mardi 13 novembre 2007

Les 18 armes légendaires du kung-fu


C’est toute la famille Liu (ou presque) qui s’affronte dans Les 18 armes légendaires du kung-fu. Liu Chia-liang, réalisateur, s’y attribue également le rôle principal. Lau Kar-wing, alias Bruce Lau, son frère de sang y est un de ses ennemis. Enfin, Gordon Liu, son frère adoptif, un campe un moine fanatique dévoyé par un kung-fu sanguinaire. Avec dix-huit armes à leur disposition, il est facile d’imaginer que la surenchère dans les combats sera de la partie.

Les 18 armes légendaires du kung-fu arrive dans une période peu faste. Les films de kung-fu ont lassé un public qui se tourne désormais, en 1982, vers la comédie pure (Chow Yun-fat, Mak Kar, Wong Jing ou les frères Hui en sont les meilleurs représentants) ou vers le polar urbain (Samo Hung et Jackie Chan abandonnent les kung-fu pian). De plus, pour s'assurer une plus grande popularité, les films de la Shaw Brothers sont désormais tournés en cantonais. Mais la lassitude est là. Les décors en carton pâte mythiques, mais néanmoins kitsch, de la compagnie n'intéressent plus les spectateurs de Hong Kong. C'est le chant du cygne de la comédie kung-fu.

Ainsi le scénario des 18 armes légendaires du kung-fu sera un des plus lâches des films de Liu. A vrai dire, l'histoire n'a plus guère d'importance. Ce qui compte désormais pour lui est de produire un véritable festival d'art martial. Et ici, le spectateur y est particulièrement servi. Alors que le genre a été dénaturé par une volonté commerciale des studios hongkongais, Liu revient à la base même du kung-fu. Il stigmatise dans Les 18 armes légendaires du kung-fu ceux qui ont trahi le genre : la secte des Maoshan symbolise un escadron de combattants manipulés comme des marionnettes, devenus sans âme et qui luttent jusqu'à la mort. Gordon Liu en est l'un des chefs. Il pense pouvoir résister aux armes à feu par le seul pouvoir de concentration.

La mise en scène de Liu Chia-liang est cependant au diapason de l'intransigeance de cette secte, montrant sans vergogne des combats d'une rare violence qui contraste d'autant plus avec les moments de comédie qui ponctuent Les 18 armes légendaires du kung-fu. Ces instants comiques sont essentiellement l'œuvre de Alexander Fu-sheng qui joue un escroc de petite envergure se faisant passer pour Lei Gong (Liu Chia-liang, lui-même) que tout le monde recherche pour avoir le secret des ces fameuses dix-huit armes. De manière burlesque, Fu-sheng simule un combat qui n'est pas sans rappeler le début Prodigal son de Samo Hung réalisé quelques semaines avant Les 18 armes légendaires du kung-fu et où un fils de bonne famille était persuadé d'être un expert en art martial. Bien entendu, pour le bonheur de tous, Fu-sheng sera pris à son propre jeu et les vrais maîtres Shaolin auront raison de lui. D'autres moments très triviaux auront lieu, comme un combat dans une fosse septique.

Sans dévoiler la fin des 18 armes légendaires du kung-fu qui met en scène un fabuleux combat entre Liu Chia-liang et Lau Kar-wing, il est difficile de résister au plaisir de donner les noms des armes avec lesquelles ils s'affrontent : dard à corde, crochet protège-main, massues jumelles, hache bipenne, hallebarde serpentine, hallebarde lourde, sabres jumeaux, épée, sabre, lance frangée, triple fouet (en fait un nunchaku), poignards jumeaux, béquilles jumelles, hallebarde en croissant de lune, bâton, trident, bouclier de rotin, sabre feuille de saule et enfin bâton articulé. Et tout se termine à mains nues. Mais, vous me direz : il y a dix-neuf armes dans cette liste... Alors, laquelle n'est pas une arme légendaire du kung-fu ? Cela, Les 18 armes légendaires du kung-fu ne le dira pas.

Les 18 armes légendaires du kung-fu (Legendary weapons of China, 十八般武藝, Hong Kong, 1982) Un film de Liu Chia-liang avec Liu Chia-liang, Gordon Liu, Lau Kar-wing, Fu Sheng, Kara Hui

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