hoi Sai-nam) et le dernier Tiny (Leung Sze-ping) avec leurs impressionnantes
carrures ne passent pas inaperçus. Obèses tous les trois, ils transportent des
carcasses de porc sur leur épaules, puis commencent à dépiécer les bêtes, à les
badigeonner et à les faires rôtir dans leur vieux réchaud. Le générique
d’ouverture, avec malice, décline chaque participant au film (acteurs et
techniciens) en donnant leur nom à même la peau du cochon sous la forme d’un
tampon.
Un
beau jour, une jeune femme (Zhou Xun) arrive dans le quartier et s’adresse à
Tiny pour acheter un bout de viande. Elle s’appelle Hung Hung. Elle est
charmante. Son sourire enchante les trois membres de la famille Chu. Tiny lui
fait visiter le quartier, le père fantasme sur elle (la scène onirique de la
balançoire où Hung Hung debout fait voler sa robe) et couche avec Ming, tout
étonné qu’une fille si belle puisse s’intéresser à un gros garçon tout
transpirant comme lui.
Hung
Hung vient du nord. C'est-à-dire de Chine continentale. Elle parle parfaitement
cantonais. Elle est connue sous un autre nom, Tong Tong par Wong Chi-keung
(Wong You-nam), qui s’est lancé dans un site Internet de rencontres coquines. Elle
s’inscrit sur le site pour faire profiter de ses charmes. Keung, grand
maigrichon aux chemises hawaiiennes vit avec Lui (Debbie Tam). Leur relation
n’est pas simple. Keung se prend pour un homme d’affaires alors qu’il n’est
qu’un pauvre minable et qui déçoit sa copine.
La
première heure du film est tout en douceur et humour. Les personnages ont des
petits grains de folie. M. Chu a dans sa cour une truie qu’il appelle Maman. Il
la traite comme son épouse (la mère de ses enfants l’a quitté) mais Fruit Chan
ne se moque jamais de son personnage. Une voisine, médecin de profession mais
totalement délirante, tente de convaincre Chu d’inséminer l’animal avec du
sperme humain pour donner de jolis porcelets. On a l’impression qu’ils vivent
dans un tout autre monde.
De
la même manière, l’amitié entre Hung Hung et Tiny est filmé avec tendresse. Ils
jouent ensemble, elle fait mère de substitution, elle l’emmène dans la galerie
marchande. Elle mange avec bonheur les travers de porc rôtis par les Chu avant
de séduire Ming dans une scène pleine de sensualité. Elle caresse les plis de
gras du jeune homme qui, torse nu – sa tenue habituelle, fait cuire la viande.
Fruit Chan filme la misère sexuelle sans donner aucune valeur morale.
La
deuxième heure change de ton avec la révélation du rôle de Hung Hung dans le
récit. Elle n’est pas dans le quartier de Tai Nom pour mettre du baume au cœur
aux Chu mais pour une toute autre mission. Régulièrement, les habitants
reçoivent une lettre d’un certain Peter Chau, un homme qu’on aperçoit
uniquement dans sa luxueuse voiture). L’homme fait du chantage pour se
débarrasser des habitants et racheter leurs taudis. Le film prend un tour
presque horrifique avec une dénonciation de la malfaisance des promoteurs
immobiliers.
Hollywood
Hong Kong (香港有個荷里活, Hong Kong –
Japon, 2001) Un film de Fruit Chan avec Zhou Xun, Glen Chin, Ho Sai-man, Leung
Sze-ping, Wong Yau-nam, Debbie Tam, Wan Kam-li, Wu Wai-man, Koo Jun-na, Fong
Wai-hung, Chan Wai-keung.
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