Dans
ce deuxième volet sur la rétrocession de Hong Kong à la Chine, Fruit Chan
reconstitue les trois mois avant l'événement que toute la population attend.
Les signes, dès début avril 1997, sont là. Les petits drapeaux de Hong Kong,
rouges avec la fleur au centre, commencent à se répandre dans tous les coins,
Margaret Thatcher vient inaugurer le pont Tsing Ma qui relie la colonie
britannique au continent, les infos ne parlent que de cela. Pour Yin (Tony Ho) et ses amis, la rétrocession est une
catastrophe. Anciens soldats britanniques, ils se retrouvent désormais au
chômage.
Made in Hong Kong évoquait la fin de l’adolescence, The Longest summer est autour d'un
groupe de cinq adultes qui doivent trouver du travail. La séquence d'ouverture
les montre sur un radeau qui dérive au fil de l’eau, au bord d'une rivière,
attendant rien ou tout, jusqu'à ce que Yin arrive de l'autre rive, tel un
fantôme qui surgirait du passé. Le film questionne d’emblée cette idée d’une
ville à la dérive. Pourtant, tout le film pose la question de comment
accueillir le futur quand le passé est révolu, quand personne ne veut leur
donner du boulot et que tout le monde à la tête ailleurs.
Personne
ne lui donne de boulot à part Wing (Chan Sang), homme d’affaires un peu louche,
qui se rêve parrain des triades. Yin devient son chauffeur et c’est grâce à son
jeune frère Suen (Sam Lee), surnommé Chopstick (baguette en référence à son
grand corps tout maigre) qu’il a ce travail de larbin. Les deux frères ont un
tempérament radicalement différent. Suen est toujours bavard, vif, impulsif
quand son frère est posé, réfléchi et taciturne. Leur parent s’inquiète de la
dérive du cadet et espèrent que l’aîné prendra en main Suen. C’est l’inverse
qui va se produire.
Wing
a une fille, Jane (Jo Kuk), unique personnage féminin de The Longest summer. Les deux frères en vadrouille sur leur moto la
repèrent et la suivent dans une course poursuite qui constitue un moment de
quasi poésie avec des pointes d’humour. La jeune femme, étudiante, est une
rebelle qui ne compte pas se laisser draguer par les deux garçons. Yin tombe
pourtant sous son charme mais Fruit Chan a la grande intelligence de ne pas
tomber dans les clichés de cette romance qui n’aboutira jamais vraiment,
l’esquissant avec tendresse et humour, notamment avec le chien de Jane qu’ils
lui piquent un soir.
Les
amis de Yin sont convaincus par Suen de commettre un gros coup pour trouver de
l’argent facilement. Puisque les Britanniques vont se retirer de Hong Kong, ils
pensent pouvoir en profiter pour commettre un cambriolage dans la banque où
l’un d’eux est vigile. Les préparatifs sont longs et les apprentis cambrioleurs
peu compétents. Le film égrène les dates comme dans un compte à rebours fatal.
Suen, Yin et les autres comptent sur la confusion de la soirée de rétrocession
où la police sera occupée à surveiller le prince Charles qui va faire un
discours.
La
séquence du cambriolage est l’un des morceaux de bravoure du film. Filmé sous
une pluie battante qui accentue le sentiment d’angoisse, les sept amis ne sont
armés que de fusils factices, sauf Suen. Leur ami vigile est tué, la police
réplique et ils sont incapables d’obtenir de l’argent. Face à ces scènes
dramatiques, le film propose quelques moments plus légers. Yin va régulièrement
rencontrer sur son chemin un chauffeur de taxi irascible, trois lycéennes
effrontées ou un soldat écossais dont le kilt se soulève laisse apparaitre son
derrière, comme une ultime ironie en cette journée de rétrocession.
The
Longest summer (去年煙花特別多, Hong Kong, 1998) Un film de
Fruit Chan avec Sam Lee, Tony Ho, Jo Kuk, Gary Lai, Chan Sang, Pang Yick-wai,
Leung Yiu-wa, Bobby Lam, Wilson Ng, Robby Cheung, Jessica Lee, Yung Wai-yiu,
Chan Wai-pang, Mou Yu-kiu, Martin Lau, Lui Gam-ching.
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