mardi 30 octobre 2007

Paris je t'aime


Il faut commencer par préciser que le texte qui va suivre est écrit par un provincial, quelqu’un qui n’a jamais habité Paris. Ça ne l’empêche d’aimer Paris et surtout quelques quartiers et, comme bon nombre de passionnés de cinéma asiatique, le 13ème arrondissement et plus précisément la galerie marchande de l’avenue d’Ivry où se trouvent les magasins de DVD et VCD chinois, japonais et coréens. Là bas, il y a bien du choix et c’est un enchantement des yeux mais une punition pour le porte-monnaie.
Un sketch de Paris je t’aime se déroule dans ce quartier. C’est celui de Christopher Doyle. On ne présente plus cette légende vivante du cinéma de Hong Kong. Il est le chef opérateur des films de Wong Kar-wai depuis Nos années sauvages, des récents films de Peter Chan Ho-sun (Nouvelle cuisine et Perhaps love), entre autres. Doyle a réalisé un film en 1999 Away with words vu à Cannes et inédit en France. Récemment, il a fait partie du casting le plus peuplé (plus de 40 stars au générique) de McDull the alumni, gros succès au box office local.
Son sketch Porte de Choisy n’est pas le plus indispensable mais il est sans doute le plus fou. On y voit un marchand de perruques (Barbet Schroeder, le réalisateur de More, Le Mystère Von Bülow ou encore de Calculs meurtriers) qui cherche à entrer en contact avec Madame Li (Li Xin, folle furieuse irrésistible). On y voit l’escalator en panne (comme toujours), l’élection des 13 Miss Olympiades (toutes asiatiques bien entendu), un temple bouddhiste avec un bonze étrange, une chanson, des couleurs, et plein d’autres choses encore. Quelques minutes de bonheur. Les Chinoises revêtent des perruques blondes qui les font ressembler aux mannequins occidentales. Barbet Schroder s’appelle Monsieur Henny. Ai ni…
Le cinéaste japonais Nobuhiro Suwa a aussi tourné un sketch Place des Victoires. Juliette Binoche et Hyppolite Girardot sont deux parents qui viennent de perdre leur fils d’une dizaine d’années. Binoche sombre peu à peu dans la folie. Dans la nuit, Willem Dafoe apparaît sur un cheval et fait revenir le garçon pour un dernier voyage d’avant paradis. La mort, la vie, le désespoir, le souvenir, la maternité. Suwa recycle ses thèmes sans parvenir à émouvoir. Les derniers mots « merci Dieu » finissent de lasser.
Paris je t’aime est un film cartes postales produit par Claudie Ossard à qui l’on doit les films français de Jean-Pierre Jeunet. C’est donc une habitude chez elle de faire dans le politiquement correct. Paris je t’aime est une merveilleuse publicité pour Paris où les touristes se promènent tranquillement et où les minorités ethniques semblent à peine exister. Gurinder Chadra filme une jeune musulmane voilée, par choix, qui tombe amoureuse d’un joli rouquin qui va l’attendre à la Mosquée. Olivier Schmitz filme un crime Place des Fêtes entre des petites frappes et un Black amoureux d’une Black. Walter Salles et Daniela Thomas (Central do Brasil) réussissent le plus beau sketch où une brésilienne de banlieue doit laisser son nourrisson à la crèche pour s’occuper du bébé d’une bourgeoise du 16ème : économie de moyens, de dialogues mais grande force d’expression.
Au cas où vous voudriez (re)voir ce Paris je t’aime qui dure tout de même deux heures, sachez que les sketchs ne sont pas tous de la meilleure qualité. Ceux q’on aime sont ceux de Gus Van Sant (Le Marais), une histoire de drague entre un Français et un Américain. Celui d’Alexander Payne, auteur de l’alcoolisé et excellent Sideways (14ème arrondissement) où une sympathique Américaine passe cinq jours de tourisme à Paris en solo. Son problème est qu’elle n’a personne à qui dire combien Paris est une belle ville. Et enfin le sketch des frères Coen (Tuileries) avec Steve Buscemi qui lit un guide pour touristes particulièrement farfelu. Pour amateur de court métrage à chute uniquement.
En revanche, on a détesté le sketch de Sylvain Chomet auteur de l’atroce Triplette de Belleville où des mimes nous font nous rappeler la haine d’Alain Chabat pour cette corporation d’artistes dans La Cité de la peur et nous la fait partager. Vincenzo Natali, réalisateur de Cube essaie de nous refaire Sin City avec un Elijah Wood victime d’une vampire. Fichtre, il y a des vampires dans le quartier de la Madeleine. Quant au cinéaste allemand Tom Tykwer, il n’a pas modifié sa mise en scène tape à l’œil depuis son énervant Cours Lola cours. Pauvre Nathalie Portman, elle mérite mieux que ça. Enfin, Olivier Assayas filme Maggie Gyllenhal à la recherche de shit. Passons ! Paris je t’aime est un objet gentil, comme dirait Luc Besson. Pas du tout indispensable. Bien au contraire.
Générique de Paris je t’aime :
MONTMARTRE de Bruno Podalydès. Avec Florence Muller, Bruno Podalydès. QUAIS DE SEINE de Gurinder Chadha. Avec Leila Bekhti, Cyril Descours. LE MARAIS de Gus Van Sant. Avec Marianne Faithfull, Elias McConnell, Gaspard Ulliel. TUILERIES de Joel et Ethan Coen. Avec Steve Buscemi, Julie Bataille, Axel Kiener. LOIN DU 16EME de Walter Salles et Daniela Thomas. Avec Catalina Sandino Moreno. PORTE DE CHOISY de Christopher Doyle avec la collaboration de Gabrielle Keng Peralta et Rain Li. Avec Barbet Schroeder, Li Xin. BASTILLE de Isabel Coixet. Avec Sergio Castellitto, Miranda Richardson, Leonor Watling. PLACE DES VICTOIRES de Nobuhiro Suwa. Avec Juliette Binoche, Willem Dafoe, Hippolyte Girardot. TOUR EIFFEL deSylvain Chomet. Avec Paul Putner, Yolande Moreau. PARC MONCEAU de Alfonso Cuaron. Avec Nick Nolte, Ludivine Sagnier. PIGALLE de Richard LaGravanese. Avec Bob Hoskins, Fanny Ardant. QUARTIER DES ENFANTS ROUGES de Olivier Assayas. Avec Maggie Gyllenhall, Lionel Dray. PLACE DES FETES de Olivier Schmitz. Avec Aissa Maiga, Seydou Boro. QUARTIER DE LA MADELEINE de Vincenzo Natali. Avec Elijah Wood, Olga Kurylenko, Wes Craven. PERE-LACHAISE de Wes Craven. Avec Emily Mortimer, Rufus Sewell, Alexander Payne. FAUBOURG SAINT-DENIS de Tom Tykwer. Avec Natalie Portman, Melchior Beslon. QUARTIER LATIN de Gérard Depardieu et Frédéric Auburtin. Avec Gérard Depardieu, Gena Rowlands, Ben Gazzara. 14EME ARRONDISSEMENT de Alexander Payne. Avec Margo Martindale.

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